L’écrivain égyptien Albert Cossery a fait pour Le Caire l’éloge d’une forme de paresse et de simplicité très éloignées des canons de la société contemporaine occidentale. Valeurs partagées par le photographe Michel Denancé ?
Le Caire est une ville bruyante, polluée, plutôt sale et déglinguée, et pas spécialement belle. Le piéton y est malmené, traverser certaines places-carrefours est une aventure risquée. Des autoroutes toutes neuves perchées sur des piliers peu scrupuleux zèbrent les perspectives. Par quel miracle la vieille ville peut-elle finalement apparaître si attachante à un promeneur européen habitué à une certaine urbanité et des égards ?
Chacun cherchera son explication. Dans mon cas une des réponses convoque simultanément le temps et la littérature, et plus particulièrement le Cairote de Paris, Albert Cossery, installé dans le quartier Saint-Germain dès 1945 et ne cessant pourtant d’écrire sur sa ville de naissance et ses habitants, les Mendiants et Orgueilleux qui inspirèrent le titre de son récit le plus célèbre et se démènent pour survivre dans un chaos magnifique.
Curieusement, à se promener aujourd’hui dans l’agitation du Caire, d’imaginer sans difficulté croiser les personnages et retrouver l’ambiance de ces récits écrits pour la plupart il y a plus de 50 ou 60 ans.
J‘ai découvert cette mégalopole pas encore standardisée il y a un an, c’est la première fois que je rencontre une ville où la littérature d’il y a un demi-siècle semble toujours d’actualité, malgré la présence parallèle de nombreuses traces de contemporanéité.
Ces images ne constituent pas une vraie série, il s’agit plus d’une cueillette réalisée à l’occasion de flâneries attentives et désordonnées.
Michel Denancé
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