Le projet de reconversion et d’extension de l’ancien Hôpital de Meursault signé par l’agence parisienne JUNG Architectures avec l’architecte bourguignon Simon Buri est lauréat des ArchiDesignclub Awards 2017. L’occasion de (re)découvrir cette proposition pour transformer une antédiluvienne léproserie en salles d’exposition et en une salle communale contemporaines. 450 m² SHON + 3 000 m² de jardin, un budget de 2 800 000 € HT. Communiqué.
Au cœur du vignoble bourguignon de la Côte de Beaune (Côte-d’Or), l’ancien Hôpital de Meursault, inscrit à l’Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques depuis 1926, devait trouver une nouvelle destination. Communément appelé La Léproserie, il fut fondé par Hugues II, Duc de Bourgogne, au début du XIIe siècle. Sa destination première était une auberge hospitalière – une Maison-Dieu – qui accueillait les indigents, «les pauvres du Christ», mais aussi les pèlerins, mendiants et soldats. Il s’organisait alors en trois parties : la porterie, la salle des pauvres et la chapelle.
En 1760, l’Hôpital est associé aux Hospices de Beaune par ordonnance royale du Roi Louis XV. Après avoir été pendant plusieurs siècles un lieu hospitalier, cet ensemble fut utilisé par la suite comme relais de diligence, puis plus récemment comme ferme agricole.
L’approche paysagère
L’élément clé, le genius loci, réside dans la forte insularité du lieu, liée à sa protection et, en même temps, à son isolement de la cité.
Le site de l’ancien Hôpital était ceint dans un clos minéral, situé à la limite du village, entre bâti et paysage de cultures et de vignes, à l’articulation des collines et la plaine, en bordure de la route empruntée par les pèlerins au Moyen Âge. Les murs de ce clos avaient en grande partie disparu mais leur tracé restait toujours perceptible.
Après analyse et étude archéologique, l’évocation du clos a été réalisée dans sa totalité, en le marquant par une haie végétale, à l’aplomb de cette trace encore forte, et en procédant à la réfection des murs de pierre déjà en place, contre lesquels la construction neuve vient s’appuyer.
Un verger conservatoire s’installe dans l’espace non bâti à l’intérieur de l’enceinte, offrant la possibilité de réaliser d’éventuelles nouvelles fouilles archéologiques. A l’ouest, un parvis minéral accueille les visiteurs de passage et marque l’entrée du village viticole de Meursault.
L’organisation programmatique
Le programme avait pour objectif premier de protéger et préserver ce patrimoine historique du XIIe siècle, en le réhabilitant dans le respect des règles de l’art mais également de créer un ensemble capable d’accueillir des événements publics en toutes saisons.
La porterie abrite le bureau d’informations touristiques. La salle des pauvres et la chapelle, qui bénéficie d’une ouverture autonome sur le parvis, regroupent quant à elles les espaces d’expositions temporaires.
A proximité immédiate de la porterie, la salle communale est située dans une aile contiguë rebâtie et s’insère dans les murs de pierre remontés à l’identique. Elle vient clore un espace extérieur avec la chapelle, métaphore lointaine d’un cloître, et permet aux différentes salles de bénéficier d’aires d’extension plus intimes et protégées, organisées autour d’un jardin.
L’intervention sur l’architecture ancienne
Ces bâtiments, longtemps laissés à l’abandon et au bord de la ruine, ne conservaient qu’une partie de leur disposition d’origine. L’intervention s’est inscrite dans cette histoire faite d’additions et de destructions successives. L’objectif pour les parties anciennes était une reconstruction au plus proche de leur configuration initiale, en cherchant à éviter les restitutions hasardeuses de volumétries supposées d’origine.
Une campagne de fouilles archéologiques a révélé les fondements du site, mais a également généré un certain nombre de contraintes qui ont dû être intégrées au projet. Les éléments significatifs encore présents ont été réutilisés de façon systématique et réorganisés dans leur logique de départ (charpente, baies, niveaux…). Les baies toujours en place ont été rouvertes afin de profiter au maximum de l’éclairage naturel. La création de vitraux contemporains a été privilégiée.
L’intervention contemporaine s’est voulue sobre et minimaliste, jouant avec des matériaux éternels comme la pierre de Bourgogne, le bois, mais aussi plus récents : béton, verre, zinc.