L’agence Vallet de Martinis (Antoine Vallet et Guillaume de Martinis) a livré en 2022 à Draveil (Essonne), pour l’Institut le Val Mandé maître d’ouvrage, un établissement d’accueil médicalisé pour personnes handicapées vieillissantes. Surface : 2 568 m². Coût : 7,70 M€ HT. Communiqué.
Genèse du projet
Le site proposé s’inscrit dans le contexte particulier d’évolution de l’hôpital Joffre, en lisière de forêt de Sénart. Ce contexte conditionne le rapport que doit entretenir le projet avec la ville et son environnement. Il s’agit nécessairement ici de réussir à « dialoguer » avec la nature environnante, fortement présente et quand cela est possible, de préserver un lien direct avec le voisinage ainsi qu’une certaine quiétude des futurs résidents et utilisateurs lorsque cela est nécessaire. L’omniprésence de la forêt de Sénart apporte tranquillité et sérénité au site, malgré la présence de la rue de l’Ermitage. Assez peu passante, la rue de l’Ermitage est néanmoins l’une des entrées de la ville de Draveil depuis la forêt de Sénart vers le bas de Champrosay et un accès privilégié sur le site de l’hôpital Joffre. Installé sur ce site, le foyer d’accueil médicalisé permet ainsi un dialogue entre le site historique de l’hôpital, la ville et la forêt.
Depuis les premières esquisses, l’accent a toujours été mis sur la fonctionnalité du projet et le lien avec l’environnement direct de la forêt. Ainsi, le projet se compose de deux maisons qui viennent se poser sur une ligne de fonctions communes, permettant de détacher les unités de vie, de leur donner à voir la forêt et de les mettre à l’abri des regards indiscrets. Le contraste de matérialité entre les deux niveaux permet d’appuyer ce ressenti, tout comme la mise en retrait du rez-de-chaussée par rapport au premier niveau, qui installe une promenade tout autour du projet et contrôle les apports solaires. Les espaces communs du foyer sont, par ailleurs, mis en exergue par les différents patios qui deviennent lieux de vie à part entière.
Une figure claire
Le choix dans l’implantation du bâtiment s’est fait principalement en réponse à la forme du site. En effet, il paraissait intéressant que les résidents se sentent comme chez eux, c’est-à-dire en disposant les espaces communs en rez-de-chaussée et leur espace intime au premier étage, pour suivre la typologie traditionnelle de la maison.
Le dessin de cette maison s’est fait de façon naturelle, d’abord par les usages. Lisible depuis l’extérieur, le projet est composé de deux unités de vie sous la forme de blocs voisins, deux maisons en brique posées sur un socle de verre. Le foyer d’accueil médicalisé prend la forme d’un monolithe venant se « poser » sur son site, parallèlement à la rue de l’Ermitage. L’accès piéton peut donc se faire depuis le parking au sud ou perpendiculairement à la rue, dans l’axe du hall d’entrée. Cet axe structure le projet et lui offre une grande transparence, permettant de distinguer le hall d’entrée, le grand patio central ainsi que l’arrière du projet.
La compacité du projet offre une meilleure lisibilité des espaces et une meilleure gestion des flux, rendant compatibles la sécurité et l’intimité. Chaque résident a son propre espace intime, la chambre, qui est incluse dans un espace commun général formant une unité de vie. Le groupement d’unité de vie fait partie d’un ensemble global, le foyer d’accueil médicalisé. Le projet s’apparente à un jeu des poupées russes, où différentes enceintes mènent vers une sphère de plus en plus intime du projet.
La connexion entre ces différentes sphères de l’intime doit se faire avec subtilité. Le projet s’articule autour des espaces extérieurs généreux dans l’emprise du bâtiment, lui-même entouré d’un environnement immédiat très naturel avec la présence de la forêt de Sénart ; là encore, intimité, sérénité et sécurité s’accordent harmonieusement.
Le projet a été guidé par la disposition des chambres et des différentes unités de vie. Ainsi, chaque groupement d’unités (deux fois deux unités) s’organise autour d’un patio et d’une terrasse et est à nouveau séparé par un patio. En rez-de-chaussée, cette disposition offre une polyvalence des espaces. Outre l’apport de lumière naturelle des patios, ces derniers, tout comme les terrasses, peuvent accueillir du mobilier et deviennent des lieux de vie en rez-de-chaussée, en lien direct avec les éléments significatifs du programme comme les espaces de bien être, la salle à manger ou la salle polyvalente.
Implanté au cœur de l’établissement, le patio central sépare les espaces accessibles aux résidents de ceux réservés aux personnels. Conçu comme un espace de respiration au centre du foyer d’accueil médicalisé, il est au carrefour de l’ensemble des parcours et des pratiques et pourrait ainsi s’apparenter à une « place de village », espace référent pour l’ensemble des utilisateurs. À ce titre, il est volontairement dans l’axe du hall d’entrée et de l’espace d’attente du pôle soin, mais également depuis les circulations du rez-de-chaussée et des étages. Le patio central est le liant organisationnel des différents espaces du foyer et l’espace paysager qui concentre les usages, organise les espaces et rythme la journée.
Omniprésence du lien avec l’extérieur – la forêt de Sénart
Au rez-de-chaussée ou à l’étage, dans les espaces de vie ou de travail, qu’il soit dans l’emprise du projet ou non, le lien avec l’extérieur est omniprésent. Le projet intègre un jardin des senteurs et des aromates, un potager ainsi que des tables de jardinage et de jeu pour les résidents. On retrouve, là encore, un schéma traditionnel de maison où la terrasse et les tables de jardin peuvent accueillir un repas et toutes sortes d’activités, et où l’on cultive ses propres légumes qui pourront être cuisinés lors des ateliers pédagogiques.
Le dessin du projet a été guidé par la réalisation d’un véritable « chez soi ». Chaque espace est pensé en lien avec l’extérieur pour bénéficier de la sérénité de la nature environnante, comme une sorte de remède.
L’habitat traditionnel est réinterprété, d’une part avec la disposition des chambres à l’étage et les espaces communs au rez-de-chaussée, ainsi qu’en installant le jardin au nord de la parcelle, en lien direct avec la forêt de Sénart, afin qu’il fasse partie intégrante de ce « grand paysage ». Une discrète clôture sépare le sentier forestier Saint Sauveur du jardin.
À l’étage, deux grandes terrasses font le lien entre les espaces communs significatifs de chaque unité et les patios. On peut s’y reposer ou y prendre des repas tout en gardant une certaine intimité. Bien qu’ouvert sur l’extérieur, un patio peut paradoxalement procurer un sentiment d’enfermement quand cet espace est entièrement clos. Ici, la perception des extérieurs et du patio central s’ouvre et se prolonge par un travail de transparence perceptible depuis les terrasses, les salles à manger des unités et depuis les circulations.
Voir aussi la présentation du projet (2017) : Vallet de Martinis lauréat de l’Institut le Val Mandé