Faire s’évader au cœur d’une forêt « bien particulière » les habitants d’un immeuble logement social parisien du XIIIe arrondissement… Défi relevé depuis mars 2021 par l’architecte Philippe Giroux et l’artiste scénographe Magali Barthèye. Communiqué de Paris Habitat.
Soucieux du bien-être des occupants, le bailleur social, Paris Habitat, a confié en 2020 les travaux de rénovation des parties communes de cet immeuble du XIIIe arrondissement à Philippe Giroux, architecte de l’agence AMJ-Paris. Plusieurs solutions ont été imaginées pour requalifier le hall bordé d’une vitrine de 30 mètres de long où les bacs à fleurs étaient devenus des espaces délaissés ! C’est l’idée de la forêt qui a été retenue et développée avec l’artiste scénographe Magali Barthèye.
Quand la récupération permet de créer de nouveaux paysages urbains
« Il s’agissait de donner vie au projet sur les 30 mètres linéaires de vitrine. Pour cela, j’ai choisi de travailler avec la scénographe Magali Barthèye », relève Philippe Giroux, en charge de la réhabilitation de cette partie du hall d’entrée de l’immeuble situé boulevard Kellermann.
Un travail d’équipe en finesse pour faire de ce hall nouvelle génération à la fois un espace onirique mais aussi un projet respectueux – des habitants, des passants, de l’environnement, bref de la qualité de la vie en ville. L’installation, entre art et architecture, est composée de 35 troncs de bouleau formant une véritable forêt entre le hall de l’immeuble et le boulevard voisin.
Les troncs ne sont pas de vrais arbres prélevés sur le vivant mais ont été créés et peints à partir de fûts de carton récupérés et recyclés. « C’est la forêt qui renaît du carton recyclé », s’amuse Magali Barthèye.
Jeux de regards, de filtres et de rythme pour donner un effet de forêt
La forêt de bouleaux est visible tant de l’extérieur de l’immeuble que de l’intérieur. « Nous avions envie de jouer avec ces différents niveaux de vision », expliquent les concepteurs. Depuis l’extérieur, le hall se lit comme un bandeau panoramique abritant une forêt de bouleaux. Le rythme est donné par l’alignement de troncs et leur rendu graphique noir et blanc, en interaction avec les plantations présentes sur le large trottoir. Le dispositif se rapproche de l’art cinétique, par le mouvement des piétons, des cyclistes, des automobilistes et des passagers du tramway qui arpentent le boulevard Kellermann, chacun à leurs allures respectives.
« Le rythme graphique des troncs de bouleaux s’intègre harmonieusement à la façade blanche de l’immeuble. Un jeu s’engage avec les reflets dans les vitrages de la végétation extérieure qui se superposent aux troncs de bouleaux », raconte Magali Barthèye.
Du public à l’intime
A l’intérieur, les bouleaux créent pour les usagers du hall un écran ajouré filtrant le regard vers le boulevard, un effet de forêt prolongé par les troncs des (vrais) arbres à l’extérieur. Ils créent une présence apaisante et rassurante, perceptible de jour comme de nuit.
« Côté intérieur, certains troncs évidés, dorés et éclairés, apportent un éclairage complémentaire et chaleureux pour le hall. Cela participe à l’ambiance nocturne, douce et accueillante qu’il était important de créer », précise Philippe Giroux.
Invitation à la rêverie
Des motifs cachés, visibles uniquement de l’intérieur par les usagers, participent à l’intimité et au jeu. Les habitants ont été sollicités pour le choix de certains des motifs, apportant des thèmes ou des objets personnels pour composer de mini scènes. Le temps de la contemplation et de la rêverie leur est offert.
« C’est une forêt, on y cultive le mystère, on cherche du regard. Nous voulions retrouver un côté ‘Chercher Charlie’, permettre la découverte », précise Magali Barthèye.
La réalisation
Les troncs ont été intégralement réalisés chez Magali Barthèye à l’Atelier 32, à Montreuil. Des fûts en carton à recycler ont été identifiés auprès de différentes sources et collectés, dans des diamètres allant de 5 à 30 cm. Ils ont été façonnés, puis préparés et peints individuellement. Comme dans la nature, aucun tronc n’est identique. Quelque 35 troncs sont ainsi sortis de l’Atelier 32.
Une fente verticale permet de transformer ces troncs en luminaires, tournés vers le hall, et de jouer avec l’intérieur rendu plus lumineux par une surface dorée matiérée. « Les reflets de l’or apportent une chaleur supplémentaire à l’éclairage général du hall, et un côté précieux », précise la scénographe.
La mise en place
Les troncs sont installés dans les cinq vitrines, dont les murs ont préalablement été repeints en noir, et dont le sol a reçu un revêtement de gazon synthétique. Ainsi les troncs montent du sol au plafond, certains sont coiffés d’un miroir circulaire qui créent l’illusion de traverser l’immeuble. Les éclairages des vitrines ont été déplacés et adaptés pour les luminaires.