Des architectes aiment à penser que leurs ouvrages défient la gravité. Mais le temps n’est pas de leur côté. Takuji Shimmura parvient à exprimer, malgré le temps long, une réalité fugitive.
Dépouilles exposées sur une terre oublieuse du passé tragique de l’histoire, les bunkers continuent à surveiller l’horizon. Ces édifices massifs en béton armé sont abandonnés et solitaires, mais le coût trop élevé des frais de démolition leur sauve sans cesse la vie, pérennise leur présence.
En tant que photographe d’architecture, je suis particulièrement attiré par l’obliquité de ces constructions, contradictoire avec l’horizontalité et la verticalité impeccables que requiert ma spécialité. Je me dois en effet de rendre visible la rigueur avec laquelle mes sujets sont théorisés et bâtis.
Le poids considérable des bunkers provoque sans cesse la gravité. Cela m’amène à penser qu’un jour peut-être ces architectures s’inverseront ou disparaîtront entièrement dans le sol. Leurs mouvements sont imperceptibles mais ils coulent discrètement, irréversiblement.
Les bunkers sont des bornes bâties entre la nature et la civilisation, entre le temps et l’espace.
Takuji Shimmura
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