Des études d’architecture, un goût pour l’urbanisme, deux disciplines qui ont, semble-t-il, inévitablement conduit Salem Mostefaoui à la photographie. Ni image de synthèse ni image 3D, la photo lui offre, «comme un salut», de redécouvrir autrement son premier métier tout en gardant le cœur près de ses premiers amours.
Cela a commencé par cette série.
C’était en 2006. J’ai appelé ça Artefacts puis Vision Haptique, je voulais parler de Deleuze et de ce qu’il décrivait lorsqu’il disait : «Voyez, la vue optique, ce serait la vue éloignée, relativement éloignée, au contraire l’exercice haptique ou la vue haptique, c’est la vue proche qui saisit la forme et le fond sur le même plan également proche». Je trouvais ça chic de citer Deleuze. En plus ça parlait aux architectes…
J’ai par la suite appris à faire des images 3d, des images construites pour les architectes. Je ne le savais pas encore mais j’apprenais à fabriquer en synthèse ce que je donne à voir aujourd’hui. De leur côté, mes photographies étaient toujours proches de leur sujet, comme collées à ce que je voulais voir.
J’étais alors comme beaucoup de jeunes architectes dans une situation en agence où je ne me réalisais plus. Un jour j’ai compris que je pouvais littéralement prendre du recul vis-à-vis de l’architecture par le biais de la photographie.
Et ce pour mieux y revenir. Cette possibilité de me sortir du bureau d’architecte est venue comme un salut.
Les premières commandes me sont parvenues, je travaillais encore en agence, le grand écart n’a pas été facile dans les premiers temps, mais terriblement passionnant : apprendre à construire un reportage c’est d’abord apprendre à construire une narration sur un milieu.
Avant la photographie, c’était le dessin qui me permettait de composer et de créer en travaillant les formes, d’expérimenter sur un espace 2d.
J’ai retrouvé ce jeu de composition entre dessin et images construites avec la photographie.
Donner à voir ce que j’aurais perçu l’espace d’un instant.
Répondre à son propre émerveillement devant une scène, montrer un détail ou un moment capté.
Je considère toujours travailler comme un architecte.
Au lieu de construire élévations, détails et maquettes 3d pour une esquisse, un Apd ou un chantier, je cherche à produire ce qui sera sûrement la dernière représentation d’un projet. Le document qui vient terminer la mission de l’architecte et témoigner de sa pratique.
Salem Mostefaoui
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