Livrée par DVVD à l’été 2020 pour la Fédération française de tennis, la couverture rétractable du court Philippe Chatrier de Roland-Garros permet désormais d’élargir les plages horaires des matches, nocturnes comprises, et ainsi d’accueillir 150 000 visiteurs supplémentaires à chaque tournoi. Un vrai défi technologique, l’acier en démesure.
Indispensable remise à niveau
Les « Mousquetaires » ayant remporté la Coupe Davis en 1927, la France doit organiser la finale de l’année suivante. Pour ce faire, un nouveau stade de tennis est construit près de la Porte d’Auteuil, baptisé du nom de l’aviateur et grand sportif mort en combat aérien dix ans plus tôt.
Constitué originellement du seul Court Central, il en compte désormais 24 depuis son extension validée en 2014 (+ 4 ha sur les Serres d’Auteuil voisines) et la livraison du Court Simonne-Mathieu en 2019.
En retard en termes d’installations par rapport aux autres tournois du Grand Chelem, ce programme de modernisation globale comprenait aussi la rénovation du Court Central (15 000 places) – étalée sur trois ans et enclenchée dès juillet 2018. Ses gradins, à l’exception de la tribune Lacoste, furent déconstruits à 80% afin d’offrir des tribunes plus larges et plus hautes (+ 8 m) visant essentiellement à améliorer la visibilité des spectateurs (à peine 314 places supplémentaires) et à développer de nouvelles aménités sous les gradins (centre médias, espaces de restauration…).
Ces deux premières tranches de travaux devaient également mettre en œuvre les structures nécessaires à la réalisation d’une couverture rétractable. Envisagée dès 2009, elle avait fait alors l’objet d’un concours d’idées remporté par les agences DVVD et ACDG. Initialement prévue démontable, celle finalement mise en service à l’été 2020 est permanente.
De multiples contraintes
La Fédération française de Tennis, son commanditaire, avait établi un cahier des charges particulièrement exigeant, à commencer par la conservation de l’ambiance d’un court de plein air afin d’allier sports et détente. Cependant, il importait de se mettre à l’abri des interruptions dues aux intempéries ou à la tombée de la nuit sans pour autant générer d’ombres inopportunes pour les transmissions télévisées.
Lorsque la toiture est fermée, un éclairage artificiel intégré compense les apports du soleil. De même, il fallait garantir une diffusion homogène de la lumière naturelle d’où la toile translucide tendue en extrados et en intrados de la voilure, laquelle concourt également à la légèreté… relative de l’ensemble (de 252 à 320 t/aile).
Se déplaçant sur un chemin de roulement horizontal de part et d’autre du court, en haut des tribunes est et ouest, les bogies obturent le stade en à peine 12 minutes. En position ouverte, chaque aile s’encastre dans la précédente – son pare-pluie vertical étant articulé – pour venir se stocker en un auvent au-dessus des gradins nord, donc sans ombre projetée sur la terre battue. La qualité de cette dernière dépendant des ambiances aéraulique et climatique, la porosité homogène de la couverture contribue à réguler la température tout en gommant les effets indésirables du vent. De même, une toile de verre doublée d’une couche de laine roche en intrados assure de bonnes performances en termes d’absorption acoustique
Résolument contemporain et innovant, le projet devait néanmoins respecter l’histoire du site et de l’édifice. Si la surélévation affirme la primauté du Court Central dans l’enceinte, les douze ailes identiques entoilées d’une centaine de mètres de portée font référence à celles du biplan que pilotait en son temps Roland Garros.
L’acier en démesure
Les ailes se composent des éléments suivants :
– d’une poutre caisson principale en acier portant sur 101,85 m – travaillant à la flexion verticale (poids propre) et horizontale (vent) ainsi qu’à la torsion encastrée à ses deux chariots ;
– de nervures en ailes d’avion en profilés acier reconstitués soudés, espacés de 4,08 m et fixés au droit des raidisseurs des caissons ;
– des compas articulant deux cadres en tubes rectangulaires légèrement courbes aux fins de repliement ;
– un bec de contreventement – système en treillis de 1 m de hauteur formant le bord de fuite des ailes.
Fractionnées en sept tronçons d’environ 15 m et fabriquées en Vénétie, ces ailes ont été assemblées sur place avant d’être manipulées par deux grues.
Les poutres caissons principales reposent ponctuellement sur des bogies se déplaçant sur les poutres de roulement (double caisson en acier filant équipé de crémaillères) qui prennent appuis sur les parties en console des gradins des tribunes est et ouest et que soutiennent – aux extrémités nord – des poteaux en acier haute résistance.
L’association ConstruirAcier contribue à faire connaître des œuvres architecturales variées et significatives, réalisées tout ou partie grâce au matériau acier. L’association s’inscrit dans une perspective de promotion de l’architecture métallique et de ses concepteurs, architectes et ingénieurs. Elle a aussi l’ambition de souligner les savoir-faire des entreprises de construction métallique et de métallerie et toutes les qualités du matériau acier.