
Le concours d’architecture est un acte démocratique, une solution pour le choix d’un projet par les élus, les usagers et les citoyens. Tribune.
« Choc de simplification » et « Méga décret », les superlatifs s’enchaînent mais ne réussissent pas à masquer une tendance forte : le renoncement à des politiques publiques engagées pour l’écologie, pour la culture, pour l’architecture.
Dans cette fuite en arrière, le concours d’architecture serait devenu le parangon de la complexité ainsi que le creuset des délais rallongés et des budgets dépassés. A en croire Matignon, il suffirait de permettre aux maîtrises d’ouvrage publiques de s’en écarter pour conduire plus facilement leurs opérations. Au-delà d’une faible considération pour l’architecture, cette annonce témoigne d’une réelle méconnaissance des véritables freins et contraintes que les projets rencontrent sur le terrain.
Pour précision, rétablissons trois vérités :
– le concours d’architecture n’est pas plus long, les phases esquisse ou avant-projet sommaire étant intégrées au temps du concours ;
– le concours d’architecture n’est pas plus cher. Le montant des indemnités versées au candidats non retenus et aux membres du jury ne dépasse pas 0,1% du coût global d’une opération.
– Le concours d’architecture n’est pas plus complexe. Les trois procédures formalisées déclenchées après le seuil de 221 000 € : appels d’offre, procédures avec négociation et dialogue compétitif sont de complexité a minima équivalente.
Comme toutes les procédures formalisées, le concours d’architecture est une technique d’achat dont la pertinence et la fluidité appartiennent à ceux qui les rédigent et qui les conduisent. En ce sens, les problématiques que peuvent rencontrer les maîtrises d’ouvrage publiques (et la maîtrise d’oeuvre) dans leurs projets ne sont absolument pas liées à un seuil d’assujettissement trop bas, elles sont induites par :
– la multiplication des compétences techniques exigées au règlement de consultation ;
– l’incompatibilité entre les ambitions affichées et le budget identifié ;
– l’inflation des pièces graphiques et écrites demandées pour le rendu ;
– la réduction des ressources techniques internes, matérielles et humaines.
Par ailleurs, appréhender la simplification des opérations immobilières (de toutes natures) par le prisme du concours d’architecture va à rebours des objectifs de qualité du cadre de vie. Les vrais leviers systémiques de simplification sont nombreux et sont connus par l’ensemble de la filière :
– fluidifier toutes les autorisations d’urbanisme : délais et contenus ;
– réarmer en effectif et en compétences l’ensemble des services instructeurs ;
– harmoniser les réglementations urbaines, écologiques et patrimoniales ;
– stopper l’inflation réglementaire et quantitative des règlements d’urbanisme.
Le concours d’architecture est un acte démocratique, une solution pour le choix d’un projet par les élus, les usagers et les citoyens. Le concours d’architecture ne peut être le bouc émissaire de dysfonctionnements réels et non traités : nous sommes prêts à élaborer des propositions avec tous les acteurs de la profession et de l’architecture pour mettre en œuvre de véritables et pérennes solutions de simplifications.
Laure-Anne Geoffroy, Présidente de l’UNSFA
Hugo Franck, Président du SA
Catherine Jacquot, Présidente de l’Académie d’Architecture
Novembre 2025