Pour SNCF Réseau maître d’ouvrage, agence duthilleul a livré en avril 2024 la gare RER souterraine de la porte Maillot, à la limite des XVIe et XVIIe arrondissements de Paris. L’ouvrage, mis en service en mai 2024, doit accueillir 35 000 voyageurs par jour. Montant des travaux : 450 M€ HT. Communiqué.
La construction de la gare à permis de changer radicalement l’aménagement de la porte Maillot. Piloté par la Ville de Paris (maître d’ouvrage), la SPL PariSeine (maître d’ouvrage délégué) accompagné de l’agence de paysagistes Empreinte (maître d’œuvre mandataire), le réaménagement de la porte Maillot voit le giratoire existant disparaître au profit d’un axe qui relie l’avenue de la Grande-Armée (Paris) à l’avenue Charles-de-Gaulle (Neuilly-sur-Seine).
La gare du RER E Neuilly-Porte Maillot dessert directement le Palais des Congrès de Paris, le bois de Boulogne, l’est de Neuilly-sur-Seine, le sud du XVIIe arrondissement de Paris et le nord du XVIe. Elle permet de faire la jonction avec la ligne C du RER, la ligne 1 du métro, le tramway T3b et les lignes 73 et 82 des bus parisiens.
Sa construction a permis de changer radicalement l’aménagement de cette porte de Paris. Le creusement de la gare depuis la surface nécessitait de détruire le fameux rond-point de la porte Maillot. Celui-ci n’a pas été reconstitué. À la place, les avenues de la Grande-Armée côté Paris et Charles-de-Gaulle côté Neuilly-sur-Seine ont été reliées en ligne droite. Au sud de ce grand axe, le bois de Boulogne a été prolongé jusqu’à l’avenue. Au nord, le Palais des Congrès a été doté d’un vrai parvis, en partie planté, qui lui faisait cruellement défaut.
En limite sud de ce parvis, au bord de la nouvelle avenue, le passant peut découvrir, sur le trottoir même, un étonnant plancher de verre de cent vingt mètres de long et dix mètres de large : il s’agit de la grande verrière qui apporte la lumière du jour dans la gare jusque sur les quais, à trente mètres de profondeur, c’est-à-dire au niveau de la mer…
Le grand volume est-ouest qui abrite les quais s’élève d’un seul jet sur trente mètres de haut, jusqu’au niveau de la ville afin de capter les rayons du soleil. La lumière inonde les parois inclinées qui, au nord et au sud, forment la grande nef centrale de la composition et rebondit sur celles-ci pour atteindre les profondeurs du lieu. Les escaliers mécaniques qui montent depuis les quais vers les sorties et les correspondances sont enserrés dans des volumes en aluminium poli, légèrement perforés, afin de leur permettre d’acheminer les voyageurs en toute sécurité vers la surface, à l’abri des fumées en cas d’incendie sur les quais.
Ces volumes reflètent eux-mêmes la lumière tout en laissant passer le regard de ceux qui les empruntent. Ceux-ci bénéficient pendant la minute de montée ou de descente, du spectacle de l’entrelacement des butons, passerelles et escaliers installés dans la nef centrale. En effet, la grande faille où a été construite la nef centrale, imaginée par l’agence duthilleul, a été installée dans l’espace restreint entre la station de métro de la ligne 1 au sud et le parking du Palais des Congrès au nord. Cette installation a nécessité de soutenir la voûte du métro en faisant cheminer sa poussée jusque sous le parking : un ouvrage de génie civil exceptionnel au service du confort des voyageurs accueillis dans la lumière du jour.
En arrivant sur les quais, les voyageurs trouvent un environnement familier et rassurant : sol en bambou huilé dont la couleur chaude évoque l’univers familier des habitations, bancs en bois, parois de béton de fibre perforées pour générer une ambiance phonique apaisée, lustres diffusant une lumière chaude à faible hauteur pour constituer, notamment la nuit, un univers de proximité d’échelle domestique.
On retrouve là l’une des constantes de la production de l’agence, très attentive à l’ambiance sonore et lumineuse de tous les espaces de ses projets. Les lustres des deux nouvelles gares conçus avec l’artiste « sculpteur de lumière » Patrick Rimoux permettent d’assurer à eux seuls la mise en lumière des grands volumes centraux des quais. Ils sont constitués de deux nappes de leds, l’une vers le haut, l’autre vers le bas, réglables indépendamment en température de couleur et en intensité. Ainsi, à la Porte Maillot, une teinte chaude éclaire les quais. À la nuit tombée une teinte plus froide monte dans la nef centrale pour la mettre en évidence.
Dans la partie supérieure de la gare ont été installés, tout autour du balcon périphérique à la nef centrale, les volumes d’accès et de correspondance. Ces volumes comportent tous, en plafond, un grand dais ondulant, de couleur rouge, qui accompagne le voyageur jusqu’aux escaliers qui descendent vers les quais. Ils confèrent une identité forte et claire à ces circulations, tant sur le plan visuel que sur le plan acoustique car ils ont une bonne capacité d’absorption du son.
Deux accès apparaissent sur le parvis du Palais des Congrès :
– à l’ouest, côté Neuilly-sur-Seine, l’extrémité de la longue verrière se relève pour laisser le passage vers un escalier mécanique qui descend sur une dizaine de mètres pour atteindre le balcon périphérique tout en ménageant une vue plongeante vers les quais en contrebas ;
– à l’est, côté Paris, une grande toile blanche posée dans la végétation abrite les escaliers mécaniques, escaliers et ascenseurs qui descendent vers un grand hall où se trouvent tous les services de la gare. Ces escaliers sont orientés de façon à laisser percevoir à celui qui les emprunte à la montée, la perspective de l’avenue de la Grande-Armée. La descente est rythmée par des alignements de grandes lanternes, organisant la diffusion de la lumière dans toutes les directions de façon à constituer, de jour, une transition douce entre la luminosité de la ville et celle plus tamisée de la gare.
Au nord-est de la gare, la grande galerie de correspondance avec le RER C, qui est aussi la galerie de sortie directe vers le Palais des Congrès, est bordée de parois de béton auxquelles un éclairage rasant confère une apparence de grand textile matelassé.
Au sud de la gare se trouvent les différents accès directs à la ligne 1 du métro. La partie du balcon qui relie ces accès longe une paroi à l’apparence rocheuse : il s’agit de la paroi moulée dans le sol, mise en place dès l’origine du chantier pour séparer la station du RER E de la station de métro, juste nettoyée et laissée brute en mémoire du passé du lieu. En vis-à-vis de cette paroi moulée, de même qu’au nord, de grandes parois vitrées inclinées donnent des vues en plongée vers les quais et en contre-plongée vers le ciel et ses nuages qui passent.