Bruno Mader a livré en novembre 2019 le nouveau conservatoire du XIVe arrondissement de Paris. L’ouvrage de quatre étages sur rez-de-chaussée – surface 4056 m² / 2410 m² SU ; montant des travaux : 13.9 M€ HT – compte, outre un Grand Studio, un studio d’art dramatique et une salle d’orchestre, tous les équipements associés à sa fonction, le R+1 et ses deux studios étant dédiés à l’enseignement de la danse. Communiqué.
Présentation
La parcelle d’implantation du projet est caractérisée par son enclavement dans le tissu urbain environnant. A l’est et au nord se dressent les immeubles de logements hauts (R+8 / R+13) et denses appartenant à un « grand ensemble ». Ces immeubles ouvrent des vues en direction de la parcelle du projet.
Au sud, le boulevard Brune est bordé d’immeubles de logements de différentes époques s’alignant sur la voie. Une « dent creuse » entre deux immeubles permet de dégager une vue en direction de la parcelle depuis le boulevard Brune et sert également d’accès principal au site par l’impasse Vandal.
A l’ouest se trouvent une école primaire et un gymnase composés de bâtiments de faibles hauteurs (R+1 à R+3).
L’implantation urbaine du projet dans ce contexte enclavé s’organise autour des principes suivants :
– créer un signal visible depuis le boulevard Brune ;
– créer un espace intérieur, introverti, établissant des relations entre les éléments du programme et le groupe scolaire existant ;
– créer des espaces plantés de qualité.
Le bâtiment du conservatoire s’implante à l’angle de la limite sud du terrain. Il s’élève de manière compacte sur quatre niveaux (plus un niveau R-1) créant un effet de « proue » visible depuis le boulevard, puis s’abaissant progressivement en fond de parcelle.
Un retrait creusé dans le volume en partie basse du bâtiment marque l’entrée de l’équipement, dégage un espace couvert et sert de transition entre l’espace public et le conservatoire, entre l’extérieur et l’intérieur.
L’organisation en L des volumes des niveaux supérieurs du conservatoire sur un socle bâti ferme le cœur d’îlot au nord coté Square Auguste Renoir et privilégie une orientation et une ouverture en relation avec la cour de l’école primaire.
Les volumétries
Le conservatoire est traité comme volume massif et sculptural en béton architectonique de teinte claire creusé par des retraits, des redents et des percements ponctuels. Le choix de l’usage du béton en façade est notamment issu des contraintes acoustiques de ce lieu de diffusion musicale, qui favorise une isolation acoustique et thermique par l’intérieur.
Coté boulevard Brune, les ouvertures dans la façade sont pensées comme des cadrages mettant en scène les musiciens et les danseurs depuis l’espace public. Un jeu sur la position des vitrages (nu intérieur / nu extérieur) et l’utilisation d’éléments en tôle métallique provoque des contrastes variés entre l’aspect rugueux et mat du béton, et l’aspect lisse et réfléchissant de la tôle et du verre.
Les grandes baies des étages inférieurs sont redoublées par une plaque vitrée au nu de la façade, formant double peau. Cette vitre, qui laisse un passage d’air haut et bas pour éviter les surchauffes, a une fonction d’affaiblissement du bruit du boulevard lorsque la fenêtre est ouverte. Protection solaire et filtres visuels sont assurés par un rideau motorisé situé entre vitre extérieure et fenêtre. Préféré à un simple store, il apporte un raffinement en contraste avec les volumes nets de béton. Evoquant un rideau de scène ou de salles de danses, il prend valeur de signe.
Côté cœur d’îlot, la composition des ouvertures sur la façade en « L » met en scène la vie intérieure du conservatoire par des vis-à-vis entre les différentes salles et niveaux de l’équipement. Les fenêtres verticales ouvertes sur le cœur d’ilot offrent lumière et vue. Vues de l’extérieur, elles offrent des cadrages sur la riche activité intérieure du bâtiment, et notamment depuis l’école.