Lauréat en novembre 2016 du Prix de l’American Architecture, le projet Mirage conçu par l’agence athénienne Kois Associated Architects est un effort poétique pour réconcilier la nature et l’architecture. Dans les Cyclades, en Grèce, il s’agit d’une maison insulaire de 320 m²au design unique en fusion avec son site. Avec cette construction camouflée sous une réserve d’eau et presque invisible, Kois crée une illusion d’environnement naturel et documente et met en avant l’identité de la région. Communiqué.
L’intention de cette intervention expérimentale sur l’île est de laisser le paysage quasiment intact. La stratégie de mise en oeuvre des matériaux de construction, sélectionnés spécialement pour ce projet, souligne encore l’adéquation du projet à son site.
Aussi connue sous le nom d’«Île de Madonna», Tinos troisième île la plus grande de l’archipel des Cyclades, possède une histoire théologique riche et plus d’une centaine d’églises, pour 40 villages, éparpillées sur les sommets de monts rocailleux et le long des milliers de kilomètres de murs en pierre sèche, comme brodés sur la roche, dans un paysage unique.
La résidence est située sur un terrain en pente rocheux, surplombant la Mer Egée. La caractéristique essentielle du design n’était pas seulement d’intégrer le volume de la maison dans le paysage rocailleux de l’île, mais surtout d’inspecter les limites entre construction et environnement naturel. La fonctionnalité, la simplicité et l’esthétique de la maison rendent hommage à l’esprit architectural des Cyclades.
La structure compte un seul niveau. Un mur linéaire, façonné avec la pierre sèche caractéristique de l’île, se projette vers l’extérieur depuis l’intérieur de la maison et sépare les espaces publics et privés, faisant aussi office de frontière du territoire.
Au-dessus de la résidence, une piscine infinie sans bords se perd dans le paysage marin et le ciel grecs et offre ainsi une illusion inspirée par le phénomène optique portant le nom de “mirage”. La présence de la maison est révélée seulement à travers l’effet miroitant de la surface de la piscine, conservant caché le reste de la propriété.
Les murs renforcés, construits avec une mixture de terre et de ciment densifiée dans un moule, forment le squelette de la maison tandis que 12 colonnes de béton, positionnées dans le salon, portent la piscine tout en la faisant apparaître comme un volume flottant indépendant. Les murs intérieurs ont une finition en ciment blanc permettant la métamorphose lumineuse de cette maison ‘cave’ grâce à la réflexion de la lumière.
Des murs en verre floutent les limites entre l’intérieur et l’extérieur, invitant la lumière et le mouvement et transformant l’expérience de vie. Les baies vitrées peuvent disparaître afin de transformer le salon en un observatoire ouvert.
La piscine, agissant comme un toit, fournit une isolation thermique et une protection contre les radiations solaires et les transmissions de chaleur. La ventilation naturelle s’appuie sur les brises fraîches venues de la mer pour chasser dehors l’air chaud.
L’objectif principal de ce projet, livré en 2013, est d’illustrer l’aura et la magie des Cyclades Grecques. Tous les matériaux, principalement issus de sources locales, sont utilisés de manière à ce que la maison «disparaisse» dans la topographie existante.
«Refléter la nature est le seul moyen de s’y intégrer», conclut l’architecte Stelios Kois.
Traduction : A.L.