Depuis dix ans l’agence Hellin-Sebbag travaille sur la reconversion du site de l’Hôpital Saint-Charles en campus pour l’Université Paul Valéry de Montpellier. Après avoir achevé la première tranche de travaux en 2011, l’agence a livré au printemps 2017 la deuxième tranche aussi appelée «l’aile des Incurables». Communiqué.
Alors que le premier bâtiment, du XVIIe siècle initialement destiné aux indigents avait été construit de façon sommaire en moellons enduits avec des façades peu percées, l’aile des Incurables, du XVIIIe, est construite en pierre de taille avec de nombreux éléments décoratifs (médaillons, bandeaux, corniches) et de grandes fenêtres.
Malgré leurs similitudes programmatiques, les deux bâtiments présentent donc des différences qualitatives qui ont induit deux approches architecturales différentes.
Articuler l’ancien et le contemporain
Le projet de Brigitte Hellin et Hilda Sebbag se développe sur 6 377 m2 SHON (9,95 M€ H.T. date valeur avril 2017). Le rez-de-chaussée accueille le public pour des conférences et des colloques internationaux, tandis que les espaces de travail des chercheurs sont implantés au premier et au deuxième étage.
Ces colloques nécessitent la création à rez-de-chaussée de salles de séminaires mais surtout d’un amphithéâtre, ce qui paraissait presque impossible dans ce bâtiment du XVIIIe siècle aux dimensions et à la structure porteuse si peu adaptées. Les architectes ont cependant réussi à insérer un amphithéâtre de 100 personnes, qui occupe toute la largeur de l’aile centrale de ce bâtiment très étroit (10,5m) et voûté (h=5,3m).
Dans les salles de séminaires et de réunions, l’articulation entre l’ancien et le nouveau est de même systématiquement mise en évidence, par des finitions bien spécifiques : les plinthes en creux arrêtent le sol en béton coulé qui ne rencontre pas les parois existantes, les habillages acoustiques des murs s’articulent par un large joint creux à la rencontre des voûtes, les panneaux acoustiques ainsi que les luminaires sont suspendus. Le jaune, couleur de référence du rez-de-chaussée, se retrouve dans plusieurs éléments.
En conséquence, pour distribuer les locaux du rez-de-chaussée, l’agence Hellin-Sebbag a conçu une extension contemporaine, un jardin d’hiver, composé d’éléments légers : une charpente métallique, un plancher en bois et des lames de verre mobiles qui permettent de ventiler mais aussi de voir en transparence depuis l’extérieur la belle façade réhabilitée du bâtiment.
Le jardin d’hiver, parfumé par les orangers en pots, devient par son aménagement convivial le pôle central du bâtiment, un espace de transition, ni intérieur, ni extérieur, entre le bâtiment en pierre restauré et le beau jardin méditerranéen. Son plafond réfléchissant contraste avec la surface rugueuse de la pierre et contribue à créer un espace atypique entre ciel et terre.
Le jardin méditerranéen est composé avec les platanes existants mais, afin de créer une continuité visuelle entre la «cour des incurables» et la rue, légèrement en surplomb, des restanques en béton blanc ont été créées pour accueillir une végétation méditerranéenne rustique et diversifiée.
Si l’amphithéâtre et le jardin d’hiver affichent une certaine opulence de couleurs et de matériaux, le hall et les circulations sont volontairement traités dans un mode plus monacal, avec leurs voûtes blanches et leur sol en béton coulé. De même, les éléments techniques contemporains, tels que l’éclairage ou la signalétique, sont judicieusement intégrés pour retrouver la sobriété des volumes de l’ancien hôpital et révéler leur pureté géométrique.
Restauration des façades en pierre
Si, pour le premier bâtiment, du XVIIe siècle, il a fallu «effectuer des démolitions, reconstruire et réinterpréter», pour l’aile des Incurables une grande partie des travaux a consisté en la restauration des façades et des beaux escaliers en pierre, et en la restitution des menuiseries du XVIIIe à la demande de la Directions régionales des affaires culturelles (DRAC).
De nombreuses pierres de façade dégradées ont dû être remplacées. De même il a fallu reconstituer plusieurs ouvertures modifiées intempestivement au fil du temps et remplacer de nombreuses marches d’escalier vandalisées, nécessitant ainsi l’installation sur site d’un véritable chantier de taille de pierre pour réaliser linteaux, appuis, jambages, marches, …