La Monnaie de Paris était une manufacture royale. Elle est aujourd’hui devenue un bâtiment hybride : usine de production toujours en fonctionnement et musée ouvert au public. De l’architecture de Jacques-Denis Antoine à sa réinterprétation contemporaine par Philippe Prost, le fil conducteur est invisible bien que le lien entre passé et présent s’impose comme une évidence. Communiqué.
Lauréat du concours de maîtrise d’œuvre lancé par la Monnaie de Paris en 2009 pour le réaménagement de son site parisien, l’Atelier d’architecture Philippe Prost (AAPP) a livré à l’été 2017 la seconde phase des travaux commencés en 2011.
Le projet pour La Monnaie de Paris est une stratégie pour rompre son isolement dans l’espace parisien et la replacer dans le temps en mouvement du XXIe siècle. Son ambition permet désormais la redécouverte du site de la Monnaie, mais aussi de relégitimer les métiers d’arts qui y sont toujours pratiqués depuis sa création.
«Les grands enjeux de ces travaux de restauration et d’aménagement sont d’ordre urbain, paysager et architectural, mais aussi industriel, économique et culturel, et au-delà d’ordre symbolique», témoigne Philippe Prost. Une architecture contemporaine «parlante» entre en résonance avec l’architecture néo-classique.
Retrouver l’architecture néo-classique de la Monnaie
L’hôtel de la Monnaie de l’architecte Jacques-Denis Antoine est l’un des plus beaux exemples d’architecture néo-classique à Paris. L’intelligence de la distribution y dispute en virtuosité à l’art de la stéréotomie. L’hôtel de la Monnaie, c’est la réunion d’un palais et d’une manufacture.
Depuis 2014, le palais accueille les expositions temporaires et le restaurant de Guy Savoy. En 2017, la manufacture a retrouvé l’organisation magnifique et rationnelle de ses bâtiments et de ses cours, permettant de faire découvrir à ses visiteurs l’alternance des plafonds, des voûtes et des ciels.
Réorganiser les ateliers, présenter les métiers
Le projet d’un nouveau musée s’articule à la réorganisation des ateliers sur le site. L’ambition de concilier process de fabrication et présentation au public des savoir-faire avec le redéploiement des ateliers et des espaces d’exposition.
Ouvrir la Monnaie sur la ville et devenir une étape culturelle
Inauguré en septembre 2017, le parcours muséal met à l’honneur les collections prestigieuses et ses trésors monétaires jusqu’alors invisibles. Ce parcours permanent fait écho aux expositions temporaires, l’objectif étant de proposer une offre à la fois culturelle, pédagogique et récréative à un large public. Une offre multiforme complétée par la nouvelle boutique installée dans l’ancienne fonderie, sous un grand dôme de 17 mètres.
Cette idée de rendre plus accessible ce monument historique tient à la qualité remarquable de son architecture, à son histoire et à son emplacement stratégique – à savoir 1,2 hectare situé au cœur du VIe arrondissement. En conséquence, ce ne sont plus deux mais quatre entrées qui, depuis le Quai Conti et la rue Guénégaud, donnent accès aux trois cours dénommées «Méridienne», «Benjamin Franklin» et «Rotonde d’or». Ce cheminement intérieur à ciel ouvert, en parallèle de la rue Guénégaud, révèle l’ordonnancement magistral de cet édifice implanté depuis trois siècles sur les bords de la Seine classés au patrimoine mondial de l’UNESCO.
Palais : Expositions temporaires
En 2014, l’achèvement de la première partie du projet concernait plusieurs volets du programme :
– la restauration complète du Grand Salon Dupré et des salles de l’étage noble au premier, espaces destinés aux expositions temporaires ;
– La rénovation des combles de l’aile droite Quai de Conti pour y loger une nouvelle salle du conseil ;
– L’architecture d’un restaurant gastronomique à l’enseigne du chef étoilé Guy Savoy et la création des cuisines sans doute les seules, à Paris, à avoir une vue directe sur la Seine.
– Enfin, la remise aux normes de sécurité pour l’ensemble du site.
Atelier central d’outillage et de gravure (ACOG)
En 2015, la frappe de monnaies d’exception a retrouvé sa place initiale dans le Grand Monnayage qui s’ouvre sur la cour d’honneur tandis que différents ateliers spécialisés (fonderie, ciselure, patine, dorure…) ont été eux aussi repositionnés et entièrement réaménagés.
Enfin un nouvel atelier central d’outillage et de gravure est construit sur une emprise pentagonale à l’abri de l’ancien mur d’enceinte délimitant le site le long de l’impasse de Conti. Déployant ses ateliers sur quatre niveaux, avec des planchers pouvant reprendre une surcharge de 4 tonnes par mètre carré, l’édifice est entièrement habillé de panneaux de cuivre perforés à l’image des planches dans lesquelles sont découpés les flans.