
À Barbès, Paris (XVIIIe), pour Elogie-Siemp maître d’ouvrage, Benjamin Fleury Architecte-Urbaniste a livré en 2025 un bâtiment neuf de sept logements. Surface : 444 m². Coût non précisé. Communiqué.
Faisant suite à l’éviction par la SOREQA d’un propriétaire indélicat mettant en location des logements insalubres dans un immeuble entièrement impropre à l’habitation, et après un diagnostic structurel sans appel, Elogie-Siemp a acté la déconstruction de ce dernier pour y bâtir un projet à énergie positive.
La difficulté technique et architecturale de cette opération de sept logements en R+7 réside dans la conception d’un projet à la fois BEPOS, le long du bruyant boulevard Barbès, et capable de s’insérer finement dans l’environnement complexe de cette séquence urbaine.


Le boulevard Barbès est un lieu singulier, marqué par une forte densité commerciale et par une circulation toujours encombrée. Cet univers, composé d’une succession de magasins et de stands extérieurs, attire une foule hétéroclite de chalands et de badauds.
Malgré la fermeture de l’enseigne TATI, le quartier conserve quelques repères emblématiques tels que le cinéma Le Louxor, la brasserie Le Barbès, ainsi que le viaduc du métro, avec sa station suspendue autour de laquelle gravitent marabouts et autres vendeurs à la sauvette.

La parcelle du projet est encadrée par deux bâtiments de styles et d’époques distinctes :
– au numéro 6, un immeuble typiquement haussmannien du XIXe siècle, avec ses deux premiers niveaux en pierre striée, ses balcons individuels en fer forgé du 2e au 4e étage, un balcon filant au 5e étage, et un mansart en zinc au 6e étage. L’ensemble est organisé selon une composition axée sur l’horizontalité ;
– au numéro 10, un immeuble de 1930 de style Art déco, où l’horizontalité haussmannienne est remplacée par une verticalité affirmée. Les pilastres, frontons et ferronneries florales y sont remplacés par des ornementations géométrisées.
L’utilisation commune de pierre de taille issue des carrières parisiennes unifie néanmoins les deux édifices. Par ailleurs, la richesse ornementale de leurs façades rappelle le luxe d’antan du quartier, alors que l’animation horizontale contemporaine des rez-de-chaussée commerciaux contraste avec cette verticalité historique.


L’élaboration
Composition Bioclimatique
Le plan-type a été pensé pour optimiser les apports solaires et réduire les besoins énergétiques :
– les pièces de vie sont orientées plein ouest sur le boulevard, avec de larges baies vitrées ;
– les pièces d’eau sont éclairées naturellement côté cour, orientée est ;
– l’escalier, également éclairé côté cour, bénéficie d’une porte vitrée donnant sur le palier, permettant un éclairage en second jour.
Composition de la façade
Le choix du béton apparent. La façade côté rue est constituée de prémurs béton isolés, avec une finition teintée dans la masse couleur sable, complétée d’un sablage. Cette « pierre liquide » contemporaine entre ainsi en résonance avec la pierre historique des deux immeubles limitrophes.


Verticalité et horizontalité :
– une trame verticale rythme la façade, unifiant les parties pleines, les menuiseries et les volets (coulissants ou rabattants) ;
– les nez de plancher en béton soulignent l’horizontalité des niveaux, tout en masquant les rails des volets.
La façade propose ainsi une superposition des deux trames, proposant une transition architecturale entre les styles haussmannien et Art déco.

Ornementations
Les bâtiments voisins présentent des garde-corps en ferronnerie et des encadrements de fenêtres en pierre. En écho, la façade du projet propose des garde-corps à barreaudage vertical, avec lisse haute en tasseau de bois et un ensemble de volets métalliques (coulissants ou rabattants) en maille déployée bronze, constituant une ornementation contemporaine.