À Pau (Pyrénées-Atlantiques), l’architecte Chamss Arouise a remporté le concours lancé par la SEM Pau Pyrénées pour la restructuration de l’ancien bâtiment des Galeries Lafayette. Coût de l’opération : 15 M€. Livraison : 2027-2028. Communiqué.
Retrouver la qualité architecturale historique
Situé au cœur du centre historique, l’ancien bâtiment des Galeries Lafayette n’est pas un lieu ordinaire. Abandonné depuis sept ans, à la suite d’un incendie, il avait été racheté en 2022 par la Ville de Pau.
Le studio, porté par la conscience de l’histoire monumentale de ce bâtiment – qui, depuis sa création, a conféré à la place Georges Clémenceau une élégance et une majesté singulière – a mené un long travail de recherches dans les archives de Saint-Étienne.
« Nous avons la conviction qu’une restauration historique fera de ce bâtiment un chef d’œuvre pour la ville, non seulement en raison de sa valeur architecturale mais aussi de l’emplacement du bâtiment proche du ravin du Hédas, un miracle devenu un creuset de la culture occitane, rassemblant des façades de galets de l’ancien ruisseau et composant un monde préservé et secret », explique Chamss Arouise.
Un concours, deux scénarios
Le concours a porté sur deux scénarios. Il propose un premier programme 100% commercial et un second programme mixte de commerces, logements, hôtel et de tertiaires. Deux possibilités de surfaces, entre 4 000 m² (surface commerciale d’origine) et 6 000 m² SDP sont étudiées dans chaque scénario.
Scénario 1 : la nef et l’idée de passage
Une nouvelle transversalité
Le parti pris de ce premier scénario a été d’explorer la position stratégique du bâtiment de passage entre l’urbanité de la ville et le Hédas (quartier historiquement populaire, comme un lieu de rencontres et de promenades. L’idée d’un seul volume commercial rend possible une forme de transversalité, latente mais jamais exploitée par le passé, qui peut prendre la forme d’une nef nord-sud.
Une structure basilicale
Inspiré par l’architecture romaine, le studio propose une réinterprétation de la structure basilicale, qui renvoie au modèle des halles antiques qui se développe en longueur et se structure en trois nefs parallèles (celle du centre étant plus élevé que celles qui la flanquent).
Une harmonie architecturale
L’alignement de la façade latérale sur la façade principale et l’ajout d’une coupole qui peut s’étirer le long du bâtiment de la place Georges Clémenceau jusqu’au Hédas, permet au bâtiment de restituer sa cohérence extérieure et retrouver une nouvelle envergure spatiale.
Scénario 2 : L’Art nouveau et « Les Nouvelles Galeries »
L’étude des archives du bâtiment, conçu par les architectes Léon et Marcel Lamaizière à la fin du XIXe siècle, a mis en évidence l’altération de la façade Art nouveau d’origine par les rénovations successives. La disparition des courbes et de l’ornementation au profit de lignes droites « plus modernes » dénature la façade de sa forme initiale.
À l’instar du premier scénario, le studio a souhaité restaurer la monumentalité première de l’œuvre des architectes Lamaizière.
Le lyrisme de l’Art nouveau
À l’image des plans de 1907 le bâtiment est conçu autour d’un vide central. Comme un spectacle depuis lequel le patrimoine s’ouvre au grand public, il génère un espace commercial qui a son propre monde visuel faisant naître les caractéristiques uniques de cette institution française mêlant pouvoir industriel, production de masse et savoir-faire artisanal. Autour de cet espace, le souhait est de sauvegarder et restaurer les quelques poteaux et poutres Eiffel qui ont résisté à l’incendie.
Réconcilier les façades
En restituant à la façade latérale sa cohérence et son adhérence à la façade principale, le bâtiment retrouve la puissance de sa conception. L’idée est de rendre musicale la longueur latérale du bâtiment par des saillies structurelles. La façade se compose de piliers qui s’enchaînent par un rythme précis pour engendrer un jeu subtil d’ombres et de lumières grâce à l’orientation sud-ouest.
Deux volumes séparés par un patio
Plusieurs scénarios ont été étudiés pour introduire le logement ou le bureau dans le projet. En raison de l’étroitesse du bâtiment, l’option d’intégrer ces espaces côté préfecture a vite été écartée. De surcroît un vocabulaire résidentiel côté préfecture créerait une dualité brute et presque insolente vis-à-vis de l’histoire de ce lieu et le caractère de l’œuvre.
Ainsi, le bâtiment a été divisé en deux et un gabarit réservé au logement côté Hédas a été conçu pour jouir du paysage de ce lieu extraordinaire.
Quelle façade pour une nouvelle programmation des Galeries Lafayette ?
Dans les archives de Saint-Etienne, un projet de façade des architectes Lamaizière entièrement dessiné pour donner, dès cette époque, sur le Hédas a été redécouvert. Dans l’idée d’un scénario mixte, il serait intéressant de reconstituer les trois niveaux d’origine capable de s’adapter à la fois au bureau comme au logement.
Une surélévation pourrait encore augmenter le volume réservé au résidentiel et offrir davantage de logements de grande qualité.