À Toulouse (Haute-Garonne), l’agence Taillandier Architectes Associés (TAA) a livré en 2024 pour Édouard Denis Immobilier maître d’ouvrage l’« Écrin des Minimes », un programme de logement articulé autour d’une ferme du XVIIIe siècle. Surface : 1 219 m². Budget : 2 M€. Communiqué.
Situé dans le quartier des Minimes, entre le Canal du Midi et le quartier de Barrière de Paris, le terrain forme un angle délimité par l’avenue Frédéric Estèbe et la rue Mengaud. Le rez-de-chaussée des bâtiments longeant l’avenue des Minimes, allant en majorité du R+1 au R+3, est principalement occupé par des commerces. En revanche, l’avenue Frédéric Estèbe présente un caractère résidentiel marqué, avec des immeubles en R+2 à R+4 ainsi que des maisons au rez-de-chaussée ou des anciennes toulousaines récemment surélevées.
Une trame de ruelles pavillonnaires s’entrelace perpendiculairement à l’avenue Frédéric Estèbe, offrant une diversité architecturale allant des belles toulousaines avec jardin aux pavillons des années ‘40 en passant par des petits immeubles d’après-guerre jusqu’à la rue Negreneys.
Sur cette parcelle se dresse une ancienne ferme datant de la seconde moitié du XVIIIe, orientée perpendiculairement à l’avenue et ouvrant sa principale façade vers le sud, sur le cœur d’îlot, dessinant ainsi son pignon le long de l’avenue Frédéric Estèbe. Cette bâtisse se compose d’un logis principal et de deux extensions successives, la première en maçonnerie et la seconde en bois.
Le projet consiste en la construction d’un bâtiment de logements collectifs en R+3, incluant une partie de réhabilitation de l’ancienne ferme, ainsi qu’une extension et une surélévation en construction neuve. Le bâtiment est positionné en alignement avec l’avenue Frédéric Estèbe et la rue Mengaud. L’objectif principal est ici de préserver les façades remarquables de la ferme existante, en particulier sa façade principale orientée vers le sud, avec ses ouvertures donnant sur le jardin. Ces dernières seront préservées, créant une faille dans laquelle s’imbriquent les circulations verticales de l’édifice, permettant ainsi une percée visuelle vers le cœur d’îlot. Les façades existantes seront restaurées, de nouvelles percées seront créées, tout en préservant leur matérialité et leurs éléments architecturaux (bandeaux, corniches, etc.).
Le projet est constitué d’un seul bâtiment distribué par une circulation verticale à l’air libre. Les appartements de l’aile sud du bâtiment sont ainsi accessibles depuis la circulation extérieure, tandis que les autres appartements sont desservis par un couloir fermé. L’entrée piétonne se fait depuis l’avenue Frédéric Estèbe. L’accès au parking souterrain s’effectue par la rue Mengaud.
Le bâtiment se compose de trois volumes de formes et de hauteurs différentes. Le premier volume correspond à l’ancienne ferme, dont toutes les façades sont préservées excepté le pignon est. Le second, longeant la rue Mengaud, s’élève à 7 m à l’égout. Il vient prolonger et rehausser la première extension de la ferme, et préserve la façade sur la rue Mengaud. Il dispose d’une toiture mono pente qui offre aux appartements donnant au Sud, sur le cœur d’îlot, une hauteur sous plafond généreuse. Le troisième volume, le long de l’avenue Frédéric Estèbe, d’une hauteur de 12 m à l’égout, est ancré sur la partie sud-ouest de la parcelle, coiffant le volume de l’ancienne ferme et enjambant la circulation verticale extérieure, préservant ainsi la façade sud de l’édifice restauré. Sa toiture à deux pans répond au vocabulaire architectural de la ferme.
L’espace d’accompagnement en cœur d’îlot sera traité de façon à créer un espace commun de qualité, ainsi que des jardins pour les appartements du rez-de-chaussée.
Le choix de l’acier Corten pour le traitement des façades de l’ensemble des volumes créés de l’Écrin des Minimes répond à une volonté de travailler un matériau dont la teinte se marie parfaitement avec les murs en briques et galets des façades de la ferme, et qui apporte au projet un caractère résolument contemporain. La composition des façades se traduit par la mise en place d’une peau métallique composée tantôt de panneaux pleins en acier corten, de panneaux fixes persiennés horizontaux, ou ouvrants par des volets en accordéon devant les fenêtres et les loggias.
Ainsi l’usage d’une même matérialité pour l’ensemble de l’Écrin des Minimes souligne, dans ce contexte environnant hétérogène, une lisibilité claire et cohérente de la construction. De même l’utilisation d’un matériau léger comme le métal met en valeur le caractère historique de l’ancienne ferme. Les façades de la bâtisse existante seront nettoyées, débarrassées de la couche d’enduit superficielle et rejointoyées pour en révéler la composition en briques et galets. Certaines ouvertures existantes seront obturées en briques, d’autres seront créées. Le traitement de jonction entre la façade de la ferme et l’élévation en acier Corten fera l’objet d’un soin particulier, il sera traité en joint creux pour révéler la jonction des deux procédés constructifs. L’ensemble suit un calepinage précis dont le rythme reste constant sur l’ensemble du développé de façade.