À Châteaufort (Yvelines), pour la ville maître d’ouvrage, Leo Berellini architecte, avec Antonio Belvedere architecte (associés phase concours), a livré en 2025 la construction d’une salle polyvalente dans les communs du château. Coût : n.c. Surface : n.c. Communiqué.
Le concours pour la construction de la salle polyvalente de la ville de Châteaufort a été lancé pour remplacer l’ancienne et vétuste salle située dans le cœur du village qui ne répondait plus aux normes en vigueur et engendrait de plus des nuisances importantes pour les riverains.
Cette petite commune a une vie culturelle florissante et organise des spectacles de musique, théâtre, danse, ainsi que des expositions et banquets. Le site retenu par la mairie pour ce projet est le Domaine d’Ors ; un peu éloigné du bourg sur une surface de cinq hectares, en pleine nature juste à côté du site protégé de la vallée de la Mérantaise. Il s’agit plus précisément des anciens communs du château, faisant partie d’un important patrimoine bâti comprenant un moulin, une chapelle, une orangerie et d’autres édicules disséminés dans le parc.

Les communs du château sont constitués de trois corps de bâtiment disposés en “U” orientés au sud autour d’une grande cour de 600 m². La construction est symétrique et dans l’axe de la cour, au sud, se trouve un petit bâtiment en forme de chapelle qui fait face à l’entrée principale. L’ensemble bâti possède un caractère remarquable par son implantation dans le site, ses proportions et son expression architecturale. Le site est enclos d’un espace boisé et protégé.
À l’arrière du bâtiment vers le nord se trouve une clairière. C’est à cet endroit qu’est prévue la nouvelle extension.
Le projet se veut discret ; il doit se fondre dans le cadre verdoyant de l’espace environnant inscrit comme Réserve naturelle régionale. Nous avons cherché à dessiner un projet tout en délicatesse, qui disparaisse en quelque sorte aux côtés des communs du château, qui par leur charme se suffisent dans cet espace.
La nouvelle salle s’insère dans la pente du terrain, elle est couverte par une toiture végétalisée dans la continuité de la clairière située au nord. Elle se positionne dans l’axe du bâtiment et elle en respecte la symétrie ; elle s’éloigne des quatre mètres prescrits par la réglementation et elle se met en communication avec les anciens communs par deux légères galeries vitrées.

L’intégration du projet dans le site a été le premier objectif. La délicatesse du geste architectural, le respect de la mémoire historique du bâtiment ancien et du site classé ont conduit l’agence à enterrer le plus possible la salle. Le projet a été soumis pour avis à une commission des sites qui a été favorable au projet.
Les résultats de l’étude de sol ont mis en évidence un terrain plutôt sableux ce qui a demandé une particulière attention pour les fondations. Le système retenu a été donc un système de fondations superficielles filantes sur puits en gros béton non armé.
La superstructure en béton armé est composée de voiles au nord et au sud de la salle. Ceux-ci soutiennent deux grands PRS longitudinaux en acier de 1 mètre de haut sur lesquels se pose une série de pannes transversales avec un rythme de 1,5 mètre qui se prolongent au-delà des murs longitudinaux, en générant un port à faux de 2,5 m de chaque côté de la salle. La toiture, soulevée par rapport aux murs longitudinaux, est végétalisée au droit de l’emprise de la salle. Les murs longitudinaux sont pensés et construits en pisé. Comme si le flanc de la colline avait été découpé en montrant ses viscères et donc la stratigraphie des couches géologiques. Quel matériau aurait pu s’intégrer mieux au site que sa propre terre, travaillée en strates, sans altérer sa texture et sa couleur ? Les murs délimitent la salle sur les côtés est/ouest : ils sont porteurs, protégés au sol par un soubassement en béton de 30 cm, couronnés par une arase en béton armé, protégés de la pluie et couverts en tête par les toitures en porte-à-faux.
Mesurant 25 m et 15 m de long, une épaisseur de 60 cm et une hauteur de 5,85 m, ces murs porteurs en pisé sont doublés côté intérieur par un béton de chanvre banché de 20 cm d’épaisseur, laissé apparent et solidarisé aux murs en pisé par des montants en bois intégrés dans l’épaisseur du doublage. L’ensemble des murs en pisé et doublage chanvre a fait l’objet d’une ATEX de type b auprès du CSTB. Cela a représenté un vrai obstacle au projet qui a pu être franchi grâce à l’étude approfondie de plusieurs ingénieurs spécialisés dans la matière aussi bien du pisé que de la thermique pour ce qui concerne le chanvre.


Des analyses des terres du site ont été faites en collaboration avec Craterre et le BET Vessière, mais les terres étaient trop sableuses. Une fois le chantier ouvert nous avons trouvé la terre utilisée pour les murs sur la piste d’accès créée pour le chantier. La terre, plutôt argileuse, a été tout d’abord broyée puis mélangée à du sable limoneux trouvé également sur le site, à des graviers et à 7 % de chaux hydraulique naturelle. Il a fallu environ une trentaine de jours à une équipe de cinq compagnons qualifiés pour les édifier.
Lors de la conception de ce bâtiment tous les éléments architecturaux ont été pris en compte afin de pousser leurs caractéristiques thermiques à leur maximum. L’ensemble de la dalle de sol a été isolé par 15 cm de polystyrène ainsi que le mur arrière au nord dans la colline et les deux murs latéraux qui sont partiellement enterrés. La toiture est végétalisée et reçoit une isolation thermique de 20 cm d’épaisseur. Ce bâtiment est climatisé par une pompe à chaleur réversible et couplée avec une CTA double flux, munie d’une roue de récupération thermique. La construction des deux murs latéraux en pisé participe aux travaux d’intégration de ce bâtiment, avec l’avantage d’utiliser un matériau prélevé sur site en diminuant notablement l’empreinte carbone de ce chantier. Également, le béton de chanvre, mélange de chènevotte et de chaux est un matériau présentant un impact environnemental réduit et des excellentes propriétés hygrométriques.