
Pour Ravinala Airports maître d’ouvrage, Nicolas Moulin (NMA) signe à Madagascar les auvents de dépose et d’accueil du nouveau terminal international d’Antananarivo inauguré en 2021. L’ouvrage de 1100 m² a fait appel aux savoir-faire et matériaux locaux. Communiqué.
Le projet
La commande est portée par Ravinala Airports, maître d’ouvrage du nouveau Terminal International d’Antananarivo et opérateur de la plateforme de l’Aéroport d’Antananarivo.
La demande portait sur la construction d’un grand auvent pour la dépose et l’accueil des passagers le long de ce nouveau terminal. L’implantation des auvents de dépose devaient être déportée du Terminal, au plus près du parking afin de protéger les passagers dès leur descente de voiture, bus ou taxi.
Les auvents d’accueil, quant à eux, devaient permettre une connexion directe aux trois entrées existantes du terminal dédiées respectivement aux départs, aux arrivées et aux accompagnants.


« A l’identité internationale du nouveau Terminal International, de verre et d’acier, nous souhaitions proposer une matérialité alternative, plus douce, plus locale. L’espace entre les auvents et la façade du terminal : le parvis, généreusement planté d’arbres et de fleurs locales représentait pour nous une opportunité d’aller au-delà de la fonction première de ce projet, ne pas faire de ces auvents de simples couvertures fonctionnelles orientées vers le parking mais au contraire de donner une identité forte aux espaces extérieurs que les passagers internationaux, à l’arrivée, et les Malgaches en partance, s’approprieront naturellement », indique Nicolas Moulin.
Dans le dispositif général, est conservé le rythme des toitures du terminal et leurs ressauts auxquels les auvents répondent à une échelle plus petite. Hauts de 2,9 m à 3,6 m les auvents de dépose s’étirent sur 90 m de long et 6 m de large et s’interrompent au droit des grands auvents d’accueil.
Inspirés des arbres malgaches bien connus, et pour répondre aux contraintes structurelles locales, les larges poteaux des auvents d’accueil sont constitués de 12 membrures de bois lamellé collé dont quatre s’évasent en poutres pour supporter les toitures en V des auvents. Les sous-faces des ouvrages sont couvertes de lattis fins de bois pour en parfaire la finition.
Afin de laisser vacants les espaces entre chaque poteau le mobilier est intégré à l’architecture. Ainsi, à leur base, des bancs circulaires permettent de répartir les assises des usagers de manière régulière et ordonnée le long du parvis.
Disposés à 4 m de hauteur, les toits monolithiques de chaque auvent d’accueil couvrent une surface de 190 m² ; Ils sont portés par de fins poteaux assemblés en quatre ensembles qui encadrent l’espace couvert de chaque entrée. Les frontons des toitures côté parking sont les supports de la signalétique de chacune des entrées du terminal : les départs, les arrivées et le nom du terminal en langues anglaise et malgache.

« La douce matérialité des auvents entièrement en bois lamellé collé, le dessin de leurs courbes épurées, renvoie pour nous à une dualité assumée de notre projet : celle d’être à la fois ancrée dans la modernité du terminal et d’être portée par les grands paysages malgaches dont s’inspirent les structures porteuses des auvents qui deviennent l’espèce architecturale endémique du projet », poursuit Nicolas Moulin.
Pour permettre une appropriation maximale de l’espace du parvis par les passagers et par ceux qui les attendent, le sol est traité d’une seule matérialité, sans bordures, par de larges dalle bétons qui couvrent l’ensemble du parvis.
Enfin, pour répondre à l’usage nocturne du terminal et des vols de nuit, un éclairage doux est dédié à chacune des parties du projet. De longs tubes positionnés en sous-face des auvents permettent l’éclairage des zones de dépose et de leurs abords proches. Les entrées disposent quant à elles d’éclairage bidirectionnels positionnés verticalement sur les grandes grilles en bois et le long du cheminement des passagers.

Une écologie de la conception en accord avec le savoir-faire local
« La volonté d’utiliser le bois s’est rapidement imposée à nous au cours de nos explorations et en accord avec Ravinala. Nous avons confronté notre concept et l’exigence de sa conception aux réalités locales de construction. Hazovato, une entreprise de manufacture bois centenaire à Antananarivo a relevé le défi et nous a accompagnés pour rendre la réalisation possible », explique Nicolas Moulin.
Que ce soit pour les auvents de dépose et d’accueil, l’ensemble des ouvrages lamellé collé tirent leur matière première de bois locaux adaptés aux sollicitations structurelles de chacune des parties des auvents. Les structures porteuses des auvents et les lattis des faux-plafonds, sont en Sohihy, un bois dur local qui pousse sur les côtes malgaches, utilisé pour fabriquer les pirogues depuis des siècles à Madagascar. Sa structure et résistance naturelle, sa malléabilité pour être lamellé collé le désignait particulièrement pour notre projet, d’autant que la couleur miel que prend ce bois dans le temps va ajouter encore au caractère du projet.
Les charpentes complémentaires cachées dans les plafonds sont en pin lamellé collé, arbres extraits des forêts environnantes d’Antananarivo.
Structure – montage
A Madagascar, ce n’est pas tant le poids qui détermine les calculs structurels d’un ouvrage que sa capacité de résistance à l’arrachement lors d’épisodes cycloniques. Ainsi forme et fonction s’incarnent-elles dans le dessin des éléments porteurs des auvents.
Les douze membrures périphériques des auvents de dépose sont fixées à une bague en acier enchâssée sur des socles béton. Ce dispositif a permis de faciliter le montage sur site et de régler les niveaux altimétriques de chaque élément. Pour ce faire, chaque poteau a été préassemblé en usine sur un collier témoin, désassemblé pour le transport et enfin réassemblé sur site sur sa base finale.
« La conjonction d’un partenariat fort avec nos partenaires locaux (DaVinci), l’enthousiasme de la maîtrise d’ouvrage, l’expertise et l’engagement de l’entreprise Hazovato, l’usage des filières courtes, nous ont permis de réaliser ce projet en moins d’un an depuis la conception à la réalisation de l’ouvrage », conclut Nicolas Moulin.