Steven Spielberg l’a rêvé, Paul-Louis Duranton l’a réalisé, en miniature. A l’heure où la HQE est sur toutes les bouches, Paul-Louis Duranton fait lui entrer l’environnement, au sens propre du terme, dans les intérieurs. Pour les architectes en quête d’originalité !
Le roi de la jungle travaille à St Mandé, près de Paris. Paul-Louis Duranton sait, en effet, créer des mondes vivants miniatures, écosculptures uniques, originales et conçues sur mesure. Ou quand la nature créée de toutes pièces reprend ses droits dans un séjour, un escalier ou un salon.
Imaginez concevoir une maison où le client, avant de passer à table, décide d’aller se baigner dans son lagon, se rafraîchir sous la cascade, puis sécher sous les palétuviers tout en observant les animaux qui vivent en liberté sous son toit au coeur d’une grande ou petite agglomération. Un lagon tropical en ville : une utopie ? Pas si sûr.
Paul-Louis Duranton est écosculpteur, ce qui est loin, très loin, d’expliquer en quoi consiste son activité. Il se définit lui-même comme alchimiste créateur, ce qui s’approche plus de la réalité puisqu’il crée de toutes pièces des univers miniatures vivants, du plus petit, 50cm de côté, au canyon de 5m de haut au lagon qu’il rêve d’élaborer un jour.
Une écosculpture est donc un écosystème miniature, totalement autarcique qui, bonheur suprême, ne nécessite pratiquement aucun entretien. Le principe est simple : le sculpteur dessine une forme rocheuse en résine en la chargeant d’un « passé géologique », c’est-à-dire qui anticipe les besoins de la faune et de la flore qu’elle abritera (logement pour les substrats des plantes qui ne seront donc pas arrachées par les poissons, logement pour que les alevins ou têtards puissent se reproduire en sécurité, tunnel pour la reproduction des insectes qui nourriront les grenouilles, etc.).
Autour de cette base, Paul-Louis Duranton apporte ensuite les éléments nécessaires à la vie : l’eau, la lumière et une température compatible avec le vivant, éléments disponibles à profusion dans n’importe quel appartement. Reste au créateur, ingénieur en océanographie, aquariophilie et biotechnologie, à organiser avec précision le biotope.
La cascade irrigue en continu toutes les plantes, les plantes « terrestres » se nourrissent des pollutions organiques des poissons (le nitrate notamment) et maintiennent ainsi la pureté de l’eau, les escargots mangent les poissons morts et sont eux-mêmes mangés par les poissons, etc. « Nous avons une mentalité rationnelle, nous aimons gérer la nature. Je suis parti sur un concept où la nature se gère toute seule », raconte Paul-Louis Duranton qui depuis neuf ans affine et développe ses idées.
Les associations animales et végétales sont toujours étudiées au cas par cas mais elles trouvent ensuite chacune leur propre cycle de vie. « Les clients sont souvent inquiets au début car ils voient telle ou telle espèce qui pullule ou au contraire ne semble pas bien s’adapter », explique dans son petit studio de St Mandé près de Paris cet artisan-artiste, ou l’inverse. « Je leur dis de ne pas s’inquiéter ; il faut en effet plusieurs mois pour que l’écosystème ainsi créé s’organise et s’équilibre ».
Ainsi, même si deux îles volcaniques sont très similaires au départ, après cinq ans, elles auront chacune pris une forme unique en fonction du développement des plantes ou de telle ou telle espèce animale.
Ces écosculptures s’adressent aussi bien au particulier (les premières à partir de 2.700 euros) qu’aux entreprises, aux collectivités mais surtout aux architectes et architectes d’intérieur qui peuvent désormais faire rentrer le jardin, l’eau, la nature dans la maison, le magasin ou l’édifice pour transformer un patio, un atrium ou un escalier en coin de forêt vierge, en île caraïbe ou en mangrove.
Par ailleurs, Paul-Louis Duranton peut s’adapter à toutes les audaces architecturales, dès la conception ou sur le bâti existant. De fait, « le principe de ‘l’écosculpture’ s’applique dans toute sa rigueur à des réalisations monumentales: hall d’immeubles, vitrines, piscines, bassins intérieurs, patios », dit-il.
Les écosculptures, qui peuvent également être réalisées en extérieur, sont livrées avec l’appareillage technique adéquat. Les plus petites sont posées sur un socle technique qui permet de les situer à hauteur du regard. Pour les réalisations sans socle, le local technique est dissimulé derrière un rocher creux et amovible. Quelle que soit la taille de l’écosculpture, aucun tuyau, aucun appareillage n’est visible et ne vient rompre l’harmonie de l’ensemble.
Christophe Leray
En savoir plus et contacts : http://www.ecosculpture.com
Cet article est paru en première publication sur CyberArchi le 3 décembre 2003