« Un cliché n’est pas un temps « t » mais l’aboutissement autant que le point de départ d’une réalité mouvante, insaisissable, où tout est inter-relié ». Définition de l’horizon ? Guillaume Satre est un photographe d’architecture avec des exigences de poète. Chronique-Photos.
Les vies indécises de vieillards éraflés à leur fenêtre, tirages sépia aux multiples rayures, se poursuivent dans le filé d’une prise de vue lente au pied du bâtiment moderne…
Rencontres confondues de l’espace et du temps… Flèches venues de nulle part, lignes jaillies de partout, faisceaux qui cessent de fuir l’espace d’un instant pour rebondir, rouges et bleus, sur une voiture inclinée devant une façade rectiligne…
… ou bien se coaguler dans les haubans rouillés, volutes parfois déroulées, de ponts modernes.
Les ponts… comme des bouquets d’étincelles figées du présent, présence invisible d’un avant et d’un après… comme des ombres arrêtées de passants furtifs… comme des gouttes de pluies qui tombent, paralysées…
… les ponts t’immobilisent autant que tu le supportes… te laissent mener, dès que tu le décides, ton regard enchaîné d’esclave vers la rive opposée, occultée par la brume… ou, bien au-delà, vers l’horizon…
L’horizon, opaque et transparent, réel et immatériel, paradoxal : si distant qu’aucune longue focale ne peut le percer, si proche que tout grand-angle peut l’enfermer…
L’horizon… c’est l’Autre si connu qui garde toujours pour toi sa part d’étrangeté et de mystère… L’horizon, limite toujours repoussée, inaccessible, détruit la certitude de ta mort, et dans l’infini te projette, toi-même, ou ton alter ego…
« Fuir ! là-bas fuir ! Je sens que les oiseaux sont ivres d’être parmi l’écume inconnue et les cieux ! » (Stéphane Mallarmé).
Guillaume Satre
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