Compulsion ; Croquis et aquarelles d’un architecte ; Abrume ; Massif des Bauges. La sélection dessinée et paysagée de décembre.
Compulsion par Adam Roberts (scénario) et François Schuiten (dessin)
« Partout, on pouvait voir ces structures nouvelles, petites et grandes, larges et hautes ; des monolithes, des dômes et des sphères bâtis par Obligation, se dressant fièrement au-dessus des pâturages comme les lettres d’un texte inédit, colossal et impénétrable ».
Il y a quelque temps, insidieusement, le comportement humain a changé. Des hommes et des femmes, que rien n’apparente les uns aux autres, ont commencé à déplacer des objets du quotidien vers des lieux précis, mus par un sentiment d’obligation contre lequel il semble impossible de lutter. De quelques dizaines d’individus dans un premier temps, leur nombre est passé à des milliers à travers le monde, s’activant pour répondre à cette étrange injonction dont la cause est à ce jour totalement inconnue.
Si certains objets semblent parfaitement inoffensifs, tels un vieux modèle de téléphone ou bien la capsule cabossée d’une bouteille de bière, d’autres sont bien plus complexes et déroutants : la turbine d’un moteur à réaction expérimental ou le processeur d’un superordinateur. Ceux qui se sentent obligés de transporter tous ces objets ne se contentent pas, une fois arrivés à destination, de les empiler comme des ordures. Les Obligés sont en effet capables de connecter ces éléments sans rapport manifeste entre eux, comme les pièces d’un puzzle tridimensionnel. Les structures qu’ils conçoivent semblent d’ailleurs dotées d’un potentiel mécanique et technologique destiné à servir à quelque chose. Mais… à quoi donc ?
Nouvelle futuriste écrite par l’écrivain britannique Adam Roberts et transcendée par les grandioses illustrations architecturales du Belge François Schuiten, « Compulsion » offre un panel de personnages hétéroclites, coincés dans d’inextricables situations, et dont les réactions créent une tension habilement construite.
À propos des auteurs
Adam Roberts publie des nouvelles et des romans depuis 25 ans au Royaume-Uni, essentiellement dans le domaine de la science-fiction et de la fantasy. Cet universitaire prolifique enseigne la littérature anglaise et l’écriture créative à Royal Holloway, l’un des sept collèges de l’université de Londre.
François Schuiten est né le 26 avril 1956 à Bruxelles. Il publie sa première histoire dans l’édition belge de Pilote alors qu’il n’a que 16 ans. Il rejoint ensuite l’atelier bande dessinée de l’institut Saint-Luc à Bruxelles, animé par Claude Renard. À partir de 1977, avec son frère Luc, il imagine les premiers récits des Terres creuses. Dans le même temps, il signe Aux médianes de Cymbiola et Le Rail, avec Claude Renard. En 1983, il commence, avec son ami d’enfance Benoît Peeters, Les Cités obscures, une série maintes fois récompensée. En 2002, il reçoit, pour l’ensemble de son oeuvre, le Grand Prix d’Angoulême. Il sort son premier album en solo, La Douce, en 2012.
Éditeur : Dargaud ; Compulsion par Adam Roberts (scénario) et François Schuiten (dessin) ; 128 pages ; Format : 24 x 34 cm ; Prix : 35 €
Antoine Daudré-Vignier : Croquis et aquarelles d’un architecte
Antoine Daudré-Vignier, Guillaume Laurant
Antoine Daudré-Vignier, remarquable paysagiste, nous emmène ici dans ses lieux de prédilection, d’abord en France, en Picardie, berceau familial, à Oléron, sa villégiature, et encore à Paris, Marseille, Chartres, Orléans, Fontevraud… Le Brésil, où il a séjourné, est sa terre d’adoption vers laquelle il aime retourner. L’Europe le passionne tout autant, notamment l’Angleterre, l’Italie, le Portugal et l’Espagne avec leurs ombres et lumières puissantes et contrastées qu’il retrouve au Maroc et en Égypte. Dans ces deux pays, comme au Vietnam, son regard se pose avec précision sur les constructions anciennes et vernaculaires, qui sont aujourd’hui autant de leçons d’architecture et de composition stimulantes et écologiques, à la fois ancrées localement et universelles.
À propos des auteurs
Antoine Daudré-Vignier dessine depuis son plus jeune âge. Il est diplômé architecte en 1984. Dès l’année suivante, il travaille à São Paulo, et en 1988, ouvre son agence à Paris. En 1991, il s’installe sur l’île d’Oléron, fasciné par ses paysages îliens et maritimes. Ses déplacements à travers le monde sont autant d’occasions de saisir l’âme des lieux.
