L’architecture a toujours été considérée comme une entité fixe contrastant avec l’apparence toujours changeante de la nature. La photographie a consciencieusement suivi ce concept d’immobilité en essayant de fixer la présence « éternelle » de l’architecture comme une icône mémorable. Chronique-Photos d’Erieta Attali.
En termes historiques, l’architecture et le paysage coexistaient donc dans le continuum humaniste de l’espace intérieur et extérieur auquel aspirait le modernisme en tant qu’« extensions de l’homme » dans des relations accidentelles et étranges, adjacences et de réflectives. Mon intention à travers ma photographie a été de changer cette perception.
A la place, j’ai choisi de considérer l’architecture comme paysage dans les termes cités ci-dessus avec, pour ce qui est de la réflectivité, une exploitation complète des attributs du verre utilisés en architecture. Le verre et les nuages, les charpentes et les arbres, l’air et l’eau/la glace sont subsumés et consommés dans un mouvement total, une image de beauté à la fois douloureuse et agréable.
J’ai réalisé que la relation complexe entre la nature et l’architecture devait être explorée plus substantiellement, en exposant pleinement son caractère réciproque. Pour ce faire, cette approche révisée s’est appuyée sur l’examen attentif du paysage en tant qu’incarnation du changement.
Il ne faut pas seulement se référer aux changements apparents enregistrés au fil des saisons, comme s’ils étaient dus seulement au schéma changeant du mouvement du soleil, mais à ces changements plutôt infimes en comparaison mais qui affectent l’apparence des choses. De tels changements scintillent momentanément mais sont capables d’exciter les sens et de révéler l’essence cachée des choses.
Il existe cependant d’autres modèles, ou motifs, qui peuvent soit remonter à des expériences formatrices, comme l’obscurité et l’obsession d’atteindre les frontières du monde, soit se développer au fil du temps, à mesure que la relation avec le sujet devient plus intime, produisant de nouvelles associations, comme l’est pour moi la fascination pour les ruines et les fouilles archéologiques.
L’obscurité qui m’attire dans la photographie est à la fois littérale et figurative, liée à l’éclairage et au contenu émotionnel. Photographier des terres désolées sans aucun signe de vie et capturer l’isolement extrême est un type palpable d’obscurité émotionnelle.
Poussée par les souvenirs d’une enfance dans une ville mystérieuse mais maussade jonchée de vestiges d’un passé en voie de disparition, mais aussi par une carrière qui m’a envoyée ramper dans des chambres souterraines sans air, j’essaie souvent d’insuffler à mes photographies ce même sentiment d’obscurité.
Erieta Attali
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