À Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), pour Plaine commune maîtrise d’ouvrage, Marc Mimram Architecture et Ingénierie a livré en 2024 la 1ère phase du franchissement Urbain Pleyel. Surface – Pont : Longueur 300 m – Largeur 20 m / Passerelle : Longueur 300 m avec 3 structures habitées. Coût : 96 M€. Communiqué
Le projet pour le nouveau lien entre les deux gares de Pleyel et de Saint-Denis Stade de France était l’occasion de constituer un espace public au centre de la ville qui soit par-delà le lien fonctionnel un lieu habité, un lieu de transit mais aussi de respiration, un lieu de résidence, un lieu de développement des plaisirs urbains, un lieu d’attention au magnifique panorama que le fleuve ferroviaire ouvre sur l’horizon.
Il s’agissait donc de transformer ce lien fonctionnel en un véritable lieu, redonner à l’espace public sa fonction principale, celle du partage, de l’appartenance, un espace pour tous, valorisé par les conditions du site, valorisant les conditions du site. Un lien qui s’adresse non seulement aux deux rives mais qui devienne une véritable polarité à l’échelle du quartier Landy Pleyel.


Il s’agissait de construire un lien infrastructurel au-dessus de l’infrastructure du réseau ferré pour mettre en liaison deux réseaux de transports métropolitains que forment les lignes nouvelles de la SGP à l’Ouest avec les lignes du RER à l’Est. Il s’agissait de transformer l’infrastructure souvent considérée comme un mal nécessaire en un bien partagé, celui de l’espace public offert à tous. Il ne s’agissait donc pas de franchir une infrastructure de manière détachée et aveugle mais bien au contraire de profiter de la situation urbaine et infrastructurelle pour développer un projet unique, en ce lieu unique.
Pour habiter le pont, le projet était de constituer un véritable espace public appropriable, habitable, généreux, profitant des conditions particulières du site sans le nier pour constituer des pièces urbaines, des lieux de plaisirs qui installent la passerelle et le pont comme un véritable équipement en ville, une nouvelle polarité pour le quartier de Landy Pleyel.

Les structures d’accueil des programmes possibles sont indissociables des franchissements. Elles magnifient les programmes en rendant habitable la structure lisible à toutes les échelles, proche dans le parcours des piétons et lointaine dans la skyline de la ville.
Les trois superstructures dessinent un paysage urbain, elles constituent des rochers, des compositions arachnéennes qui se développent dans le ciel de Saint-Denis et constituent autant de moments dans le parcours des piétons.
Une séquence des plaisirs urbains
Au gré des parcours, la passerelle offre des plaisirs urbains variés et appropriables, tant pour les cyclistes que pour les piétons. À l’ouest au sortir de la gare Pleyel, la superstructure est continue sur la petite portée du franchissement indépendant. Elle constitue une forme de rocher prolongeant la topographie du sol permettant une appropriation par les usagers qui pourront s’y asseoir, s’y détendre au sud, s’y allonger au soleil, y créer un lieu de convivialité. C’est une topographie habitable, un sol transformé assurant la rigidité de la structure et le franchissement de la petite portée.
Sur le grand franchissement longeant le pont, la structure est composée d’un système d’arcs multiples qui accueille l’installation artistique de Nadine Schütz. La structure pourra devenir un lieu protégé et transparent, une serre habitée.


La place au centre est naturellement organisée topographiquement grâce aux deux parcours piétonniers au nord et au sud qu’elle liaisonne. Les gradins inscrivent naturellement dans cette topographie, à l’intérieur desquels se trouvent des emmarchements et une rampe de liaison accessible aux personnes à mobilité réduite. Il s’agit d’une séquence centrale dans le dispositif, un lieu d’usage et de représentation, une place en balcon, orientée de manière privilégiée vers le sud, qui protège les piétons du trafic routier situé au nord. Appropriable et offerte à tous cette place est accueillante de jour comme de nuit.
La structure jardin de la gare à l’est est constituée d’arcs démultipliés qui façonnent un ensemble de lignes ouvertes dans le ciel, ordonnant une forme légère douce et galbée ouverte sur le ciel. Ici il n’y a pas de couverture de cette structure mais plutôt un dispositif végétal qui depuis la structure jusqu’au sol et du sol jusqu’à la structure constitue un voile végétal à l’instar d’un jardin vertical. C’est donc une structure d’accueil au monde végétal, artificielle mais sans artifice de nature, envahie par la végétation et constituant une séquence spécifique aléatoire et vivante au sein du dispositif de franchissement. Les escaliers, les escalators permettront de rejoindre les quais, et la gare devient aérienne inscrite dans la structure du pont, l’habitant et permettant aux usagers de rejoindre directement au niveau du tablier la gare Pleyel.
Le projet organise les séquences particulières multiples et variées que les usagers pourront s’approprier en constituant autour de l’espace public un véritable lieu habité dans la ville qui se transforme.

La structure des possibles : un espace public généreux
La proposition urbaine et architecturale du projet se fonde sur deux hypothèses, celle d’une structure rationnelle et libre accueillant un programme adaptable et celle d’un espace public majeur en ville offert aux parcours multiples et aux plaisirs du lieu. À l’unité statique et constructive raisonnée répond la diversité des parcours possibles, des lieux appropriables, des moments et des séquences franchies.
Il s’agissait avant tout d’offrir dès l’ouverture de l’ouvrage et indépendamment de l’accompagnement bâti au nord une structure d’accueil habitée, qui soit inscrite dans la logique du franchissement, qui autorise une appropriation par les usagers d’un nouvel espace public majeur en ville.
Ses qualités se développent à partir du dialogue qu’il permet d’installer : dialogue entre les gares, dialogue avec l’infrastructure, dialogue avec les usagers.


