À Tournes (Ardennes), l’agence Coldefy Partenaires a livré en décembre 2022 pour Maroquineries des Ardennes (Hermès) maître d’ouvrage, les ateliers, bureaux et espaces de convivialité de la Maroquinerie de la Sormonne. Surface 5 700 m² sur 8 ha. Budget : n.c. Communiqué.
Pour Hermès, Coldefy imagine le futur de l’atelier de production et conçoit une maroquinerie unique, passive et bas carbone.
Le projet de la Maroquinerie de la Sormonne s’inscrit dans un espace naturel autrefois cultivé, au cœur d’un territoire de tradition rurale et forestière. Dans un contexte de vallée arborée et de roselières humides abritant nids et couvées de nombreux oiseaux des marais, le temps semble s’être arrêté, à l’instar d’un tableau de Renoir.
Dans cette nature préservée, le projet offre une immersion contemplative au sein d’une grande maison horizontale, dont le dessin en plis forme une nouvelle canopée boisée, une topographie abritant un village d’artisans.
Cette référence à la symbolique de la maison, lieu de vie mais aussi lieu d’une histoire, d’un héritage, d’une transmission familiale, son inscription dans la nature environnante, et le défi de réinventer le modèle de l’atelier ont guidé toute la conception du projet.
« Par la création d’une architecture aux volumes simples et le dessin du toit qui reprend les codes industriels tout en les détournant de manière inédite, nous avons imaginé pour Hermès le futur de l’atelier de production : une architecture intemporelle, bioclimatique, au service du bien-être de ses occupants », soulignent Thomas Coldefy et Isabel Van Haute.
Le parti pris architectural
Revisiter l’archétype de l’atelier de production
L’enjeu du projet réside dans un changement de paradigme : revisiter le bâtiment industriel et les stéréotypes imposés par les logiques de process et de production.
De l’extérieur, on découvre une toiture en shed, évocatrice de l’univers industriel, qui offre une lumière optimale au travail de l’artisan. Elle est revisitée de manière inédite pour retrouver le toit à double pans, symbole de la maison, au nord et dont un débord protège de la lumière du sud. À l’intérieur, la charpente de bois en « diagrid », omniprésente, prolonge la symbolique de la maison.
Dans cette subtile atmosphère domestique, la nouvelle maroquinerie accueille les artisans dans un cadre propice à la concentration comme au partage des compétences et des savoir-faire, fondement du modèle artisanal d’Hermès.
Une structure résiliente
Le bâtiment d’une surface de 5 700 m² est habillé d’un bardage en bois brûlé qui encadre de grandes façades vitrées. Les paramètres de base de l’espace d’atelier ont été redéfinis en démultipliant sa proportion de 11,5m et en adoptant sa section de maison simple avec des puits de lumière orientés au nord. Le plan est une traduction directe de la disposition fonctionnelle idéale. Un groupe de quatre ateliers de coupe définit le cœur de la maroquinerie.
La taille et la proportion de ces ateliers peuvent être facilement adaptées en réorganisant les cloisons de séparation à l’intérieur de la grille structurelle donnée.
De grands surplombs sur toute la longueur du bâtiment offrent un abri pour les porches et terrasses extérieurs. L’ensemble de la structure a été pensée selon la multifonctionnalité, la flexibilité, l’adaptabilité, la résilience et la réversibilité dans le temps que requièrent les espaces de travail d’aujourd’hui et de demain.
Les matériaux
Le projet choisit de construire en bois pour un bilan carbone efficace mais aussi pour un recours à une ressource renouvelable. La structure primaire est en bois avec uniquement une dalle de plancher en béton. Les façades sont conçues avec des menuiseries en aluminium de teinte foncée et d’une vêture en bois brûlé, tenus par une ossature bois, tantôt ajourée pour devenir claustra, tantôt pleine.
L’origine du bois est locale, à base de pin Douglas, essence exploitée dans les Ardennes. Ayant pour origine une technique traditionnelle japonaise du XVIIIe siècle pour rendre le bois imputrescible, ce traitement original assure au bois une longévité exceptionnelle grâce une solidité décuplée.
Ne nécessitant aucun entretien, avec une résistance accrue au feu et aux UV, le bois brûlé a une durée de vie supérieure à 80 ans. C’est aussi pour son esthétique, allant du gris léger jusqu’à des noirs profonds aux reflets bleutés, que ce matériau a été choisi.
Enfin le revêtement de la toiture est en bac acier noir, une teinte proche du bois brûlé.
Par son architecture alliant douceur, sobriété et sophistication technique, et par sa conception bioclimatique, la Maroquinerie de la Sormonne incarne le futur de l’atelier de production : un bâtiment qui favorise le bien-être des artisans qu’il abrite et s’inscrit de manière intemporelle, sensible et vertueuse dans un environnement préservé.