Bon, ça ressemble à l’apocalypse, la canicule ici, là des grêlons gros comme les balles de golf de Donald Trump, en attendant les inondations dévastatrices des évènements cévenols. Pauvres de nous !
La peur de l’annihilation est aussi vieille que l’humanité elle-même et traverse toutes les époques, de l’apocalypse de la bible à la fin du monde des Mayas en passant par Nostradamus et le ciel qui tombe sur la tête des Gaulois. Au cœur de la guerre froide, ils étaient nombreux les Américains qui craignaient d’être vaporisés dans leur sommeil par les bombes russes, le syndrome Nagasaki-Hiroshima sans doute. Bref, les gourous de l’apocalypse, souvent cavaliers, pullulent aujourd’hui comme hier.
Certes, en 2019, les éléments scientifiques attestant du dérèglement climatique sont incontestables et, au fur et à mesure des effets de seuils et leurs réactions en chaîne, d’évidence, nous sommes partis pour des lendemains que nous peinons à imaginer. Ce n’est d’ailleurs rien moins que la fin du monde affirment les collapsologues ! Dès 2020 selon certains!
Disons simplement que ce ne sera plus comme avant. Mais le pire est-il sûr ? Voire…
Certes, les Mayas – ceux qui restent car il en reste – ont vu leur civilisation anéantie, celle des Romains s’est évaporée, la société de Nostradamus n’a pas grand-chose à voir avec celle de l’Empire et on pourrait arguer que ‘notre’ civilisation – celle des habitant des pays riches, cela va sans dire – est à l’échelle de l’homme somme toute extrêmement récente. Il est donc permis de penser que cette civilisation libérale qui a fait notre fortune a de toute façon toutes les chances de disparaître aussi rapidement qu’elle est venue, dérèglement climatique ou pas.
En tout état de cause, par nature, le monde dans lequel nous vivons n’a rien à voir avec celui de nos grands-parents, et encore moins sans doute avec celui de nos petits-enfants quand ils auront notre âge. Est-ce pour autant la fin du monde ?
Notons que notre ‘civilisation’ a admirablement survécu au XXe siècle et à ses dizaines (centaines ?) de millions de morts. Idem en Chine et en Russie. D’aucuns pourraient arguer que cette civilisation est née après la grande peste qui au XIIIe siècle a décimé l’Europe d’un tiers au moins de ses habitants. Regardez autour de vous et faites le calcul pour vous faire une idée. Pourtant, regardez autour de vous, voyez tout ce monde qui, en toute honnêteté, se porte à ce jour plutôt bien depuis la Renaissance. Donc il est permis de se détendre.
De fait, si chacun de nous est là pour en parler, c’est que nos ancêtres ont survécu à toutes sortes de cataclysmes tous plus horribles et effrayants les uns que les autres. Et nos descendants feraient moins bien ? Ce n’est guère leur porter d’estime. Bref, au moins à court terme (court au sens spatio-temporel), n’en déplaise aux marchands de peur, si notre mode de vie décadent est sans doute menacé, l’humanité ne l’est pas encore, loin de là.
D’ailleurs, qui sait si, dans 200 ans, les effets des décisions prises aujourd’hui portant enfin leurs fruits, les habitants d’alors, dont les belles Parisiennes sous leurs ombrelles fameuses, ne seront pas vent debout contre le rafraîchissement de la planète ? J’imagine l’affolement à la raréfaction des méduses, nourriture essentielle et indispensable à la population de la planète… Une autre apocalypse ?
Pour autant, d’ici là, il est permis de croire encore à la politique. Sans rire !
Souvenez-vous du trou dans l’ozone qui a bien fait flipper la planète entière. Comme les rayons UV ne font pas dans la discrimination, les décideurs, pour ne pas se retrouver aveugles et le visage plein de pustules après un week-end sur la côte, ont pris des décisions drastiques et sages. Depuis, le trou se résorbe un peu plus chaque année et les enfants d’aujourd’hui n’en ont même jamais entendu parler. Pourtant, qui se souvient que des marchands de frigidaires, gros utilisateurs de CFC (chlorofluorocarbures) à l’époque, aient jamais fait faillite ? Exactement !
Idem avec Le premier ‘Clean Air Act’ de 1956, à Londres, qui a permis de faire disparaître le Smog. Le ‘Clean Air Act’ des Américains en 1970 a eu lui aussi des résultats probants. Les économies de ces deux pays ne se sont pas effondrées pour autant. Dit autrement, la politique peut donc œuvrer à éviter le pire.
Encore faut-il, par Jupiter et consorts, que le politique soit à la hauteur de l’enjeu ! Cela, nous le saurons, ou pas, dans les prochains mois, ce que l’on a vu jusqu’ici en France n’étant, il est vrai, guère rassurant.
En attendant donc d’être dispersé façon puzzle dans l’immensité de l’univers, se faire du mouron quant à l’apocalypse prochaine ne sert à rien et peut au contraire provoquer des affections urticantes. Aussi, en cet été 2019 empli de promesses – ne le sont-ils pas tous ? – nous vous proposons une sélection des chroniques de cette saison 2018-2019, une par mois, comme autant de parasols colorés plantés dans un cocktail glacé.
Merci de votre fidélité. Bel été à tous.
Christophe Leray
Rédacteur en chef=> Retrouvez la Une spéciale Eté 2019