Organisé par La Table Ronde de l’Architecture, le Prix européen d’architecture Philippe Rotthier, doté de 40 000€, récompense l’architecture vernaculaire. Inscription jusqu’au 30 avril 2024.
À l’heure où l’architecture est sommée de se réformer pour adopter des méthodes plus écologiques, plus proches des habitants et plus conformes à l’identité de nos régions – en un mot : à l’heure où l’architecture est sommée de devenir plus humaine –, nous assistons au retour salutaire de l’architecture vernaculaire.
L’architecture vernaculaire, une architecture par les habitants, pour les habitants n’est rien moins qu’un art de bâtir ingénieux que des générations de bâtisseurs se sont échinées à trouver pour vaincre les dangers et les intempéries avec le peu de ressources dont ils disposaient. Pas question, jadis, de gaspiller la moindre brique ou la moindre goutte de mortier de chaux, tant les matériaux étaient précieux. « Tout est bon dans le cochon », dit la vieille formule paysanne, signalant que le gaspillage était absolument étranger à l’économie des sociétés anciennes.
Leur architecture est à l’image de cette philosophie parcimonieuse : les matériaux proviennent des environs immédiats du chantier, les techniques de mise en œuvre sont adaptées aux conditions climatiques particulières de sorte à ce que le bâtiment vive avec son milieu et traverse le temps, et même les artisans sont souvent issus du voisinage et ont le goût et l’amour de la terre où ils travaillent. Ce noble travail de fourmi, loin des projecteurs qui entourent les superstars de l’architecture contemporaine, mérite infiniment d’être salué.
Grâce à ses techniques constructives exemplaires, en murs pleins de pierre, de terre ou de brique, l’architecture vernaculaire possède d’excellentes propriétés thermiques, tandis qu’elle régule naturellement l’hygrométrie grâce à ses matériaux perspirants et sa ventilation naturelle transversale. L’énergie grise liée à sa construction s’en trouve infiniment réduite. Et si après de nombreuses générations d’occupants le bâtiment venait à être abandonné, au lieu de se décomposer péniblement en contaminant les sols alentours, l’architecture vernaculaire revient à la terre d’où elle provient.
Il semblait, depuis plusieurs décennies, qu’en dépit de ses innombrables qualités écologiques, l’architecture vernaculaire était au bord de l’extinction. Ses savoir-faire se perdaient et la main d’œuvre venait à manquer. C’est pourquoi, pour la remettre à l’honneur, la Fondation pour l’Architecture décernera en 2024 le Prix Européen d’Architecture Philippe Rotthier.
Un total de quarante mille euros seront alloués à un ou plusieurs artisan(s), architecte(s) ou bâtisseur(s) ayant fait preuve de sensibilité et de respect pour son environnement, usé(s) de matériaux naturels et de techniques éprouvées pour construire dans le respect de la tradition millénaire de l’architecture. Ce prix sera l’occasion de faire redécouvrir des solutions d’écologie réelle et enracinée qui, loin des demi-mesures et des contrefaçons, doivent permettre à l’architecture de remplir sa mission principale : durer.
C’est à ce prix que l’on fera une véritable architecture écologique, une architecture qui procède d’une longue sédimentation historique et qui dans le paysage naturel semble être le fruit même de la géologie, qui s’acclimate, qui s’accoutume, qui n’interrompt pas la course du vent, ni de la pluie, qui ne craint pas les intempéries et qui comme le roseau plie mais ne se rompt pas.
Les dossiers de candidature doivent être envoyés à La Table Ronde de l’Architecture asbl, à l’attention de Nadia Everard, 13 Sint Annarei 8000, Bruges, Belgique et par courrier électronique : contact@rotthierprize.com
Pour plus d’informations sur le Prix Européen d’Architecture Philippe Rotthier et s’inscrire : https://www.rotthierprize.com/
Jusqu’au 30 avril 2024.