Chronique d’un voyageur à Tokyo, une promenade légère et sensible qui nous rend Tokyo plus proche et moins désincarnée. La distance dans les photos de Pierre L’Excellent n’est pas de la réserve mais de l’affection.
Dans les méandres de la ville infinie, j’ai laissé mes pas me conduire vers des rencontres fortuites. Sans chercher d’autres histoires que celles qu’inventerait ce cheminement, rue après rue. J’ai parcouru ces lieux au hasard en les questionnant du regard, pour découvrir ce qu’ils me raconteraient.
D’îlots en quartiers, les tissus hétéroclites façon patchwork de la mégalopole japonaise m’ont montré la beauté de ces enchevêtrements d’échelles bâties. Là, les boulevards colorés aux taxis pressés que les métros enjambent, où piétons et cycles attendent leur tour patiemment devant de larges passages cloutés. Là, les enseignes de toutes tailles dont les couleurs criardes s’additionnent aux signalétiques urbaines. Là, le soleil qui se fraye un chemin jusqu’au sol, réfléchi par le verre des gratte-ciel.
J’ai déambulé sans en planifier le parcours, juste avec le plaisir de découvertes successives pour m’orienter. Dans ce voyage improvisé, chaque croisement invite l’histoire vers de nouveaux chapitres. Dans une ville à l’éventail si large, il serait facile de prévoir en amont les lieux emblématiques dont nous pouvons découvrir avec plaisir les innombrables photographies sur la toile. À raison car ils sont souvent magnifiques, j’en ai moi-même visité. Le plaisir d’y arriver, leur grandeur, n’en sont que plus importants lorsqu’enfin ces exceptions émergent d’un contexte bien différent.
Mais comme pour celle que j’habite, je trouve dans les villes que je visite des intérêts qui dépassent le spectaculaire. J’aime parcourir les lieux plus modestes où vivent et travaillent ceux qui les pratiquent, où l’histoire de ces quartiers s’écrit dans un langage qui lui est propre. À Tokyo, ces ruelles recouvertes d’enchevêtrements de fils, bordées de maisons discontinues où temples et cimetières ont gardé leur place et où les immeubles se sont invités, sont autant de témoins de la culture japonaise.
Alors je me fais happer par le spectacle de ce quotidien et laisse mes sens me guider. Certains lieux sont juste traversés, tandis que d’autres m’imprègnent plus longuement de leurs situations et ambiances particulières. Témoins de ces passages, les photographies rythment par leurs déclenchements les endroits qui s’y prêtent.
À travers ces images glanées aux parfums d’errances, laissez-moi vous inviter à la marge des plus beaux livres de cette ville. Sur l’envers des cartes postales j’ai choisi d’écrire ce récit. Non pour un culte de la différence mais pour raconter un voyage qui m’est propre, loin de l’uniformisation du tout connecté, tout planifié, où les notations tout azimut ont remplacé bonnes et mauvaises surprises. Cette histoire que je vous raconte, c’est celle de se plaire à se perdre.
Pierre L’Excellent
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