
L’atelier Leonard & Weissmann (Jean Léonard et Martine Weissmann) a livré en juillet 2020 le Palais de Justice de Lisieux (Calvados). Pour un coût de 8,2 M€ (3 580 m² SDP), ou comment transformer une architecture de friche industrielle en édifice institutionnel. Communiqué.
Le nouveau palais de justice de Lisieux accueille le tribunal judiciaire, le conseil des prud’hommes et le tribunal de commerce.
Cette ancienne usine était déjà un palais de l’industrie. Outre sa taille – le plan du bâtiment construit en 1860 est un rectangle magnifique, aux proportions imposantes – il en émane une sorte de monumentalité qu’il fallait identifier, puis comprendre pour la valoriser dans un programme nouveau.
L’enjeu du projet est là : exploiter les qualités d’une enveloppe architecturale ancienne pour accueillir un programme exigeant, au fonctionnement complexe.


Un programme exigeant
Un palais de justice est un programme complexe, tant par la diversité des espaces qu’il propose que par la nécessité de parcours différenciés. La Salle des Pas Perdus comme les salles d’audiences sont des lieux empreints d’une certaine solennité, d’une certaine théâtralité. Ils sont servis par des espaces de travail pour les juridictions, plus simples et adaptés au travail en commun.
La géométrie du bâtiment est particulière : 70 m de long sur 17 à 22 m de large, avec de grands plateaux libres qui se développent sur trois niveaux de 4,20 m de haut. La surface du deuxième étage est réduite car occupée en partie par le théâtre Tanit.


Le premier objectif de cette opération était de mettre en place de grandes zones fonctionnelles facilement identifiables et de les lier par des parcours différenciés, du plus public au plus contrôlé.
Au rez-de-chaussée, la Salle des Pas Perdus profite de la double hauteur créée. De très belles proportions, cette pièce de 8m de large pour environ 8m de haut, orientée à l’ouest, est très lumineuse.
Le tribunal d’instance se développe sur deux niveaux du pavillon nord autour d’un grand patio central. Directement accessibles par l’escalier principal de la Salle des Pas Perdus, le Tribunal de Commerce et le Conseil des Prud’hommes s’organisent dans l’aile sud. La création d’un étage intermédiaire de 150m² à mi-hauteur du premier étage permet d’installer les espaces de service.

Conduire la lumière au cœur de l’édifice
« Nous sommes intervenus sur la structure même du bâtiment pour conduire la lumière au centre de ce grand volume. Les interventions structurelles sont astucieusement localisées pour tenir compte des capacités portantes, de la géométrie et des trames du bâtiment », expliquent Jean Léonard et Martine Weissmann.
De fait, une double hauteur est dégagée dans la Salle des Pas Perdus et les salles d’audiences, et permet de distribuer généreusement la lumière naturelle de l’est et de l’ouest. Dans le pavillon nord, une partie du plancher des 1er et 2ème étages est déposée pour apporter de la lumière du jour. Lieu de rencontre et de circulation, cet espace central devient un lieu convivial et lumineux.
« Nous avons voulu prolonger et faire écho au dialogue entre la brique et le métal, matériaux déjà présents sur le site », poursuivent Jean Léonard et Martine Weissmann.


Le béton et le bois apportent une atmosphère contemporaine et agréable. Dans les salles d’audience, des matériaux sobres, boiseries au mur et parquet au sol, installent une rigueur et une simplicité chaleureuse. Le travail du plafond qui va chercher la lumière naturelle des baies du premier étage, apporte une touche originale et contemporaine à l’ensemble.


Bâtiment et programme sont sans cesse confrontés dans un mouvement continu qui transforme l’espace intérieur. La mutation de l’industrie à la justice offre des équipements repérables, autonomes et riches d’espaces intérieurs de qualité.