À Versailles (Yvelines), l’Atelier Delalande Tabourin (ADT) a restructuré un pavillon en créant trois grands puits de lumière pour rendre le sous-sol habitable. Superficie : 300 m². Coût des travaux : 450 000 € HT. Communiqué.
Une réhabilitation exemplaire à Versailles
Le bâtiment à réhabiliter se trouve au cœur d’une zone résidentielle des années ‘50 de la ville de Versailles. Il est composé de trois planchers habillés en façade par six imposantes stèles de brique qui, grâce à leur verticalité et leur contraste de matérialité, viennent alléger l’aspect massif et cubique de l’édifice.
La première séquence travaillée par les architectes fut celle de l’arrivée vers la maison. En créant dans le jardin une déambulation animée par un jeu de marche, d’assises et de terrasses, ils ont cherché à guider progressivement le visiteur vers les différents espaces d’entrées. La dernière marche étant la nouvelle grande terrasse, extension directe de la pièce de vie principale.
Le diagnostic
Ensuite, à la découverte des espaces intérieurs du bâtiment existant, l’ambiance y était sombre avec une distribution des espaces peu lisible, isolant le large sous-sol inexploité et déconnectant les espaces de vie du généreux jardin périphérique. Afin de répondre à ce diagnostic spatial, ADT a imaginé quatre interventions architecturales, quatre grands puits de lumière qui viennent perforer les planchers existants afin d’éblouir de matière l’ensemble des niveaux.
La présence de ces quatre interventions architecturales face à l’intérieur sobre et minimaliste du reste de la maison en fait des points de repères autour desquels les espaces s’articulent.
Un projet de recherche sur la matière
Travaillées à l’aide de co-produits de briqueterie francilienne, ces interventions se veulent comme le prolongement matériel des stèles existantes, tel un clin d’œil contemporain et responsable au déjà-là. Cette matérialité « béton-chamotté » est le résultat d’un long processus de recherche initié dès la phase « diagnostic ressource » avec Anna Saint-Pierre, designeuse et chercheuse en réemploi, et collaboratrice sur ce projet.
« Lors de la visite de la briqueterie DeWulf, nous avons rapidement été interpellés par un immense tas de rebuts appelés « chamotte ». Ce co-produit correspond à toutes les briques invendues, malformées ou trop cuites qui sont ensuite concassées au sein du site industriel. Dès lors, il a paru évident que nous devions nous saisir de ce gisement comme base matérielle pour notre projet », expliquent les architectes.
S’ensuivit une longue série de tests et de prototypes en collaboration avec les entreprises Cemex et Sols, notamment pour les choix de granulométrie des sols intérieurs et extérieurs. « En effet, en parallèle de nos puits verticaux, nous avons souhaité jouer sur la densité de chamotte dans les sols afin de subtilement indiquer aux usagers les différentes séquences spatiales », soulignent-ils.
Conserver l’histoire du lieu
Avec cette même matière de rebuts, ADT a souhaité révéler l’ancienne organisation intérieure du bâtiment en faisant par exemple ressortir dans les pièces les traces des anciennes cloisons, ou en réutilisant les sols travertins existants du salon en éléments décoratifs : banquette maçonnée par exemple. Une réhabilitation contemporaine et engagée qui, grâce aux qualités sensorielles d’une matérialité, ramène une expérience spatiale et émotionnelle au lieu, tout en respectant son histoire et son savoir-faire local.