Aurélien Chen, architecte et photographe, a fait l’acquisition d’un modeste boîtier argentique avec lequel il a retrouvé la spontanéité de l’instant et le goût du reportage. Déambulations…
La photographie d’architecture est exigeante et contraignante : très codifiée, elle nécessite un matériel lourd et une prise de vue au trépied. Le cadrage prédomine, puis s’ensuivent de longues attentes ; attendre que la silhouette parfaite rentre dans le cadre, attendre que l’ombre se déplace jusqu’à l’emplacement parfait, attendre que le soleil perce à travers les nuages, attendre les heures bleues, attendre.
La photographie d’architecture a ainsi son propre temps, une lenteur qui accompagne pendant plusieurs heures le photographe en symbiose avec le bâtiment. Plus rarement la photographie d’architecture capte un instant éphémère.
Or, j’ai d’abord appréhendé la photographie de l’architecture et de la ville en déambulant, en me laissant porter en dérive dans la Chine photogénique des années 2000. C’était une pratique de la photographie dans la spontanéité, peut-être nécessaire pour suivre le rythme des constructions et de l’incroyable dynamique urbaine.
J’ai récemment fait l’acquisition d’un modeste boîtier argentique pour retrouver ce goût de la déambulation, de l’imprévu, de me laisser porter. Photographier les bâtiments dans la ville, sans devoir respecter les contraintes canoniques de la photographie d’architecture. Photographier un bâtiment dans l’instant. Retrouver une spontanéité. Réaliser un nombre limité de clichés et aller à l’essentiel, à l’instinct.
« Déambulations parisiennes »
Les ailes d’acier de la Canopée des Halles, à l’échelle de la ville. La légèreté d’un vol d’oiseaux qui s’y engouffrent.
L’envol d’un oiseau sous les arches de l’école Saint-Merri. Cet impressionnant bâtiment-pont, conçu par les architectes Alain Gamard, Daniel Lombard et Edouard-Marc Roux, fut construit en 1974, au même moment que son imposant voisin le Centre Pompidou.
Printemps. L’écran de verre de la Fondation Cartier est à la fois une limite et un lien entre l’espace public de la ville et le jardin privé. Il est ajouré en partie haute et bientôt les ramages des arbres du jardin et de la rue s’entrelaceront.
Non loin de là, la pointe de verre du lycée hôtelier Guillaume Tirel, par Brenac & Gonzalez associés, (2006) et les courbes métallisées du Siège social de la SAGEP, par Alain Sarfati (2005).
Loin de la douceur et de l’uniformité des tons parfois recherchées en photographie digitale, la photographie argentique permet, particulièrement en noir et blanc, d’oser des contrastes forts et ainsi mettre en valeur les ombres et sublimer les détails de façade et les géométries.
Église orthodoxe autocéphale ukrainienne Saint-Simon, Rue de la Palestine, Paris (1970).
En reportage
J’emporte désormais ce boîtier argentique avec moi lors de mes reportages, ce qui permet de compléter l’approche plus « standard » du reportage. Faire abstraction des codes et proposer une interprétation encore plus personnelle du projet architectural.
Centre de formation à Lamballe (22), par Colas Durand Architectes (2023).
Escaliers : Compagnie des Pêches, Saint-Malo (35), par Dumbo Architecture (2023) ; Duplex aux Buttes Chaumont (75), par Infabric Architectes (2023)
Détail de bardage bac acier. CIS de Jugon-les-lacs (22) par Colas Durand Architectes (2023)
Extension de maison à La Hague (50), par Studio Kiraw (2023)
Aurélien Chen
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