N’y a-t-il pas un abus de langage à utiliser cet oxymore qu’est la forêt urbaine ? L’expression esquisse au crayon magique les contours de dérive sémantique et de manipulation idéologique certifiées. La forêt urbaine, comme la promesse de son idéal, nous ment.
L’idéalité inhérente au concept est un acte de piratage sur la loi SRU, car elle abandonne volontairement la densité comme source établie d’économie du sol, en économisant sur la croissance urbaine.
Notre rapport à la forêt est devenu une construction mentale créée de toutes pièces et, consciemment ou pas, largement influencée par la pensée japonaise qui l’a sanctuarisée et en a fait un objet religieux sur un territoire fondamentalement réduit.
L’apparition du mot « forêt » est significative car, insidieusement, il tend à évincer lentement le mot « parc ». Le parc est « domestique », fabriqué par l’homme et rattaché à lui. Alors que la forêt est, mythologiquement parlant, « sauvage » et exempte de l’homme. Donc pure…
Modélisation d’une écolocratie citadine non reproductible en Ile-de-France par exemple car le foncier est rare, en bon influenceur, l’oxymoron « forêt en ville » peut faire fureur. Dans son sens géographique, le concept a l’avantage d’exprimer une échelle à taille humaine : square, jardin, parc, forêt… soit la macro-échelle cachant une pinède d’électeurs riverains prêts à brandir le résineux inquisiteur en guise de croix ! Scier le tronc de l’énergie démocratique comme dans les heures les plus sombres.
Faut-il rappeler que l’origine radicale de l’écologie du IIIe Reich désignait l’homme comme mauvais pour la nature ? Comment ne pas faire le lien ? Les dérives à venir de l’impensé environnementaliste et de la culpabilisation existentielle de l’Autre annoncent une catastrophe imminente, naturellement.
Misère !
Rudy Ricciotti
Architecte
Cette tribune est parue en première publication dans Le Moniteur (27 mars 2020) et republiée avec l’autorisation de l’auteur