Carlos Quevedo Rojas est un architecte espagnol basé à Cadix. Il a livré en 2015 à Villamartin le ‘château de Matrera’, soit la réhabilitation d’une tour médiévale isolée de 136 m2. Projet sans programme mais qui apporte une réponse sensible à la question de l’usage du patrimoine. Et si, comme le propose cet architecte, de ces ruines, il suffisait parfois de s’occuper simplement qu’elles demeurent dans le paysage ? Communiqué.
Cette tour médiévale en ruine était un point de repère historique en tant que lieu stratégique dans l’ancienne frontière Nazare à travers la Vallée de Guadelete. Référence d’un territoire profondément lié à la culture de la région, la crise et le manque d’argent nécessaire à leur entretien ont fait que cette tour, ainsi que d’autres bâtiments semblables, tombait à l’abandon. Suite à son effondrement partiel, elle perdit une part de son imposant volume, mettant ainsi en danger la stabilité du reste de l’édifice. C’est alors que, soutenu par le promoteur Ubri-Prado S.L., Carlos Quevedo Rojas est intervenu pour consolider cet élément iconique du décor.
Le même calcaire que celui originellement utilisé fut employé pour les contreforts, les renforcements et la protection des coeurs intérieurs dégradés. Le fragile mur qui subsistait après l’effondrement fut consolidé et rehaussé. Toutes les lignes furent repensées à partir des détails géométriques préexistants qui marquaient le volume original.
Cette intervention cherchait à achever trois objectifs : consolider la structure des éléments ; différencier les nouveaux éléments de la structure originale (afin d’éviter la reconstruction mimétique, que la loi prohibe) ; enfin, restaurer le volume, la texture et la tonalité originels de la tour. L’essence du projet n’est pas d’être une image du futur mais de refléter plutôt son propre passé.
Une pratique mobile de l’intervention ne fait ainsi que rehausser sa valeur historique. Son volume original est rendu par l’utilisation d’un revêtement continu en mortier de chaux similaire à celui utilisé au départ. Cela permet de boucher les creux et de lire dans l’architecture les unités encastrées.
Ce projet sans programme vise à montrer le potentiel d’une restauration qui, sans effacer les traces de la traversée des âges, ne rend pas le monument artificiel. Il propose une reconnaissance du “monumentum” de l’ouvrage et sa capacité à transmettre au futur sa matérialité physique et sa bipolarité, son esthétique et son histoire.
Traduction : A.L.