L’objectif principal des travaux d’aménagement du Théâtre Jean Vilar de Suresnes (Hauts-de-Seine), confiés à l’architecte-scénographe Igor Hilbert, était de rendre cohérents les espaces intérieurs. Livrés en février 2020, ils ont permis d’agrandir et d’homogénéiser le plateau pour l’adapter aux contraintes et exigences des spectacles actuels de danse, de musique et de théâtre. Communiqué du maître d’ouvrage.
Après neuf mois de travaux de rénovation, de mise aux normes et de réaménagements de la scène et de l’avant-scène de la salle Jean Vilar, des coulisses et du foyer des artistes, le Théâtre de Suresnes Jean Vilar a rouvert ses portes au public en février 2020.
Situé dans la Cité-jardins de Suresnes, dans la partie haute de la ville, le Théâtre Jean Vilar, dont la construction remonte à 1938 et qui fut, à l’origine, conçu comme un centre de loisirs avec une grande salle de spectacle de 1 200 places, rénovée une première fois en 1990, a été fermé à la mi-avril 2019 pour une période de neuf mois de travaux de réaménagement, de mise aux normes et de modernisation de la scène et de l’arrière-scène, foyers, loges et coulisses compris.
Ces travaux, décidés en mai 2018, étaient rendus nécessaires afin d’adapter le Théâtre aux nouvelles exigences techniques des spectacles contemporains qu’il souhaite accueillir ou produire, de développer dans les meilleures conditions l’activité artistique et l’accueil du public, et de réaffirmer la place et le rayonnement du Théâtre de Suresnes Jean Vilar dans le paysage culturel francilien et national.
Débutés fin avril 2019, les travaux ont été menés sous la maîtrise d’oeuvre de la Ville de Suresnes. La scénographie de l’ensemble du projet de rénovation a été confiée à l’architecte-scénographe Igor Hilbert.
Un chantier répondant aux contraintes architecturales du bâtiment
Inauguré le 27 mars 1938, l’actuel Théâtre de Suresnes Jean Vilar est l’oeuvre de l’architecte Alexandre Maistrasse (1860-1951), dans le cadre de l’aménagement de la Cité-jardins impulsé dès 1919 par Henri Sellier, maire de Suresnes de 1919 à 1941.
S’inspirant des choix monumentaux de façade et du style Art déco du palais de Chaillot réalisé l’année précédente pour l’Exposition universelle de 1937, Alexandre Maistrasse propose un bâtiment scandé par l’alternance de piles de briques et des décors de ferronnerie.
Il conçoit un fronton orné de mascarons évoquant le théâtre antique et qui surmonte l’ensemble. Il est confié au sculpteur René Letourneur (1898-1990) l’ornementation par bas-reliefs des entrées latérales. Choisissant une iconographie originale pour l’époque, il réalise des allégories de la gravité, de l’amour ou du geste.
L’intérieur de l’édifice réalisé par Maistrasse est conçu comme un «vaste centre de loisirs où les salles de réunion et de répétitions se déploient sur l’ensemble du bâtiment comme autant d’annexes de la grande salle de spectacle».
Les travaux de rénovation de 1990 comme ceux de 2019 n’apportent aucune modification à l’enveloppe architecturale du bâtiment.
Le chantier actuel s’est trouvé confronté à la structure et à la configuration internes anciennes avec poutres cachées et des murs porteurs qui limitaient les espaces de la scène et de l’arrière-scène. En effet, à sa création, la scène était de petite dimension, dix mètres de large sur sept mètres de profondeur.
En 1990, une première réhabilitation du bâtiment, classé à l’inventaire des Monuments Historiques, et une modernisation de la salle afin de la rendre plus confortable pour le public et d’améliorer son acoustique a été réalisée : le balcon est supprimé et la salle, réduite à 650 places, est aménagée en gradins. Afin d’agrandir la scène, une avant-scène est construite. Mais avec ses désormais 14,5 mètres de mur à mur, le plateau reste de dimension modeste, avec peu d’entrées de scène pour les artistes, peu d’espaces pour les coulisses et pour le stockage des décors. L’augmentation de la surface de la scène demandait donc le déplacement de ces murs porteurs qui, par ailleurs, empêchaient des entrées de scène adaptées.
Les murs porteurs initiaux latéraux de la scène ont été cassés. Pour conforter la structure d’ensemble du Théâtre Jean Vilar, quatre nouveaux poteaux ont été placés ainsi qu’une vingtaine de poutres en béton. Le plateau est désormais homogène entre l’avant et l’arrière-scène avec une ouverture au cadre de 13m, une profondeur de 14m et 22m de mur à mur. Par ailleurs, le plancher entièrement refait offre un accès facilité aux dessous de scène. Huit «rues» permettant les entrées et sorties de scène des artistes sont aménagées. La surface de cette nouvelle scène, constituée d’un seul et même espace, est ainsi multipliée par presque trois arrivant à une superficie de 289 m².
Ces travaux de réaménagement ont été l’occasion de repenser et de moderniser toute la machinerie scénique. Celle-ci est entièrement électrifiée et informatisée. Pour réaliser cette informatisation de l’appareillage technique, la structure qui constitue le plafond de scène et les passerelles d’accès des techniciens (le gril) a été complètement refaite.
Igor Hilbert choisi par la ville est architecte/scénographe. Ancien directeur de scène du Centre dramatique national de Bourges et du Théâtre national de Nice, Igor Hilbert a fondé, en 1969, un BET de scénographie. Il a participé à la maîtrise d’oeuvre de nombre de Théâtres ou Zénith, en France et à l’étranger.