
L’hôpital, inhospitalier aux architectes ? La santé publique défraie la chronique. Il n’est pas un jour sans un rebondissement. Au drame des PPP s’ajoute les dépassements d’honoraires des chirurgiens. Par là-même, l’autocongratulation quant au verdissement de la construction va bon train. Et le jaunissement du contribuable ?
Informations concomitantes. Le 27 mai 2013, RTL dévoilait les conclusions de l’observatoire civil des dépenses : trois-quarts des chirurgiens pratiquent le dépassement d’honoraires*.
Le lendemain, Le Figaro, nous apprenait que, entre 2003 et 2011, selon l’Inspection générale des finances (IGF) ‘L’encourt des prêts des hôpitaux a triplé en moins de dix ans et dépasse les 20 milliards d’euros’.**
Le jour même, 20 Minutes annonçait les lauréats des ‘Trophées du développement durable en établissement hospitalier du salon de la santé et de l’autonomie’ (ouf !) et titre fièrement : les hôpitaux s’engagent de plus en plus dans le développement durable.***
Nous connaissons plusieurs architectes qui construisent des hôpitaux, des cliniques, des centres de soin. Certes avec plus ou moins de réussite et d’implication mais tous ont réfléchi sans barguigner à l’intérêt et au bien-être des patients.
Quel architecte d’ailleurs pour ne pas prendre en compte l’intérêt des patients, le développement durable et les économies budgétaires préconisées par l’IGF ? L’hôpital utile à tous.
Et pour cause, un Français sur deux – patient ou visiteur – va à l’hôpital une fois pas an, c’est dire si le lieu doit être hospitalier. D’autant plus que la majorité des revenus des hôpitaux provient de la sécurité sociale donc est payée par les citoyens eux-mêmes.
Il serait logique alors d’imaginer, par exemple, un architecte, lauréat d’un concours carré, qui construit – parce que c’est son métier – en accord avec les médecins – parce que c’est leur métier – dans le cadre du budget voté par l’Assemblée nationale, l’hôpital républicain. Ici, l’architecte maître d’œuvre.
En lieu et place, nous avons de plus en plus de PPP et autres conceptions-réalisations. Des investisseurs privés donc qui condescendent – pas tous – à choisir un architecte. Leur bâtiment fait quand même plus de 150m².
Et l’archi qui n’est pas content ? Pas grave. Il y en a bien un autre prêt à prendre le marché. Alors, les hôpitaux en PPP, ça existe. Le plus bel exemple, récemment, en Ile-de-France, côté sud.**** Ce principe profitable existe depuis longtemps d’ailleurs.
Il suffit parfois d’un évènement imprévu pour redécouvrir, au détour d’une petite ville, ces barres construites dans les années 60 qui, un demi-siècle plus tard – soit la durée de vie moyenne estimée d’un bâtiment construit aujourd’hui soit dit en passant – sont encore désigné comme ‘hôpital’. Aller s’y faire soigner, c’est aller en Moldavie ! Soljenitsyne, au secours !
Que savons-nous encore d’autres ‘hôpitaux’, d’autres ‘asiles’, d’autres prisons, invisibles de chez nous sauf au détour d’un imprévu ?
Alors peut-être que si un gouvernement était sérieux dans sa volonté d’œuvrer à la bonne santé des citoyens et de faire des économies de budget et d’énergie – voire du développement durable – et tout ça sans même condamner les 75% de chirurgiens qui pratiquent le dépassement d’honoraires*, il lui suffirait tout simplement de s’en remettre aux architectes et d’assurer leur indépendance.
La loi MOP par exemple ?
Christophe Leray
* Santé : trois-quarts des chirurgiens pratiquent des dépassements d’honoraires
La rédaction de RTL.fr, Armelle Levy, Laurent Bazin | Publié le 27/05/2013
** Alerte sur la dette des hôpitaux publics
Le Figaro, par Hayat Gazzane. Publié le 28/05/2013 à 07:54
*** Les hôpitaux s’engagent de plus en plus dans le développement durable
20 minutes, par Alexandra Luthereau. Publié le 28/05/2013 à 19h10
**** Hôpital sud-francilien : après le scandale, l’ouverture
Le Figaro, par Fabrice Amedeo, publié le 23/01/2012
Cet article est paru en première publication sur le Courrier de l’Architecte le 25 mai 2013