En architecture, lorsqu’il est conçu consciemment, le chemin est un élément fondamental du récit de l’utilisation de l’espace. Chronique-photos d’Erieta Attali.
En tant que photographe, je ne construis pas d’installations. Pour autant, le chemin est un élément du paysage également très présent dans les constructions de land art. Les sentiers me permettent de communiquer à la fois le caractère physique du processus de photographie en extérieur et la nature séquentielle des itinéraires que je dois suivre à pied, souvent sur des dizaines de kilomètres et en portant un lourd matériel photographique.
Le chemin raconte des passés et des futurs possibles : il peut s’agir de la manière dont le spectateur accède au paysage ou de la manière d’en sortir. Pour moi, cela signifie souvent la prochaine destination, le prochain tournant d’un voyage pour atteindre les limites toujours changeantes de mes géographies personnelles.
Les sentiers sont, tels des objets, des marqueurs temporels distinctifs, décrivant de manière très claire, quoique non verbale, le modèle d’utilisation d’un espace donné et la trace temporelle accumulée de cette utilisation. Dans la nature, le chemin est – généralement mais pas toujours – le résultat érosif de la présence humaine : il nous transforme en un autre processus naturel entropique, nous connectant ainsi au paysage à un niveau plus profond.
En architecture, lorsqu’il est conçu consciemment, le chemin est un élément fondamental du récit de l’utilisation de l’espace. S’engager dans ces voies architecturales me permet d’aborder l’expérience spatiale continue de la vie avec et dans l’architecture, au lieu de produire une image statique et muette.
Si l’on considère le processus de montage comme l’application d’une grammaire visuelle afin de composer des récits, alors les chemins fonctionnent comme des verbes. Ils relient les autres éléments ; les noms ou personnages des récits visuels à travers l’action et le mouvement.
Erieta Attali
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