Benjamin Fleury a livré en 2021 à Valenton (Val-de-Marne), pour Valophis Habitat et l’OPH94 maîtres d’ouvrage, 18 logements sociaux. L’ouvrage de 971 m² Shab (pour un coût de 1,7 M€) est suspendu sur le vide pour répondre aux contraintes du PPRI. Communiqué.
Patrimoine et insertion
Le projet est situé sur l’ancien parking à l’air libre de la cité Pré l’Arpent, occupé principalement par des véhicules épaves. Cet ensemble de logements réalisé en 1974 par l’agence Andrault et Parat se compose d’un immeuble en gradin de trois niveaux abritant en son cœur un parking en rez-de-chaussée. Cette construction de haute qualité patrimoniale est le témoin d’une époque où ces architectes cherchaient grâce à l’habitat intermédiaire à concilier les qualités du logement collectif et individuel. Ils en conçurent plusieurs variantes sur l’ensemble du territoire.
Comme de nombreux bailleurs sociaux, poussés par la rareté du foncier, Valophis habitat cherche à développer son parc de logements en densifiant les espaces libres de ses propriétés. Ici, la commande consiste donc à élever contre le pignon de cet immeuble patrimonial une nouvelle construction d’une vingtaine de logements, dans la continuité de la cité Pré l’Arpent.
Le parti de cette conception a été de délibérément éviter toute stratégie de mimétisme, ou à contrario de dualité affirmée, qui aurait conduit dans les deux cas à un projet affadi vis-à-vis du bâtiment existant.
La méthode fut donc d’édifier un volume simple avec un vocable à la fois compatible et effacé, dans une grande sobriété.
Volume et matérialité
Un volume bâti de trois niveaux suspendus sur un vide à rez-de-chaussée abrite les stationnements. Afin de retrouver les strates horizontales des gradins voisins, le volume comporte des lignes horizontales marquées par des bandeaux. Toujours dans un esprit de mise en résonnance, le remplissage des façades entre ces lignes horizontales est composé de plaquettes de béton de teinte blanche de très grande longueur, rappel de la brique voisine.
Dans cette recherche d’effacement, les percements sont de taille identique et sont disposés suivant une double trame verticale et horizontale strictement régulière.
Le dernier niveau, fortement en retrait permet d’alléger et d’horizontaliser la silhouette du bâtiment. L’avant de cet attique est prolongé par une casquette béton intensifiant l’effet de proue de l’ensemble.
Les matériaux sont bruts en rez-de-chaussée (béton banché et maçonné) et de teinte blanche aux étages.
C’est cette sobriété de matière, de teinte et de volume, ainsi que dans la réinterprétation du vocabulaire architectural du bâtiment voisin – gabarit, expression de l’horizontalité, baies verticales, bi-matérialité des façades courantes – que se situe l’hommage nécessaire à l’opération d’Andrault et Parat.
Environnement et contraintes
La parcelle de l’opération est localisée entre la gare de triage de Villeneuve-Saint-Georges, proche de la Seine, et la station d’épuration de Seine Amont. Cet environnement complexe offre un recueil de contraintes propre à la banlieue parisienne :
– nappe phréatique à moins d’un mètre du terrain naturel ;
– bruit des infrastructures routières, ferroviaires et aériennes ;
– risque d’aléas fort d’inondabilité (zone PPRI).
Ainsi, la conception de cette opération est tout autant marquée par la recherche d’un respect patrimonial, que par la résolution de ces différentes contraintes techniques.
Afin de répondre au règlement PPRI de la zone :
– les logements ont été aménagés à partir du premier niveau ;
– un accès pompier a été installé sur le palier du R+1 pour l’évacuation des personnes par barque en cas de crue ;
– au vu de la présence de la nappe, le parking est disposé sous les pilotis du bâtiment, la partie des places hors emprise du bâtiment sont aménagées en Evergreen ;
– le hall est entièrement extérieur afin de ne pas générer de zone étanche à la libre circulation de l’eau ; il s’ouvre généreusement sur le jardin semi-humide ;
– les locaux deux-roues sont clos par une façade en résille métallique totalement poreuse tandis que les locaux poussettes et ordures ménagères, maçonnés, possèdent plusieurs entrées d’eau en cas d’inondation.
Gestion des eaux pluviales
Afin de ne pas impacter la nappe phréatique affleurante, deux pelouses de rétention en creux, largement végétalisées, ont été aménagées de part et d’autre de l’édifice. Elles génèrent un paysage semi-humide de qualité et écologiquement vertueux, favorisant le développement de la biodiversité.
L’accès au hall depuis la rue s’effectue par un cheminement traversant le jardin d’eau.
Dans le but de rendre lisible le cheminement naturel des eaux pluviales, les balcons et terrasses comportent en rive des barbacanes rectangulaires munies de chaînettes guidant les eaux pluviales jusqu’aux deux pelouses en creux.
De même, les eaux de toitures passent dans les gaines techniques des appartements, cheminent en sous-face du plancher haut du parking, descendent contre les poteaux et aboutissent dans des caniveaux en fonte qui se jettent dans les jardins d’eaux.
Habitat bioclimatique
Le confort d’habiter est en premier lieux généré par une implantation bioclimatique précise des appartements. Ainsi, par niveau, quatre logements sur cinq logements sont à double orientation ou traversant. Le seul logement mono-orienté est ouvert plein ouest. Les logements à double orientation sont conçus avec des séjours en angles prolongés par des balcons.
Les paliers sont également conçus pour le confort de vie : une large baie vitrée installée au droit de l’ascenseur permet d’en faire un espace lumineux et convivial propice à la conversation entre habitants.