Pour le département de l’Hérault, K Architectures (Karine Herman et Jérôme Sigwalt) a livré en 2021 au Domaine de Bayssan une salle de spectacle modulable « le grand chapiteau », un cabaret restaurant et librairie « le petit chapiteau », et un amphithéâtre de plein air. Ame circassienne ? Communiqué.
Contexte
Le mystère reste encore entier sur les origines profondes du domaine de Bayssan mais sa toponymie nous plonge dans la période Gallo-romaine, qui contribua si fortement à l’identité de la ville de Béziers, à son expansion économique et à son émergence dans l’histoire.
Le lieu-dit est aujourd’hui un lieu d’émancipation culturelle qui tient bonne place sur la scène culturelle. L’ancien Théâtre « Sortie Ouest » portait déjà une noble ambition, plus vaste et généreuse que celle du simple divertissement autour des arts vivants. Sortie Ouest affirmait une programmation exigeante et diversifiée, non pour satisfaire le seul petit cercle d’un public averti, mais oeuvrer à « l’éducation populaire ». Elle cherche à offrir l’inouïe de ces rencontres artistiques parfois inattendues, sources inépuisables d’émotions riches et contrastées.
Enjeux
Le Théâtre souhaite préserver son âme circassienne qui correspond, tant sur le fond que sur la forme, à son projet culturel. Le projet puise donc en grande partie ses référents dans les architectures circassiennes.
Le domaine de Bayssan, tel un campement circassien, est en perpétuel mouvement et se reconfigure au gré de la programmation culturelle et des évènements. Caravanes, scènes, banquets, barnums et toute autre installation évènementielle doivent pouvoir trouver place tant dans l’espace public que logistique. Pour répondre à cette grande liberté d’usages, le paysage offre de grandes esplanades épurées de toute occupation permanente, à l’exception des dispositifs techniques nécessaires à la leur fonction d’accueil.
Concept
En mémoire aux trois chapiteaux de toile du Théâtre Sortie Ouest, le projet se scinde en trois corps d’architecture. Le « petit chapiteau » abritera les fonctions qui accueillent, restaurent et soulagent. C’est le lieu d’avant, d’après et d’entracte, c’est l’espace partagé de la salle de spectacle et de l’amphithéâtre. Le « grand chapiteau » se fait lui écrin de la salle de spectacle, l’espace de l’acte qui se prépare et qui se joue. Le très « grand chapiteau à ciel ouvert » ou amphithéâtre de plein air est le dernier du trio.
L’architecture de la salle de spectacle et du hall-restaurant emprunte ici la forme archétypale des premiers cirques sédentaires dits « stables ». Ils sont développés sous un système constructif modulaire. La modénature de l’enveloppe, elle, est une réinterprétation architecturale du langage graphique circassien qui orne les toiles de chapiteaux. Elle fait sienne le motif rayonnant en corolle autour du mât central qui souligne les coutures de la toile.
L’amphithéâtre de plein air, de par la morphologie qu’impose son contexte et sa fonction, est de nature singulière en termes d’architecture. A la différence des amphithéâtres de la Grèce antique, il ne peut adosser son gradin au relief naturel, se fondre dans la topographie d’un paysage jusqu’à en adopter la matière brute.
Lui aussi s’écrit d’une architecture aux allures circassiennes. Un chapiteau certes quelque peu étrange, dont la toile aurait été retirée au-dessus des gradins à l’occasion des beaux jours. Seuls les espaces scéniques demeurent à couvert, apposant, telle une toile plissée, un voile opaque et sombre sur les mystères des arrières-scènes.