En mars 2016, ce jury a décerné 12 Prix : neuf prix dans les quatre catégories (Habitat Individuel ; Habitat Collectif ; Lieux d’Entreprise ; Equipements Publics) et trois Prix Spéciaux. Le jury a récompensé des projets complets qui allient qualité architecturale, intégration réussie dans un environnement et équilibre esthétique, «au travers d’applications créatives et valorisant les solutions de VMZINC» bien sûr. Présentation des lauréats.
Habitat individuel – Lauréat CASA GOLF, Hondarribia (Espagne)
Agence d’architecture : REHABITE (Enrique Echeverria Lecuona, Aritz Berastegui Aizpurua, Josu Laguardia Iginitz)
Pour ne pas dénaturer le paysage dans lequel la maison s’inscrit, l’agence espagnole REHABITE a choisi de construire un habitat à l’image d’un roc qui s’intègre harmonieusement au site naturel.
Les architectes ont conçu cette maison pour un couple et leur enfant, sur les pentes du Mont Jaizkibel, au Pays Basque espagnol. Ils sont parvenus à concilier deux intentions contraires, l’idée d’un bloc massif qui aurait surgi du sol, évocation de la pierre et des forces telluriques, et celle d’une construction légère, cherchant à peser le moins possible sur la nature.
Le site est intimidant. La parcelle se trouve en bordure d’un terrain de golf, loin des extensions urbaines de la ville voisine Hondarribia. Elle jouit surtout d’un panorama imprenable, ouvert sur la mer, la nature, la ville d’Hendaye et la rivière Bidassoa, qui sépare la France de l’Espagne.
La maison évoque les architectures mobiles du container, de la caravane ou de la capsule spatiale, tant elle semble juste avoir été posée à même le sol. Des travaux de nivellement, réalisés lors d’un premier aménagement, ont permis d’obtenir un sol relativement plat. La qualité du terrain a déterminé l’implantation de la maison et ses partis-pris structurels. La suite parentale est ainsi entièrement en porte-à-faux, à quelques dizaines de centimètres au-dessus d’un sol remblayé sur trois mètres de profondeur. Le reste de la structure a été réalisé en parpaings, avec quelques subtilités permettant l’installation de fenêtres d’angle ouvrant sur l’horizon.
Habitat collectif – Lauréat Résidence Canopée, Eco-quartier Ginko, Bordeaux (France)
Agence d’architecture : Brochet Lajus Pueyo ; Nicolas Merlo
Pensé tel un signal urbain dans le nouvel éco-quartier Ginko de la métropole bordelaise, l’immeuble Canopée s’insère dans un vaste îlot composé de six bâtiments déclinant plusieurs typologies. Il se distingue par le contraste de matériaux, opposant le blanc du béton à l’anthracite du zinc prépatiné.
Aménagé suivant la procédure de la ZAC (Zone d’Aménagement Concerté), ce secteur de 32 hectares est aussi le premier éco-quartier labellisé de l’agglomération. Dans un ensemble de 119 logements répartis entre six bâtiments, l’agence Brochet Lajus Pueyo a réalisé une petite tour qui occupe une position stratégique à l’angle de la parcelle, en bordure d’un canal. L’immeuble bénéficie de deux façades principales orientées vers cette voie d’eau et vers le parc. Placé dans une situation privilégiée, il sert également de signal à l’échelle du quartier. Les architectes l’ont pensé comme un totem, un volume creusé dont les grandes loggias encadrent ponctuellement des logements en duplex.
Pour renforcer l’effet sculptural, des cassettes en zinc ont été placées en second plan afin de créer un contraste avec la coque de béton blanc. Outre la teinte, c’est l’aspect qualitatif et non industriel de ce matériau qui a déterminé le choix des architectes.
Lieux d’entreprise – Lauréat The 82 Bank Learning Center, Nagano (Japon)
Agence d’architecture : NIKKEN SEKKEI LTD (Masanori Yano, Yuka Haginawa)
Coiffant le centre de formation de la Banque 82, des toitures en zinc tracent une frontière poreuse entre ville et nature, en accord avec les convictions environnementales du maître d’ouvrage.
Nagano est la cité d’origine de la Banque 82, dont la particularité est de se revendiquer «banque écologique». Son centre de formation, inauguré pour célébrer le 82ème anniversaire de la société, se devait de refléter cette particularité. Il est construit sur un terrain qui borde une réserve forestière, assurant la transition entre le milieu urbain et la montagne.
Le projet réalisé par l’agence NIKKEN SEKKEI concilie architecture iconique et respect de l’environnement. Avec pour point de départ la préservation de tous les grands arbres existants sur la parcelle, les architectes ont fragmenté le centre en deux entités principales. Elles sont identifiables à leurs toitures principales qui intègrent deux grands plans inclinés rectangulaires pliés dans leur diagonale.
Ces couvertures de zinc se retournent en façade, définissant les nouvelles limites de l’urbanisation. Des toitures secondaires signalent l’entrée et les zones administratives. Les deux bâtiments majeurs accueillent les chambres du personnel en formation et les salles de cours.
