Fin 2016, l’architecte et plasticienne belge Inessa Hansch a livré sur la Presqu’île de Caen (Calvados) un club de Kayak. Un petit équipement sportif de 432m² certes (pour un budget de 375 000 € HT) mais qui vient utilement compléter le projet d’aménagement des espaces publics de la pointe de la presqu’île, à deux pas de la bibliothèque Alexis-de-Tocqueville conçue par OMA et inaugurée en janvier 2017. Communiqué.
Cernés par le bassin Saint-Pierre, le canal maritime et le chenal Victor-Hugo, le futur Palais de Justice et la bibliothèque Alexis-de-Tocqueville sont installés sur les onze hectares d’une ancienne friche qui se trouve à l’extrémité de la presqu’île de Caen*.
«L’aménagement de cette portion de ville a été envisagé comme un tout afin de redonner l’expérience de la grande échelle et la conscience du parcours de l’eau. Trois natures d’espaces sont définies dans la profondeur de la presqu’île : un quai rattaché au système urbain existant et abordé comme un cadre dans le prolongement des rives connexes, un très large chemin programmatique – planté et multidirectionnel – contenant les bâtiments et, en cœur de site une vaste pelouse telle une grande ouverture horizontale en lien avec la vieille ville. Ces trois séquences déterminent les trois lignes de force du projet ainsi que les conditions de son aménagement», indique Inessa Hansch**.
Ainsi, le quai bétonné est vu comme une structure linéaire et non comme une place. Débarrassé de ses scories, il fait le lien entre la presqu’ile et le canal. Il accueille aujourd’hui un nouvel espace dédié aux activités nautiques. Cette structure débordante et poreuse abrite un club de kayak envisagé dans la continuité de ce quai comme un bâtiment très ouvert et traversable, inséparable de l’espace public. Situé tout à l’est, il constitue une invitation dans la profondeur par sa transparence et suscite l’appropriation du lieu.
Obéissant à une trame orthogonale généreuse et rigoureuse (4 mètres) qui lui confère un grand potentiel d’activités, ce club de kayak répond à une double intention : satisfaire aux exigences d’un programme d’équipement et faire office d’espace public abrité. Sa structure, débordante, est ouverte et traversante. Aucune limite de sol ne démarque l’espace public. Les surfaces des espaces intérieurs du bâtiment sont traitées comme le quai, en béton clair. Une circulation périphérique et protégée sert aux promeneurs comme aux usagers du club de kayak.
Les façades sont dotées d’immenses portes en guise de grandes baies sur le paysage. À cette incongruité d’échelle, répond la présence des bateaux multicolores faisant eux aussi partie de ce dispositif extraverti. Alignés en rayonnages verticaux, ils se font vitrine du club.
Eclairés en imposte le long de la façade, les vestiaires donnent également sur les espaces extérieurs et deviennent des petites pièces habitées ouvertes sur la ville. L’usage fait façade. La facilité et la fluidité des déplacements comme des pratiques caractérisent ce projet.
* Voir à ce sujet nos articles :
– Pour Caen, c’est l’heure !
– Presqu’île de Caen, mutation culturelle autant qu’architecturale
– A Caen, les équipements arriment la presqu’île au centre-ville
– OMA en pays conquis, la croix et la manière
** (Re) construire la ville sur mesure, dir. Frédéric Lenne, éditions de la Découverte, Paris, 2016,