Une rétrospective de l’univers du graffiti qui souligne l’importance du support dans l’art contemporain.
L’Alternatif, nouveau lieu événementiel et d’enrichissement culturel situé dans un ancien parking de Paris La Défense totalement réaménagé, a ouvert ses portes fin septembre. A l’occasion de ce lancement qui illustre le dynamisme actuel et le renouveau culturel du quartier de Paris La Défense, cette première exposition met le Graffiti à l’honneur. Elle s’inscrit dans la série d’événements proposés par Defacto dans le cadre de l’UrbanWeek.
Anatole Gillet et Audrey Hatchikian (TheFrenchArtDealer), en charge de la programmation artistique de l’Alternatif, ont fait le choix d’œuvres célèbres et plus confidentielles, films et photos qui illustrent l’importance du support comme clé d’acceptation du Graffiti par le monde de l’art contemporain.
La fin de la Seconde Guerre mondiale et la naissance du «village global» ont apporté une nouvelle dimension à l’art et aux «murs» avec, notamment, l’émergence de la publicité et la vulgarisation de l’art au travers du PopArt, symbolisé par Andy Warhol et ses sérigraphies. Nombreux sont les artistes qui ont pris en compte ce support en vue de s’exprimer tant de manière directe auprès du public qu’auprès du monde institutionnel de l’art.
Le graffiti, quant à lui, a érigé le mur, via la culture Punk puis Hip-Hop, en moyen de revendication plus sauvage, la notion «d’art» à proprement parler n’étant pas la question et n’ayant même jamais été évoquée. L’importance de ce mouvement – récupéré par le monde marchand – l’a rendu incontournable, incitant les institutions à se l’approprier. Cette antinomie entre le caractère anti-commercial d’un mouvement sauvage et la bien-pensance de la société institutionnelle a sans doute constitué le plus grand obstacle à la reconnaissance du Graffiti comme forme d’art.
La liberté de pouvoir s’exprimer et d’espérer que l’œuvre sera appréciée a inspiré bon nombre d’artistes en herbe qui n’envisageaient pas d’entrer dans le milieu de l’art. Le plaisir d’utiliser la ville comme support, la liberté de s’exprimer et la facilité de la technique (acrylique, bombe…) ont permis à plusieurs jeunes artistes de faire de cet environnement porteur une école.
Afin d’intégrer le Graffiti comme un véritable mouvement artistique reconnu par le marché, il devenait essentiel de commercialiser les œuvres. Dans cette optique, les artistes ont remplacé les murs par des supports plus conventionnels pour ce milieu : toiles, jute, tissus, bois, ciment… Les institutions telles que la fondation Cartier, Artcurial ou le Musée de La Poste prendront alors la liberté de nommer ce «nouveau courant» le Street Art ou Urban Art, termes repris par maintes galeries marchandes.
«L’importance du mouvement, désiré par le monde commercial, l’a rendu incontournable, amenant ainsi les institutions à vouloir se l’approprier. Cette antinomie entre ce mouvement sauvage, anti-commercial et cette société bien-pensante institutionnelle a été le plus grand obstacle à la notion d’art en parlant de Graffiti», précise Anatole Gillet.
Afin de retracer l’origine du mouvement, l’exposition présente le témoignage photographique d’Henri Chalfant (métro, train, murs…) aux côtés d’œuvres d’artistes reconnus aujourd’hui, travaillant sur différents supports (Jerome Mesnager, Alexone Dizac, Katre, Arnaud Liard, Lord Anthony Cahn, Supakitch, O’Clock…). L’art de ne pas l’être propose également le visionnage du documentaire Writers, le premier film réalisé en 2004 par Marc-Aurèle Vecchione, qui retrace vingt ans de graffiti underground à Paris, ainsi que de nombreuses œuvres réalisées par les artistes de cette époque.
« L’art de ne pas l’être »
Jusqu’au 1er novembre 2017
L’Alternatif, Parking Villon, Paris La Défense.
Entrée libre, du lundi au vendredi, de 8h à 21h.