Equipements publics – Lauréat Musée des Beaux-Arts, Oviedo (Espagne)
Agence d’architecture : Mangado y asociados S.L (Francisco Jose Mangado Beloqui)
La métaphore de couture urbaine est souvent utilisée pour décrire les opérations de construction en centre-ville. Le musée des Beaux-Arts d’Oviedo en est un parfait exemple tant l’intervention de l’agence Mangado y asociados S.L s’attache à redonner une cohérence à une institution disséminée dans un îlot au coeur de la cité asturienne.
L’autonomisation des provinces espagnoles, après la chute du franquisme, engendra la création d’équipements institutionnels permettant d’incarner le nouveau statut des régions. Bien qu’imaginé dès 1969 par le gouvernement provincial et la mairie, le Musée d’Oviedo, issu de cette vague décentralisatrice, est inauguré en 1980. Pour s’agrandir, le musée s’est porté acquéreur de cinq immeubles contigus, malgré les contraintes que cela suppose : bâti étroit et morcelé entre plusieurs propriétaires, présence de vestiges archéologiques, etc.
La restructuration de l’ensemble fut attribuée par concours, en 2007, au Navarrais Francisco Mangado qui avait déjà réalisé de nombreux équipements culturels dans toute l’Espagne. La vétusté des édifices a impliqué une refonte totale. Seules les façades ont été conservées. Elles deviennent une sorte de texture, une matrice à laquelle se connecte ou non la nouvelle façade. L’architecte exploite ce décalage par l’ajout de cadres réfléchissants, qui offrent des vues inédites sur la ville tout en produisant des reflets brouillés. Pour renforcer cet effet de flou, l’architecte a développé des matériaux spécifiques comme le verre strié-miroir qui reflète l’arrière de l’îlot ou l’interstice entre les façades neuves et anciennes. La lumière naturelle, sujet particulièrement sensible dans le cadre d’un musée, provient des ouvertures sur rue et de grands lanterneaux donnant une allure sculpturale à la toiture.
Construction durable – Collège Moulins, Lille (France)
Agences d’architecture : Chartier Dalix Architectes (Frédéric Chartier et Pascale Dalix) ; Co-traitant Avant-propos Architectes
L’établissement scolaire d’aujourd’hui n’est plus une citadelle fermée et imprenable. Il s’ouvre sur son quartier, s’adressant selon les heures aux élèves ou aux habitants. La construction de ce collège lillois est un bon exemple des liens que peuvent aujourd’hui tisser deux mondes proches et qui autrefois pouvaient s’ignorer : une école et la ville autour.
Ancien faubourg industriel du Sud de Lille, Moulins a conservé de son passé les maisons d’ouvriers en briques. Cette prédominance de l’habitat individuel n’empêche pas le classement du secteur en zone franche urbaine, un dispositif qui permet aux entreprises présentes, ou ayant pour projet de s’implanter, de bénéficier d’exonération d’impôts.
Le collège n’a pas une entrée unique mais plusieurs associées à ses différentes fonctions. Plutôt qu’un bâtiment unitaire produisant un front bâti continu sur la rue, l’agence d’architecture Chartier Dalix Architectes a conçu un bâtiment nébuleux, dans lequel le programme se trouve morcelé entre plusieurs blocs se répondant. Les vides entre les différentes entités ménagent des transparences et des vues lointaines, depuis le quartier vers le Sud de la ville.
Une grande cour rassemble les bâtiments, dont l’aspect est unifié par leur revêtement de zinc résonnant avec la brique locale.
Grand prix du jury – Lauréat Réhabilitation-reconversion et extension de l’ancien Hôpital, Meursault (France)
Agences d’architecture : Frédéric Jung Architectures ; architecte associé Simon Buri
Il faut voir l’ancienne léproserie de Meursault comme une île de pierre flottant au milieu des vignes, à l’écart de la cité. Inscrit à l’inventaire des monuments historiques en 1926, le bâtiment a rempli plusieurs fonctions au cours de ses neuf siècles d’existence. Lieu d’hébergement et de soins, ferme, et quasi ruine lorsque la mairie décide de le convertir en salle de dégustation et bureau d’information pour le tourisme viticole.
L’existant devait être non seulement réhabilité mais également étendu afin de recevoir toutes les surfaces exigées par le programme. Frédéric Jung, lauréat du concours, implante l’extension sur des vestiges de murs, formant un coude pour reconstituer le sentiment originel d’insularité en refermant la cour. Les parties neuves et anciennes se connectent au niveau de la porterie, l’ancienne entrée de la léproserie.
L’architecte souhaitait préserver la minéralité du monument. Il envisageait d’utiliser en toiture et façade le calcaire de bourgogne, un matériau local présent sur le bâtiment existant. «Pour des problèmes d’avis technique, nous avons dû renoncer à la pierre et nous nous sommes mis en quête d’une matière minérale alternative. La matité, la luminosité de la matière, la texture du zinc nous ont semblé pouvoir établir une relation très intéressante avec le calcaire en strate de la léproserie», explique-t-il. Le dialogue avec l’existant s’est poursuivi dans la mise en oeuvre du matériau.
Appliqué en toiture et en façade, le zinc forme une nappe de métal qui s’émancipe pour devenir abstraite. Les percements aléatoires de l’extension trouvent écho dans les fenêtres d’origine, qui ont vu leur régularité altérée au fil des siècles par des interventions successives.