En 2020, l’agence PNG (Pedro Petit, Nicolas Debicki, Grichka Martinetti), associée à Julien Boidot, Emilien Robin et l’Atelier des Cairns (Jérémy Huet), a livré à Neuvecelle (Haute-Savoie) la réhabilitation et construction d’un pôle multi-services. Le défi était celui de l’intégration d’un équipement devant répondre à des besoins multiples. Communiqué.
Le programme (3220 m² SU ; 7,57 M€ HT) commandait une école maternelle (6 classes), une école élémentaire (9 classes), une salle périscolaire, une bibliothèque, un gymnase, un restaurant scolaire et un parking public.
« Face aux enjeux d’un tel projet, une réponse générique aurait été de concevoir un bâtiment signal. Nous avons proposé un équilibre entre pleins et vides, entre affouillements et ruissellements », explique PNG.
Habiter le rivage du Lac Léman
Le programme d’équipements proposés pour le site de Milly était dense, complétant considérablement l’occupation de la parcelle existante. La diversité des différentes entités du programme offre l’opportunité d’occuper l’intégralité de la parcelle, dont les accès seraient multipliés depuis chaque rue, et d’étager les constructions au lieu de les rassembler en un seul et même lieu.
Ce choix assumé de réaliser plusieurs ouvrages étalés sur la parcelle permet au projet proposé d’établir un rapport plus doux avec l’environnement urbain immédiat.
Une famille de bâtiments
Les bâtiments proposés forment une famille plus qu’une collection. Parenté de pentes de toitures, variations de teintes, parenté d’ouvertures, de gabarit, les ouvrages se répondent sans être totalement similaires.
Composés sur des trames communes, tantôt pleins et tantôt très vitrés, ils laissent transparaître un peu de leurs usages, en fonction de l’intimité recherchée.
Transformer l’existant
Le projet valorise les bâtiments d’école existants dans leur transformation. Même s’il n’a pas de valeur patrimoniale particulière, le patrimoine existant sur la parcelle est respecté pour ce qu’il est : un legs, une construction à transformer.
Le bâtiment de l’école maternelle est complété de deux extensions pour les nouvelles classes tout en déposant l’extension de 1989. Cela s’inscrit dans une logique de réemploi des espaces et des constructions.
« En évitant tout effet de pastiche, nous avons cherché un dialogue courtois avec le passé par des effets d’analogie et de contraste », souligne PNG.
Distribution et ouverture publique
Le placement des programmes et leur imbrication dans la pente ont été pensés pour le potentiel usage intérieur et les relations que chaque équipement pourrait tisser avec le voisinage et les rues existantes. Ainsi le projet propose que chaque programme ait son entrée différenciée sur la parcelle en profitant de la position insulaire de cette parcelle.
Côté sud, le placement des programmes ouverts à un plus grand nombre d’habitants de la commune raccroche la parcelle à l’espace public existant. Gymnase, bibliothèque, maison des associations et jardin linéaire requalifient le bord de la départementale et raccrochent la parcelle à la commune.
Le chemin couvert
La ville s’invite par le tracé d’une liaison intérieure d’est en ouest. Cheminant successivement sous les différents débords de toiture des bâtiments, elle est couverte. Ce cheminement se transforme également en préau dans les différentes cours traversées.
La restauration, le gymnase et la bibliothèque sont accessibles aux enfants par ce cheminement associé à un unique ascenseur. La disposition des pleins et des vides ménage des vues vers le grand paysage à la fois depuis la ville et les équipements qui occupent la parcelle dans sa profondeur à l’image du tissu existant.
Cette circulation protégée profite des différents cadrages offerts par cette alternance, rythmant ainsi naturellement la journée entre lecture, plein air et repas.
Le partage, les dilatations
La disposition des équipements favorise de riches interactions entre les programmes et les espaces extérieurs. Une organisation en damier de plein et de vide génère une qualité paysagère par la création de patios et de cours intérieurs multifonctionnels protégées des vents dominants.
Le talus est utilisé pour installer des toboggans, vergers, gradins, potagers en terrasse et autres usages informels. Cours, talus enherbés, patios donnent une large co-visibilité entre les écoles.
Depuis leurs fenêtres, depuis le chemin couvert, les enfants de l’école maternelle voient leur future école élémentaire et se mêlent ponctuellement aux grands. De même la crèche et l’accueil des personnes âgées sont disposés dans le même bâtiment pour faciliter un échange intergénérationnel.
Banalité suburbaine
Les espaces de la banalité ordinaire recèlent de multiples ressources que l’architecture contemporaine est à même de révéler. En cela le dessin de la transformation des constructions existantes et de l’émergence de nouveaux bâtiments a découlé d’une étude des architectures montagnardes vernaculaires en lien avec leur territoire, dont il respecte l’archétype.
En s’éloignant du geste purement formel et potentiellement bavard, le projet invite à poser un nouveau regard sur la condition urbaine du secteur de Milly en Neuvecelle, en tentant de lui redonner une dignité.