
En décembre 2020, l’agence parisienne 2BDM architectes (Christophe Batard, ACMH) a livré le nouveau musée d’art moderne de Fontevraud (Maine-et-Loire), logé dans l’abbaye royale. Maîtrise d’ouvrage : Région des Pays de la Loire. Budget : 9 M€ HT. Avec Constance Guisset, scénographe, élégance et sobriété pour une architecture écrin. Communiqué.
Le bâtiment de la fannerie, construit en 1786 dans la cour d’honneur de l’Abbaye Royale de Fontevraud, a été transformé pour devenir le Musée d’Art moderne de Fontevraud, nouvel écrin de la remarquable collection de Martine et Léon Cligman.
Dernier bâtiment monastique construit sous l’Ancien Régime, il accueillait à la fin du XVIIIe siècle les écuries des mères abbesses. Très rapidement modifié pour les besoins de l’établissement pénitentiaire qui prendra place dans l’abbaye au lendemain de la Révolution de 1789, il était désaffecté depuis 1963.



Après une restauration des façades et toitures en 2000, c’est Christophe Batard, architecte (ACMH) pour l’agence 2BDM, et Constance Guisset, scénographe, qui ont redonné vie à cet élégant corps de bâtiment de 1 700 m², inauguré fin 2020.
Situé à l’entrée du site, le bâtiment attire immédiatement l’œil du visiteur qui entre dans la cour d’honneur de l’abbaye. C’est pourquoi il fallait construire un projet architectural ambitieux, qui redonnerait toute son unité à l’ensemble.
L’intervention de façade est d’une très subtile discrétion. Elle ne doit cependant pas occulter le travail minutieux de recherche historique préalable, de réflexion sur le fonctionnement et l’organisation spatiale, les matériaux, les teintes, et les ouvertures.
Parmi elles, les portails en inox, placés en second rideau à l’arrière des portails d’origine, sont là pour diffuser la lumière naturelle et matérialiser, depuis l’extérieur, le musée et sa scénographie.
Pour révéler toutes les qualités du site, l’équipe projet avec le maître d’ouvrage a repensé la continuité au-delà de l’esthétique. Renouer le lien entre la Fannerie et l’abbaye, c’est aussi proposer par l’architecture, un parcours fluide et lisible d’un bâtiment à l’autre.



Il a fallu pour cela engager d’importants travaux de restructuration des différents niveaux, de restauration des murs et de la charpente, de rénovation des planchers, d’ouverture des volumes.
Une fois entré dans l’accueil désormais commun, le visiteur accède à un grand vestibule dominant une cour paysagée. A partir de là, le projet architectural fonctionne comme une boucle, exploitant les correspondances de niveaux entre les différents bâtiments.


Sur les 400 m² du rez-de-chaussée, se déploie la première séquence de l’exposition permanente. Puis un volume à double hauteur dégage l’accès et formalise l’articulation avec le R+1, qui mène ensuite à revers à l’étage du bâtiment d’accueil et sa boutique. La boucle est alors bouclée.
Le second étage fonctionne volontairement de manière plus autonome. Situé sous de plus grands volumes sous comble, il permet une grande souplesse d’aménagement sur 455 m². Il est dédié aux espaces d’accrochage ou d’exposition temporaires. La partie ouest du projet abrite les locaux de fonctionnement (réserves, locaux techniques, sécurité…).


Malgré de nombreuses contraintes dans les volumes variés : salles courantes ponctuées de poteaux, espaces voûtés et sombres, grandes hauteurs sous plafond ou sous charpentes, intérieurs à l’austérité quasi carcérale, le projet de transformation a su tirer parti des contrastes et de la sobriété de l’existant pour que la seule richesse s’illustre par les œuvres.