Pour sa seconde réalisation avec Les Nouveaux Constructeurs, Farshid Moussavi Architecture (FMA)* a livré, à Montpellier (Hérault) à l’automne 2017, Folie Divine, un programme de 36 logements et 260 m2 de commerces. Pour une surface de 2.740 m² et avec un budget de 4,5 M€, Farshid Moussavi propose une réinterprétation de la notion typique du luxe résidentiel. Communiqué.
Folie Divine est la première des deux folies prévues par la Ville de Montpellier sur ses friches industrielles, dans le prolongement d’une histoire remontant au XVIIIe siècle, lorsque les aristocrates locaux et les bourgeois commandaient à des architectes la construction de vastes demeures spectaculaires entourées de jardins, tels que les châteaux de Flaugergues, de la Mogère ou de la Mosson.
Cependant, dans les jardins français et anglais, l’idée de Folie a une plus longue histoire, celle d’une structure ludique, sans but utilitaire, installée dans un jardin ou un paysage pour susciter plaisir, luxe et richesse. En tant qu’idée, la Folie joue donc de cette aspiration qui dépasse la notion d’usage.
La proposition de Farshid Moussavi pour Folie Divine se fonde sur l’idée que la Ville de Montpellier, en empruntant ce terme de Folie comme point de départ à la consultation, souhaitait que son caractère ludique soit utilisé comme outil critique susceptible de susciter une réflexion sur de nouvelles formes de logement.
Site
Le site est situé sur l’îlot M2 des Jardins de la Lironde, un ensemble urbain en périphérie de Montpellier, conçu par Christian de Portzamparc. Il est bordé par le ruisseau de la Lironde à l’ouest et par des quartiers résidentiels au nord, à l’est et à l’ouest. Au sein d’un environnement calme, le site bénéficie en outre d’un agréable climat méditerranéen.
Architecture : le luxe comme choix
L’architecture de Folie Divine défie la notion typique du luxe résidentiel comme synonyme de matériaux coûteux. A l’opposé de cette approche, elle redéfinit le luxe à travers trois critères : la faculté, au-delà du simple décompte de pièces, de choisir entre des espaces variés, ce qui permet à chacun d’affirmer sa personnalité et son propre mode de vie, la possibilité de modifier le plan de son appartement et, enfin, la liberté de profiter des espaces intérieurs et extérieurs en toute intimité.
Lors du concours, il était demandé de proposer cinq types d’appartements différents. Folie Divine, grâce à un dispositif original d’étages, balcons et structures superposés, met à la disposition de ses résidents 36 types d’appartements.
Volumétrie, durabilité environnementale
Le bâtiment est conçu comme une tour de neuf étages – la hauteur maximale autorisée – avec une empreinte au sol compacte qui permet aux appartements d’avoir une vue sur le centre-ville et la mer au loin. Cette compacité a aussi favorisé la création d’un jardin, ainsi que des appartements d’angle qui profitent d’une double-orientation et d’une ventilation naturelle croisée. L’emprise au sol du bâtiment étant réduite, la durabilité est optimisée.
Balcons : confidentialité, vivre à l’intérieur comme à l’extérieur, choix, durabilité environnementale
Pour permettre aux habitants de vivre entre intérieur et extérieur, tous les appartements sont conçus avec des balcons curvilignes qui s’effilent à chaque extrémité évitant ainsi les murs de séparation de balcons entre voisins, qui le plus souvent obstruent les vues latérales. Et pour éviter aussi toute vue croisée d’un balcon à l’autre, ils sont stratégiquement positionnés pour que chaque balcon bénéficie d’une vue à 180 degrés sans regard latéral sur son voisin.
De plus quatre configurations d’étage différentes sont mises en œuvre, chacune présentant des positions de balcon différentes, puis superposées en ordre alterné pour garantir une séparation de deux niveaux entre balcons voisins. Ceci minimise les vues descendantes d’un voisin à l’autre et permet de choisir entre deux types de balcons dans tout le bâtiment: un balcon simple hauteur, ombragé par le niveau supérieur, conçu avec des rideaux extérieurs pour plus d’intimité et de protection contre le vent, ou un balcon double hauteur qui bénéficie d’une exposition maximale au soleil.
Pour renforcer l’intimité des balcons, les mains courantes ont des doubles montants, disposés le long de deux lignes parallèles et décalés les uns par rapport aux autres. Cette double ligne d’appui, préférée à un seul montant doublé en largeur, offre plus de transparence tout en minimisant les vues depuis l’extérieur, les doubles points d’appui générant un motif moiré lorsqu’ils sont vus obliquement.
La forme et l’emplacement des balcons, parés de ces garde-corps moirés et de rideaux extérieurs, influe sur le degré d’intimité et la faculté de choisir entre intérieur et extérieur. Presque aussi privatifs que les espaces intérieurs, les balcons peuvent être utilisés comme une pièce en plus. Ainsi un résident a-t-il demandé que la structure de son balcon soit renforcée pour y installer un jacuzzi.
Structure et matérialité du bâtiment: autonomisation des habitants
Pour que chacun puisse cloisonner son appartement selon son style de vie, la structure porteuse de l’immeuble est répartie entre le noyau de circulation central, la façade extérieure et les murs mitoyens entre appartements. Libérés de toute structure porteuse, les appartements peuvent ainsi évoluer au rythme de l’évolution des besoins des habitants. Déjà, les premiers propriétaires ont personnalisé leur agencement intérieur, chaque appartement devenant unique. Deux appartements ont également été achetés par une seule famille et regroupés en un.
Pour réduire au minimum les besoins d’entretien dans le temps et les coûts qui pourraient peser sur les habitants, l’enveloppe du bâtiment est revêtue de verre et de panneaux ondulés en aluminium anodisé, tandis que le sol des balcons est revêtu de lames de bois.
* Architecte associé : Richez_Associés