
Pendant quatre ans (2019 – 2023), Charly Broyez et Laurent Kronental ont photographié La Grande Motte (Hérault). Au fil d’un voyage onirique entre réalité et fiction, les deux photographes ont certes mis en lumière son spectaculaire patrimoine architectural, des images cependant connues de tous. Le choix a ici été fait, au travers d’un triptyque,* d’explorer autrement cette ville singulière . L’Étang de l’Or ou visions contemporaines – et désormais furtives ? – du territoire sauvage qui l’a vu naître.
Notre regard sur la ville a évolué lorsque nous l’avons quittée pour explorer la terre qui l’a vue naître. Car comprendre La Grande Motte, c’est aussi saisir l’essence du sol qui la porte aux portes de la Camargue, façonnée par les marais et le vent, où la nature est omniprésente. Sous cette apparente rudesse, se cache une âme profondément enracinée.


Pour en percer le mystère,nous avons parcouru les rives de l’Étang de l’Or. Là, nous avons découvert des cabanes de pêcheurs et de chasseurs, des habitations nichées dans un paysage sauvage. Loin de l’effervescence de La Grande Motte, nous sommes entrés dans un monde tout aussi singulier, empreint de calme et de vastes horizons.
D’une ville futuriste, nous avons glissé vers un univers traditionnel, où l’homme semble dialoguer avec les éléments. Ici, ceux qui ont choisi d’y vivre recherchent une solitude apaisante, l’infini du ciel et des lagunes, la sensation d’être au bout du monde. La faune et la flore s’unissent dans un spectacle mouvant, offrant à ce territoire une beauté brute.



Nous soulignons la beauté naturelle de son territoire, situé aux portes de la Camargue, en immortalisant les paysages des Pays de l’Or avec leurs marais, leurs cabanes et leurs traditions. Deux façons d’habiter se rencontrent : à La Grande Motte, c’est une utopie réalisée, un véritable jardin d’Éden où les habitants viennent chercher le bonheur, le temps d’un été, dans une cité conçue comme un idéal.
À seulement quelques kilomètres, les cabanes offrent un contraste saisissant avec l’architecture et les ambitions urbanistiques de la station balnéaire. Construites avec des matériaux de récupération, elles incarnent l’ingéniosité humaine et le lien intime avec la terre, symbolisant un mode de vie alternatif, en marge. À l’époque, elles servaient principalement à entreposer des outils et offraient un hébergement aux pêcheurs et aux chasseurs. Cependant, au fil du temps, elles ont évolué, passant de simples abris utilitaires à des résidences secondaires ou même principales, illustrant la transformation des usages et des attentes des habitants.



Nous avons délibérément privilégié des lumières et les atmosphères de l’aube et du crépuscule pour magnifier les paysages des Pays de l’Or. Sur le littoral languedocien, aux abords de la Camargue, le relief quasi inexistant laissait rapidement place à une lumière intense. Pour capturer toute la magie de ces décors, il nous fallait nous lever entre 4h30 et 5h du matin. Nos journées étaient longues et intenses : après une dernière prise de vue vers 22h, puis un dîner rapide avant de récupérer un peu, changer les plans films 4×5, le rythme restait soutenu. Mais l’effort en valait la peine.
Laurent Kronental et Charly Broyez
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* Découvrir l’intégralité du triptyque Cité Oasis : Totems ; Étang de l’Or ; Intérieurs