Fait très rare et insigne honneur pour des architectes étrangers, Romain Viault, à Paris, et Xavier Laumain, à Valence, ont cette année été invités à participer aux Fallas de Valencia, en Espagne. Leur création, intitulée PostNatura, symbolisant la fragilité de la Nature qui se consomme et se consume, a été primée deux fois avant de s’embraser. Découverte d’autres fallas vouées à la crémation.
Curieux de découvrir les œuvres des autres artistes falleros, nous sillonnons les rues de Valence. La plupart des 800 fallas qui jalonnent la ville sont «traditionnelles». Elles diffèrent pourtant des premières figurines satiriques qui, du Moyen-Age jusqu’au XVIIIe siècle, étaient composées de débris de bois, revêtues parfois de fripes usagées, puis plus tard de papier mâché.
Les fallas actuelles comportent quant à elles une ossature en bois enveloppée de polystyrène. La légèreté et la facilité de modelage de ce matériau permettent aux artistes falleros de sculpter plus librement des œuvres exubérantes de grande envergure.
Mais la critique a laissé place à la provocation. Les figurines caricaturales sont souvent grotesques voire grossières. Un expatrié français résume : «Je suis lassé de voir des fesses et des nichons de couleur pastel, où la satire est bien-pensante».
Certaines fallas traditionnelles sont toutefois plus raffinées. Par vox populi, le ‘ninot’ condamnant l’extinction des métiers d’artisanat échappera aux flammes et rejoindra au musée Fallero les autres sculptures «graciées» les années précédentes. Toutes les autres fallas sont condamnées à s’embraser le 19 mars, répandant dans l’atmosphère une épaisse fumée noire polluante générée par le polystyrène. A cela, d’aucuns répondent que l’air de Valence est particulièrement sain pendant les fallas puisque le centre-ville est interdit à la circulation routière !
Nous partons à la découverte des fallas expérimentales. Découpées dans un grand mur bleu Klein, de petites fenêtres jaunes laissent percevoir des figurines dénudées (hommes, femmes, transgenres). Cette falla remporta le premier prix des fallas expérimentales.
Plus loin, des robots exosquelettes désarticulés sont suspendus à une tour d’aspect industriel.
Une autre falla expérimentale attire notre regard : le poids de la couronne royale difficile à porter.
Pause-déjeuner ! En commandant des tapas, nous apprenons que le nom vient du mot tapón (bouchon). Afin d’éviter que les insectes ne plongent dans les verres, on les recouvrait d’une soucoupe remplie d’amuse-gueules.
C’est le jour de la ‘ofrenda’. Toutes les falleras ont ôté leur polaire disgracieuse pour se parer de costumes somptueux. Vêtues d’une robe à panier brodée et dentelle fine,…
…coiffées d’une ‘peineta’ dorée (peigne) et agrémentées de ‘moño’, les cheveux torsadés recouvrant les oreilles qui rappellent feue la princesse Leia), …
… elles défilent jusqu’à la place de la vierge …
… pour lui offrir un bouquet de fleurs.
Les œillets rouges et blancs forment la majestueuse robe de la vierge. Anachronique !
A demain!
Romain Viault, avec Xavier Laumain
PS : Pour l’occasion et durant toutes les festivités des Fallas de Valencia, voire un peu au-delà, Chroniques d‘architecture devient quotidien, le journal de l’évènement étant relaté au jour le jour par Romain Viault. Retrouvez ici tous les épisodes de l’aventure.