
Le photographe Jean-Pierre Porcher, architecte et urbaniste de formation, s’intéresse ici à ce qui est généralement hors-champ, sinon méprisé : le pavillon, un habitat de cœur pour nombre de Français.
Depuis cinquante ans, le paysage français a été profondément transformé. Les entrées de villes, les zones d’activités commerciales et les lotissements en sont le témoignage.
Pourtant, par l’article 1 de la loi sur l’architecture du 3 janvier 1977, le législateur énonçait une ambition à la hauteur des attentes des architectes.
« L’architecture est une expression de la culture. La création architecturale, la qualité des constructions, leur insertion harmonieuse dans le milieu environnant, le respect des paysages naturels ou urbains ainsi que du patrimoine sont d’intérêt public. Les autorités habilitées à délivrer le permis de construire ainsi que les autorisations de lotir s’assurent, au cours de l’instruction des demandes, du respect de cet intérêt ».
Paradoxalement, le seuil du recours obligatoire à un architecte ayant été fixé à 170 m², il laissait ainsi la maison individuelle hors de leur champ d’intervention.
Si une étude récente rappelle que 80 % des Français plébiscitent la maison individuelle comme modèle idéal de logement, le modèle du pavillon avec jardin reste aux cœur des critiques.
En 2021, Emmanuelle Wargon, ministre du Logement, avait déclaré que les maisons individuelles, « ce rêve construit pour les Français dans les années 1970 », et « ce modèle d’urbanisation qui dépend de la voiture pour les relier », sont un « non-sens écologique, économique et social ». « Le modèle du pavillon avec jardin n’est pas soutenable et nous mène à une impasse ».
Cet urbanisme du lotissement pavillonnaire souvent décrié, voire méprisé par les élites, délaissé par les professionnels de l’urbanisme et de l’architecture mérite à mon sens d’être vu, reconnu et documenté.
Mon projet photographique s’intéresse aux lotissements pavillonnaires en phase d’achèvement. Dans ces nouvelles zones d’aménagement en périphérie des villes moyennes et des petites villes se côtoient des maisons terminées qui viennent d’être emménagées à côté d’autres pavillons en chantier. Cet « entre-deux » permet de capter ces nouveaux lieux de vie, ces moments éphémères d’un rêve devenu accessible.

Jean Pierre Porcher
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