AREP a livré en juin 2024 à Paris (Xe) la halle à vélos de la Gare du Nord, le plus grand parking à vélos de France. Surface de plancher bâtiment(s) : 1 700 m². Budget : n.c. Communiqué.
Spécimen de son espèce, la Halle à vélos de la Gare du Nord à Paris (Xe) est une expérimentation de nouveaux toits communs. Elle matérialise des usages fédérateurs, suscitant l’adhésion à des modes de vie frugaux et sobres, avec l’essor du vélo, intermodalité essentielle aux gares métropolitaines. Ombrière à grande échelle, à l’heure d’une France à +4 °C* et d’un Paris à 50 °C**, elle est aussi un commun du bien-être climatique, un sombrero métropolitain.
Représentative des enjeux de notre époque sur la façon d’aborder la question constructive, elle concrétise de nouvelles approches soucieuses de légèreté écologique – réduction de l’impact en ressources, choix en conscience des matériaux, volontarisme, du réemploi, recherche de simplicité constructive – en intégrant les énergies renouvelables comme matières à construire.
Dans le sillon du Plan Climat de Paris et en anticipation de son plan local d’urbanisme bioclimatique, elle apporte ainsi un élément de réponse au devenir des halles, et plus globalement de la canopée urbaine, face au double défi de l’atténuation et de l’adaptation au changement climatique.
Une halle parmi d’autres
Au début, la demande de la maîtrise d’ouvrage n’était pas de construire une halle mais un parking à vélos efficace. La toiture est une donnée d’entrée du projet car les places de stationnement conformes à la loi LOM doivent être abritées. Or nous sommes en contexte patrimonial, soumis à l’avis de l’Architecte des Bâtiments de France ; cela complique quelque peu l’équation.
« Une solution pérenne s’est imposée : nous nous sommes vite rendu compte que le stationnement d’un millier de vélos nécessiterait de construire un nouveau « bâtiment » plutôt que d’utiliser des mobiliers urbains. Le patrimoine est la matière première durable de nos projets ; il s’agissait ici de continuer l’histoire. Les halles sont une constante dans les gares car elles répondent parfaitement aux différents usages. Logiquement, nous avons donc opté pour une halle, ce qui convenait parfaitement à l’Architecte des Bâtiments de France, d’autant que nous nous sommes placés dans l’axialité de la halle Transilien et que nous avons respecté la trame longitudinale d’Hittorff. Quant au photovoltaïque, il n’a suscité aucun refus de principe », explique AREP.
La typologie constructive
La halle est le plus grand parking à vélos de France (1 186 places). La nouvelle écostation accueille donc la halle à vélos et la gare routière redimensionnée, performante et confortable. Architecture simple, il s’agit d’un abri ouvert de 70 mètres de longueur par 24 mètres de largeur, protégé par une couverture solaire à deux pentes et une façade paravent ajourée en bois : une charpente métallique, des poutres en bois et des panneaux photovoltaïques. Elle s’arrête à l’arase des halles historiques, reprend la note d’accord du lieu, la décamétrique de la trame d’Hittorff, et dialogue avec la verrière de 2001 en propageant son épure.
Les matériaux sont bruts mais leur mise en œuvre est particulièrement soignée. Tout est dessiné, décidé, jusqu’à l’alignement des rivets ou le calepinage des boîtiers de dérivation. « Dès le début du projet, il s’agissait de concevoir une toiture aussi photovoltaïque que possible, sur un gabarit prolongeant celui des halles existantes, dans des matériaux francs afin de minimiser l’impact carbone de l’ouvrage, avec une intention esthétique de simplicité », souligne l’agence.
* En mai 2023, le ministère de la Transition écologique annonçait privilégier le scénario pessimiste d’un réchauffement de la France à 4 °C d’ici la fin du siècle.
** Paris à 50 °C, Rapport de la mission d’information et d’évaluation du Conseil de Paris, avril 2023.