A Cannes (Alpes-Maritimes), Christophe Gulizzi a livré en 2021 le campus George-Méliès composé de l’Université du Cinéma et de la Cité des Entreprises. Surface de plancher 7 000 m². Coût des travaux 22 M€HT. Communiqué.
De Fritz Lang à Amos Gitai en passant par Eric Rohmer, une forte complicité apparente le cinéaste et l’architecte.
Premier vecteur de l’imaginaire de la ville, tous genres confondus, le cinéma est le perron universel par où l’on pénètre de plain-pied dans la ville, réelle ou rêvée, passée, présente ou future. Tant et si bien que la forme d’une ville s’arrime désormais puissamment à la forme cinématographique.
Le Campus universitaire Georges-Méliès accueille mille étudiants sur le site de la Bastide Rouge dans le quartier de La Bocca à Cannes.
Cet établissement d’enseignement supérieur financé par la Ville de Cannes et géré par l’Université Côte d’Azur propose 35 formations de niveau Bac à Bac+8, pour la plupart uniques en France et en Europe, majoritairement dédiées aux métiers de l’écriture et de l’image.
Cette vocation en faveur du développement de la filière de l’économie créative sur le bassin cannois s’inscrit dans le cadre de l’ambitieux programme « Cannes on Air » dont l’objectif est de doter le territoire de tous les maillons de la chaîne de conception de contenus audiovisuels et de faire de Cannes la capitale européenne des métiers de l’écriture et de la créativité.
Un quartier en mutation
Le site de la Bastide Rouge, technopôle dédié à l’image et aux industries créatives, est d’une superficie de quatre hectares. Il accueille aujourd’hui le Cineum, cinéma multiplexe de 2 400 places conçu par Rudy Ricciotti, ouvert en août 2021, une résidence étudiante de 172 appartements en cours de construction par le Cabinet Comte et Vollenweider (ouverture rentrée 2022) et l’Université du Cinéma, réalisée par Christophe Gulizzi.
Entrée de ville
Le bâtiment s’intègre dans un projet d’aménagement urbain au sein duquel le campus fait office de nouvelle entrée ouest de la ville depuis l’aéroport de Cannes-Mandelieu.
« La stratification organisationnelle alternant locaux d’enseignement, entreprises et bureaux administratifs entraîne mixité et rencontres », souligne Christophe Gulizzi.
Afin de favoriser la synergie entre l’enseignement, la recherche et la création d’activités innovantes, le Campus Georges-Méliès abrite à la fois une université et une cité des entreprises. Cette dernière héberge aujourd’hui treize sociétés et start-up dans le domaine de l’audiovisuel bénéficiant d’un accompagnement au développement économique de l’Agglomération Cannes Lérins. Les étudiants viennent se former directement au contact des entrepreneurs, aux métiers de l’écriture, de l’image et du son.
Chacune de ces deux entités accueille des pratiques répondant à des contraintes et exigences spécifiques. Le bâtiment met ainsi à disposition des étudiants et des jeunes professionnels des espaces dédiés, mais aussi des parties communes, des points de rencontre entre le monde de l’université et celui des entreprises.
Point de rencontre
Le rez-de-chaussée et les mezzanines sont des lieux de rencontre, de partage et d’échange, dans un espace baigné de lumière naturelle grâce au patio central. Le rez-de-chaussée est également un lieu de mise en scène du projet, qui permet d’embrasser l’ensemble de son organisation, grâce à la lecture de sa stratification depuis le patio.
La tenue du voile incliné du rez-de-chaussée aux mezzanines est effectuée en pied par le voile vertical et en tête par la dalle en porte-à-faux (sur une partie). La rigidité des éléments de jardinière et poutres fonctionne en flexion déviée. D’un point de vue de la mise en œuvre, le coffrage a nécessité une coupe tous les 50 cm afin de pouvoir déterminer avec précision l’ensemble des divers niveaux nécessaires à sa bonne fabrication.
Conçue pour limiter les effets d’écho dans le hall, la dalle acoustique est constituée d’un BFUP avec des fibres synthétiques. D’une épaisseur de 7 cm, elle est suspendue à la dalle structurelle située au-dessus. Plus de 29 000 trous formés par des écocups et pots de popcorn ont été vissés un à un sur les planches de coffrage puis décoffrés.
Les façades nord, est et sud du Campus Georges-Méliès sont réalisées en béton architectonique. Elles sont non alignées, porteuses d’un niveau à l’autre et reprises par des poteaux ou des poutres. La rigidité des poutres biaises en tête et en pied de façade, en font un système de « pont suspendu » entre chaque point porteur. La redondance de ces éléments constitue un bâtiment hyperstatique. Les brise-soleils sont des éléments structurels, tel un squelette, certains abritent même les descentes d’eau pluviale.
Ouvrage d’art
Au dernier étage au-dessus de l’entrée principale, un pont relie les ailes latérales par un franchissement de 17 mètres. Il est suspendu à 19 poteaux rattachés aux poutres post-contraintes, dissimulées en toiture. Le corps central de la passerelle dépourvu d’ouverture sert d’espace de stockage alors que l’administration occupe les bureaux en périphéries. Cet élément participe à alléger l’allure du bâtiment.