Guillaume Laurant est scénariste, dialoguiste. Il travailla, entre autres, sur des films de Jean-Pierre Jeunet, notamment en écrivant le scénario original du Fabuleux destin d’Amélie Poulain. Il est l’auteur de plusieurs romans, Les Années porte-fenêtre et Happy Hand.
Éditeur : AAM – Archives D’Architecture Moderne ; Antoine Daudré-Vignier : Croquis et aquarelles d’un architecte ; 128 pages ; Format : 30,5 x 25 cm ; Prix : 35 €
Abrume – Sur les traces des cabanes libres, par Gauthier Delvert et Raphaël Guillemette
Un monde sauvage au cœur de la nature
Partis plus d’un an et demi sur les traces des cabanes sauvages, des abris sans gardien, ouverts à tout le monde toute l’année, deux jeunes architectes, Raphaël Guillemette et Gauthier Delvert, rendent hommage à ce patrimoine fragile et méconnu qui forme un monde à la lisière de la civilisation, là où les traits des cadastres ont été gommés par le temps.
Perdues dans les forêts de Champagne, isolées sur le plateau du Vercors, accrochées à une montagne des Pyrénées, camouflées dans les vallées d’Occitanie, ces cabanes libres, qu’ils ont rebaptisées pour mieux les protéger, rythment nos paysages. Elles sont autant de possibles pour repenser notre manière d’explorer et d’habiter le monde, de bâtir et de vivre ensemble.
Abrume : cabane qui se dévoile dans une brume épaisse après une journée de marche, quand le ventre se creuse, que les jambes sont lourdes et les vêtements trempés. Une fine fumée s’élève derrière un talus, une odeur de feu de bois se répand doucement dans l’air, l’abri se dessine peu à peu.
À propos des auteurs
Gauthier Delvert, architecte et ancien scout de France, a toujours eu le goût du campement en itinérance. Passionné de géographie et amoureux des grands espaces, il se rend en Asie du Sud-Est pendant six mois. Il décide de revenir en France par voie terrestre, curieux de découvrir la diversité des territoires traversés au fil du voyage. Depuis, il part régulièrement à la rencontre de paysages méconnus, en France et en Europe.
Raphaël Guillemette, architecte, se découvre très jeune une passion pour la randonnée lorsqu’il s’aventure pour la première fois dans les Highlands, en Écosse, où il est fasciné par les bothies, d’anciennes bergeries utilisées comme refuges par les randonneurs et les randonneuses. Depuis, il part chaque année en France ou en Europe arpenter les territoires sauvages avec sa tente et son sac à dos.
Éditeur : Ulmer Editions ; Abrume – Sur les traces des cabanes libres, par Gauthier Delvert et Raphaël Guillemette ; 216 pages ; 220 photos ; Format : 21,5 x 28,5 cm ; Prix : 35 €
Massif des Bauges, un patrimoine entre lac et montagnes
Classé Parc naturel régional en 1995 et Géoparc mondial UNESCO en 2011, le massif des Bauges est un territoire d’exception reconnu pour la qualité de ses paysages et de ses patrimoines géologique, naturel et culturel. Forestier et pastoral, le massif est aussi viticole, arboricole, touristique et même industriel.
Situé à la croisée des axes Lyon-Turin et Grenoble-Genève mais difficile d’accès, il est une terre stratégique défendue par des forteresses comme le château de Miolans ou le fort de Tamié et un havre de paix où s’établissent les principaux ordres religieux, à l’image de l’abbaye de Tamié ou de la chartreuse d’Aillon.
Malgré cette riche histoire, le patrimoine du massif est surtout un patrimoine rural de montagne fait de villages éparpillés, de dépendances agricoles isolées (granges-étables, chalets d’alpages, celliers viticoles…) et de quelques bourgs à l’architecture plus urbaine comme Alby-sur-Chéran ou Montmélian. À partir du XIXe siècle, l’aménagement de routes et de ponts franchissant les gorges qui entaillent le territoire, tel celui de l’Abîme, favorise le développement du tourisme tant sur les bords du lac d’Annecy qu’au Revard où naît l’une des premières stations de sports d’hiver de France.
Durant plusieurs années d’un arpentage du terrain et d’une couverture photographique inédits, la Région Auvergne-Rhône-Alpes et son service Inventaire et patrimoine culturel ont collaboré avec le Parc naturel régional du Massif des Bauges et apporté le cadre méthodologique d’un inventaire. Cet ouvrage richement illustré retrace l’histoire puis détaille le patrimoine très diversifié d’une terre de contrastes.
Textes : Jérôme Daviet, Caroline Guibaud, Thierry Monnet
Photographies : Eric Dessert, Thierry Leroy, Michel Pérès, Franck Trabouillet, Emmanuel Breteau
Éditeur : Lieux Dits ; Massif des Bauges, un patrimoine entre lac et montagnes; 192 pages ; photos ; Format : 24,7 x 30,1 cm ; Prix : 24,50 €