À Dole (Jura), pour le Conseil général maître d’ouvrage, l’agence lyonnaise Tectoniques a livré en 2025 la dernière phase de la restructuration du collège Maryse Bastié. Surface 8 248 m². Budget 12,10 M€ HT. Communiqué.
Construit en 1974 par Jouven et Phelouzat (également auteurs de l’hôpital voisin), le collège existant se trouve en périphérie au sud-ouest du centre-ville, dans un tissu périurbain mêlant équipements, zone d’activité, habitat collectif et pavillonnaire. Il est composé de plusieurs bâtiments disposés selon un système orthonormé sans relation à son environnement.


Cette architecture fonctionnaliste mal entretenue présente aujourd’hui de nombreux désordres. La fragmentation des bâtiments et les ajouts successifs ont rendu l’ensemble peu lisible et dysfonctionnel. Le collège existant est symptomatique d’un patrimoine ordinaire des années ‘70 largement déconsidéré. Sa transformation est aujourd’hui une nécessité pour faire face aux enjeux environnementaux contemporains. Cela suppose de l’envisager selon un regard renouvelé, comme un héritage à prendre en charge, une ressource disponible plutôt que d’en faire table rase.
Au-delà de la mise aux normes et de la rénovation thermique du bâtiment, l’intervention vise à opérer une clarification formelle et programmatique de l’ensemble du site pour désengorger l’établissement aujourd’hui saturé à 550 élèves tout en augmentant sa capacité d’accueil à 600. La stratégie de projet doit également prendre en compte la nécessité d’un chantier en site occupé et donc d’un phasage.
La démarche de Tectoniques consiste au préalable à poser le bon diagnostic sans a priori. Il s’agit de faire avec, de réparer et de révéler les qualités du déjà-là, en l’occurrence la rationalité du système constructif qui permet l’adaptabilité de l’ouvrage. La nouvelle image est ainsi un résultat et non un postulat. L’intervention cherche à soulager la complexité héritée de la situation existante pour offrir un fonctionnement optimal sur le long terme. Cela passe par la simplicité et la franchise des dispositifs architecturaux et constructifs.


Dans un premier temps, les multiples additions sont supprimées. L’extension vient ensuite prolonger l’existant selon le même système vers l’est pour ajouter un bloc pédagogique et la demi-pension et vers l’ouest pour reconnecter le pôle SEGPA jusqu’à présent isolé. Le volume est aussi surélevé d’un étage pour créer des salles de classe supplémentaires. Cette reconfiguration instaure une hiérarchie entre les bâtiments auparavant très équivalents et génère un ensemble plus homogène et cohérent.
La cour est déplacée au sud, du côté de la ville à laquelle s’adresse un nouveau parvis d’entrée accompagné d’un auvent servant aussi de local vélo. Le hall d’entrée est repositionné dans l’axe, au barycentre du plan redéfinissant une séquence claire depuis l’espace public. Il ouvre sur un vaste atrium doté d’un escalier monumental à gradins qui mène directement au Centre de Culture et de Connaissance dans son prolongement vers le nord (en phase 3). Cet espace redéfinit une centralité dans cet ensemble fragmenté. Il agit comme une rotule à l’articulation des différentes ailes et permet une meilleure orientation dans l’établissement grâce à son ouverture en hauteur et sur le paysage. On perçoit la juxtaposition des différentes périodes de construction grâce à la structure apparente.
L’existant est construit selon un procédé de préfabrication « Stribick » à base de caissons de planchers en béton auparavant dissimulée sous un faux plafond. Ces caissons sont sablés. La révélation de cette structure caractérise les ambiances, améliore l’inertie et rend intelligible la manière dont le bâtiment est construit. L’ossature existante est envisagée comme un système générateur de l’extension. Les parties neuves réinterprètent les planchers à caissons en déclinant une solution bois de proportions identiques. Cette filiation entre deux modes constructifs brouille la distinction entre l’ancien et le neuf.

Le projet restructuration du collège Maryse Bastié est fondé sur une démarche environnementale ambitieuse qui favorise l’emploi de ressources locales que ce soit à travers l’utilisation massive du Bois du Jura (640 m3) ou la valorisation de savoir-faire territorialisées. Auparavant qualifiée à juste titre de « passoire thermique » l’enveloppe est considérablement améliorée grâce à une isolation thermique extérieure en laine de bois. La construction bois, largement préfabriquée et aux nuisances limitées est aussi une réponse adaptée à la problématique d’un chantier phasé en site occupé.
Les façades sont habillées de cassettes d’aluminium à joint debout de couleur verte, évocation des pignons métalliques jurassiens et du caractère forestier de cette région. La façade sud est augmentée de larges casquettes de protection solaire suspendues par une fine structure métallique. Ces débords protègent les façades et abritent le cheminement extérieur longitudinal. La composition en bandeaux horizontaux alterne aluminium et bardage bois entrecoupés des larges baies. Cette nouvelle enveloppe unifie l’existant et le neuf.