A Montreuil (Seine-Saint-Denis), GSMA architecture (Gaspard Saint-Macary) a transformé un ancien îlot industriel en siège social et bureaux pour l’entreprise A.N.E.R. Surélévation, extension, restructuration… l’ouvrage de 812 m² a été livré en mars 2021 pour un coût des travaux de 1,4 M€ HT. Communiqué.
Contexte historique de l’îlot industriel
Guillaume et Émile Bouton installent en 1909 au 11, ruelle de la Ferme une fabrique d’étoffes garnies de caoutchouc ; en 1961 s’installe une usine d’impression sur papier et de cartonnerie. Dans les années 1990, le site est réhabilité en centre d’activités de pointe (CAP Signac).
Le site est composé de plusieurs bâtiments ayant gardé leur volumétrie d’origine. Une grande halle couverte de sheds et de plusieurs bâtiments annexes couverts de toitures à longs pans ou toiture- terrasses.
La structure d’origine est recouverte d’un enduit et les toitures sont aujourd’hui en tôle métallique.
L’ancien bâtiment principal, qui semble être un des plus anciens du site, est en brique aux façades d’inspiration classique avec des modénatures marquées en relief et des baies cintrées. La brique est aujourd’hui peinte. A l’origine ce bâtiment était flanqué d’une cheminée.
Contexte urbain actuel
Le tissu du quartier est hétérogène ; il se compose de différents types de logements (collectifs et individuels) et de locaux d’activités, ce qui en fait un paysage riche et varié.
Cette mixité est illustrée à l’échelle du site : la parcelle elle-même accueille d’autres locaux d’activité, tandis qu’elle est entourée d’une parcelle d’immeubles HBM R+6. Ces derniers sont classés au patrimoine remarquable de Montreuil. Malgré leur accès depuis l’avenue Paul Signac, ils conservent une forte présence visuelle, notamment depuis l’entrée du site.
Un terrain de jeu borde également le lot au sud, séparé par une clôture métallique et des arbres.
La rue de la Ferme, qui permet l’accès au site, dessert à la fois des habitations et des locaux d’activité.
Programme et intentions
A.N.E.R. (Aux Nettoyeurs et Encaustiqueurs Réunis) est une SCOP – société coopérative – spécialisée dans le nettoyage. Les prises de décisions se faisant à plusieurs, une concertation a eu lieu de fait pour préciser les volets du programme. Au-delà des bureaux, que les utilisateurs demandaient pour partie individuels, l’accent a été mis sur la convivialité.
Un espace généreux, comportant cuisine, salon, mezzanine, auquel s’ajoutent une pièce de repos, une cour intérieure et des terrasses agrémentées de potagers ont ainsi été portées au gré des réunions de la phase études.
Réponse architecturale
La reconversion de cet îlot industriel est accompagnée d’une réflexion sur la convivialité au travail. Un patio central est créé par l’évidement d’une surface prise dans les sheds (hangars traditionnels). Ce patio privatif planté d’un olivier met toutes les parties en relation, par l’intermédiaire des transparences et d’un soin porté aux perspectives depuis les espaces intérieurs, au service d’une cohésion générale.
Lors des démolitions, des arcs en brique ont été découvert sur son côté sud-ouest. Le mur a alors fait l’objet d’un décroutage et d’une restauration. Une façade hybride assemblant brique ancienne et intervention contemporaine en béton est alors dessinée pendant le chantier.
Le patio est longé par un espace de convivialité composé d’une salle de repos, de sanitaires, d’un vaste salon-salle à manger, d’une cuisine et d’une mezzanine. Sur les autres côtés du patio, on trouve un local de stockage occupant le volume des sheds, un local d’archive en face, surmonté d’une salle de réunion en balcon sur le patio, prenant place sous les sheds, et le bureau d’accueil du côté d’une extension qui préexistait.
Au-dessus prennent place les bureaux créés en surélévation, eux aussi en vue sur le patio, mais également ouverts au sud sur la terrasse et sur la vue des toits de Montreuil.
De l’extension existante, il n’est conservé que les murs extérieurs. Elle accueille au rez-de-chaussée le hall d’entrée, et l’essentiel des bureaux organisés autour d’une distribution circulaire qui contourne un bloc technique et prolongée d’une respiration l’espace d’accueil, lequel communique avec le patio, en contact avec l’escalier ouvert.
A l’étage, la surélévation abrite des bureaux : un ‘open space’ et deux grands bureaux doubles. Le plan, en haut, est dépourvu de distribution – et donc de hiérarchie : les espaces communiquent tous entre eux. Chacun s’ouvre sur une large terrasse panoramique tournée au sud-est et au sud-ouest, comportant des potagers à l’usage des employés, qui ont d’ailleurs fait l’objet d’une appropriation immédiate lors de l’emménagement.
Le patio est traité en dalles de béton, gravillons, et en enduit gris clair en faveur d’un effet d’intériorité, tandis que les façades sont traitées en blanc. Le bandeau de fenêtres qui ceinture la surélévation est noir, tandis qu’un bandeau supérieur blanc, en cassettes d’aluminium, vient la coiffer et porter son enseigne.
Les sols en marmoleum et les murs ont des variations de couleurs propices à l’identification des espaces. Un mobilier fixe en contreplaqué bouleau, conçu avec les usagers, et articulé aux espaces architecturaux pour participer à leur identité, occupe une partie des locaux.